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La paix est le chemin

Par Thich Nhât Hanh


Les propos recueillis ci-après ont été offerts par Thich Nhât Hanh lors de ses Enseignements du Dharma et d’une session de questions/réponses donnés pendant une retraite organisée en 2003 au Village des Pruniers, à l’intention des Palestiniens et des Israéliens. Un enseignement d’une très grande actualité, où Thich Nhât Hanh s’appuie sur sa propre expérience de la guerre au Vietnam.



« Vous ne pouvez pas être un instrument de paix si vous n’avez pas la paix en vous. »

Nous avons tous des sentiments de tristesse, de douleur ou d’excitation. Nos sentiments coulent en nous comme une rivière et nous submergent souvent. En étant avec des amis qui savent comment prendre soin de leurs sentiments et de leurs émotions, nous pouvons apprendre à embrasser les nôtres également. En quinze minutes de respiration et d’attention, nous pouvons commencer à savoir comment gérer notre peur, notre désespoir et notre colère ; c’est très important. Si vous ne pouvez pas prendre soin de votre corps ni de votre sentiment de colère, de peur ou de désespoir, vous ne pouvez pas parler de paix. En apprenant à en prendre soin correctement, vous apporterez la paix et l’harmonie dans votre corps, vos sentiments et vos émotions.

Nos corps sont rarement en paix. Nous pouvons apprendre à apporter la paix à notre corps, ici et maintenant. Notre corps souffre, surtout en temps de guerre. Nous ressentons des tensions, du stress et de la pression. Nous avons fait travailler notre corps de manière trop intense et il est empli de conflits. La façon dont nous traitons notre corps lui apporte tellement de souffrance que nous n’avons pas de véritable paix en nous. Pour apporter la paix à notre corps, nous lui permettons de se reposer et d’avoir une chance de se renouveler et de se guérir. Nous pouvons le faire aujourd’hui. Même après une ou deux heures, nous nous sentirons beaucoup mieux. Il ne s’agit pas seulement de parler de la paix dans notre corps, mais d’y apporter la paix.

Lorsque nous sommes submergés, nous ne percevons pas les choses telles qu’elles sont ; nous avons des perceptions erronées de qui nous sommes, de qui sont les autres et de ce à quoi ressemble le monde. Ces perceptions erronées sont à la base de toutes nos actions induisant le malheur, la destruction, la peur et la colère. Nous devons être capables de gérer nos perceptions, afin de savoir si elles sont correctes ou erronées. La plupart de nos souffrances proviennent de nos perceptions erronées. Nous devons prendre le temps d’examiner en profondeur la nature de nos perceptions afin de ne pas nous laisser entraîner par elles, car nos perceptions sont le fondement de tous nos sentiments, émotions et afflictions.


« If we want peace, we have to be peace. Peace is a practice not a hope.[1] - Thich Nhât Hanh

Dans la vie quotidienne, nous sommes rarement libres de nos sentiments, de nos perceptions et de nos pensées. Nous sommes rarement vraiment nous-mêmes. Nous sommes souvent victimes de nos sentiments et de nos perceptions ; nous sommes comme une feuille flottant sur l’océan, et ballotée par les vagues. Nous n’avons pas la souveraineté sur notre situation. C’est pourquoi il est si important de revenir à nous-mêmes. De cette façon, nous cessons d’être dominés par les aléas des circonstances. C’est la pratique de base de la paix. Si nous avons un peu de paix dans notre corps, nos émotions et nos perceptions, alors nous pouvons aider une autre personne à avoir la paix. Mais nous devons commencer par nous-mêmes. Vous ne pouvez pas être un instrument de paix si vous n’avez pas la paix en vous.


​ [1] « Si nous voulons la paix, nous devons être la paix. La paix est une pratique, ce n’est pas un espoir. »

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistesn°21 (Printemps 2022)

 

©VDP

Thich Nhât Hanh est le nom sous lequel est connu le maître zen vietnamien dans le monde entier, comme écrivain, enseignant, poète et militant pour la paix. Le 22 janvier 2022, Thich Nhât Hanh est décédé paisiblement au temple Tu Hieu à Hué, au Vietnam, à l’âge de 95 ans.




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