La respiration : une clé du corps
Dans le livre La méditation pour les enfants avec Yupsi le petit dragon publié aux éditions Marabout ©2016, Dominique Butet et Marie-Christine Champeaux-Cunin ont imaginé une méthode pour introduire un entraînement de l’esprit dans la vie des jeunes enfants, qui inclut la mise en place d’une routine quotidienne au moment du coucher et des exercices méditatifs.
De même que les bâillements ou les étirements après le réveil permettent à votre enfant de prendre pleinement conscience de son corps et de relâcher les tensions engendrées par la colère ou la frustration, le mouvement de la respiration constitue une porte d’entrée incontournable et une base solide pour la méditation. Prendre conscience de son souffle, c’est-à-dire apprendre à porter son attention sur l’air qui entre par son nez, gonfle son ventre puis sort en vidant le ventre, l’amène à s’adapter à ses mouvements naturels internes et à mieux les appréhender. Ainsi, ce meilleur ressenti du corps lui permet d’affiner la perception de son schéma corporel et lui offre en retour une meilleure perception du monde extérieur et des autres. C’est effectivement vers 3 ans que le jeune enfant développe sa personnalité, se tourne vers les autres et entame sa période de socialisation. Il est donc crucial que la perception de son corps s’étoffe et s’ancre dans la conscience directe pour que le rapport au monde se construise sereinement.
La respiration est l’un des premiers mouvements internes : assis en tailleur, en calant un nounours contre son ventre, il est aisé de voir la peluche avancer quand on inspire et reculer quand on expire. De tels mouvements captivent les enfants, qui souhaitent régulièrement renouveler l’expérience. Celle-ci est accessible dès l’âge de 3 ans. Plus tard, vers 5 ans, c’est le pouls que l’enfant mettra en relation avec sa respiration. Après une course de vitesse, il sera intrigué par ses mouvements internes qui soulèvent sa poitrine ou cognent contre son cou. Il aimera poser ses doigts sur sa gorge pour vérifier que son pouls se calme petit à petit. Toutes ces expériences aident l’enfant à mieux connaître son corps, ce qui lui donne des repères physiques vécus de l’intérieur et, par conséquent, le rassure énormément.
Enfin, enseigner à l’enfant à se concentrer sur sa respiration l’aide à se calmer naturellement. Progressivement, sa respiration ralentit, l’excitation tombe et un rythme proche du sommeil s’installe. L’enfant s’endort d’autant plus sereinement qu’il est rassuré par la quiétude qui prend place.
Méditation du souffle et méditation de la gratitude
Plusieurs types de méditation sont proposés en fonction de l’âge de votre enfant. Le tout-petit sera très fier de faire trois respirations et de réfléchir à tout ce qui lui est arrivé de bon dans la journée. C’est suffisant à cet âge.
Ce qui compte, c’est la constance, la répétition de l’exercice tous les soirs. Après, il sera temps de développer et d’enrichir la pratique.
Si vous faites partie des parents épuisés par leur journée, alors vous poser 5 minutes le soir avec votre enfant, bien respirer en observant votre souffle, penser avec gratitude aux bonnes choses de la journée ne pourront que vous apporter un grand bien-être, réducteur de stress. Et la complicité qui se créera soir après soir avec votre enfant sera très gratifiante pour vous comme pour lui.
La posture
Tout d’abord, tu vas prendre ton petit ours ou ton doudou et te mettre dans la même position que l’enfant sur le dessin.
Assieds-toi en lotus, sur ton petit coussin préféré, les jambes croisées, la jambe gauche à l’intérieur, la jambe droite devant.
Garde ton dos bien droit, comme une pile d’assiettes ;
Et les yeux ouverts, en regardant vers le bas.
Pose ton petit ours ou ton doudou sur le bas de ton ventre, tes mains en appui sur tes cuisses.
Méditation des 3 respirations
Observe ta respiration quand tu inspires lentement, ton ventre se gonfle… Tu peux sentir ton petit ours qui avance.
Retiens ton souffle une seconde dans ton ventre… Maintenant, tu souffles et ton ventre se vide et se creuse… Tu peux sentir ton ours qui recule.
Concentre-toi bien sur ton souffle et sur ton petit ours. Suis le mouvement de ton petit ours qui avance et qui recule avec ta respiration.
Inspire lentement, ton ventre se gonfle et tu sens ton petit ours qui avance… Retiens ton souffle une seconde dans ton ventre.
Maintenant tu souffle, ton ventre se vide et se creuse et tu sens ton petit ours qui recule.
Inspire encore lentement, ton ventre se gonfle et tu sens ton petit ours qui avance. Retiens ton souffle une seconde dans ton ventre.
Maintenant tu souffle, ton ventre se vide et se creuse et tu sens ton petit ours qui recule.
Méditation de la gratitude
Maintenant, tu peux rester sur ton coussin ou t’asseoir au bord de ton lit et fermer les yeux. Pense à tout ce qui t’est arrivé de bien dans ta journée.
Pense à ta maîtresse et à tout ce qu’elle a fait pour toi... Pense à ta maman qui t’a aidé(e), à ton (ta) meilleur(e) ami(e) avec qui tu as couru au parc ou dans la cour de l’école... Pense à tout ce qui s’est passé de bien pour toi aujourd’hui.
Reste une minute en silence pour apprécier tout cela...
C’EST FINI !
Dis-moi comment ça s’est passé.
Est-ce que tu te sens mieux ?
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°22 (Été 2022).
Dominique Butet, enseignante en maternelle depuis plus de vingt ans, est aussi journaliste et passionnée du monde himalayen.
Marie-Christine Champeaux-Cunin a été présidente du centre Drukpa de Paris, suit régulièrement les enseignements des maîtres du bouddhisme tibétain et effectue des retraites de méditation dans les pays himalayens.
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