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SB

La conscience de la respiration

Par Ajahn Khemasiri

Avec l’aimable autorisation des Éditions du Refuge

Traduit de l’anglais par Geneviève Hamelet et Anna Roizenberg.


Cet enseignement fut donné lors d’une retraite en 2010 au Domaine des Auquiers à Mirabeau (France).


Jour 1

Prenez, s’il vous plaît, une posture de méditation que vous pourrez conserver pendant quarante minutes environ. Généralement, nous commençons par la partie externe du corps, c’est-à-dire la posture. Vérifiez que vous êtes assis droit, sans rigidité ni raideur, mais pas trop relâché non plus. C’est quelque chose que vous pouvez sentir. Soyez attentif à la façon dont vous maintenez le corps droit. Vous pouvez commencer par sentir le bas du corps, comment vous êtes en contact avec le sol et le coussin. C’est le fondement, un fondement très ferme dans le corps.


Pour élargir cela, je suggère que vous fassiez une visualisation.

Imaginez une colonne de lumière qui traverse votre corps. Elle démarre au bas de la colonne vertébrale, au point de contact avec le coussin. Cela correspond au centre de votre colonne vertébrale sur le plan anatomique et remonte jusqu’au sommet de la tête. Il est important d’utiliser à la fois la force de l’imagination et du ressenti. Vous vous sentez dans le corps, au centre du corps. Quand vous éprouvez ce contact et que vous avez une image claire de cet axe central, vous pouvez étendre la colonne un peu au-delà des limites corporelles. Descendez sous la terre, dans le sol, pas jusqu’au centre de la Terre, mais disons à trente ou cinquante centimètres de profondeur. Au sommet de la tête, allez en direction du ciel, mais ne disparaissez pas dans l’univers, allongez la colonne de lumière de trente ou cinquante centimètres au-dessus de la tête.


Essayez de maintenir cette visualisation et cette perception pendant un petit moment. Observez ce qui se passe, regardez l’expérience sans rien en attendre. Laissez-la parler d’elle-même. Comment est-ce que je perçois mon corps si je pratique ainsi ? Qu’est-ce que cela fait ? En même temps vous remarquez dans votre expérience ce qui est changeant, vivant, qui s’étend et se contracte, c’est le rythme de votre respiration. Quand vous êtes connecté à cet axe vertical qui lui est plutôt stable, vous êtes conscient du mouvement du corps qui bouge avec la respiration. Je vous invite à faire librement l’expérience de cela. Si c’est difficile de rester en contact avec les deux aspects, maintenez l’attention sur l’un d’eux. Vous pouvez aussi délaisser la colonne de lumière ou l’axe central et demeurer simplement en contact avec le rythme de votre respiration. Ce qui est important c’est de vous sentir de plus en plus connecté à vous-même, de façon très réelle.


Jour 2

[…] Il existe une variété de moyens d’accès à la pratique de la méditation. Voyez ce qui est utile pour vous, ce qui résonne en vous et que vous trouvez facile à mettre en œuvre. Délaissez ce qui ne vous correspond pas ou ne vous convient pas, et retournez aux pratiques qui vous ont paru pertinentes.


Prenez la posture de méditation, s’il vous plaît. À cette étape de la retraite, l’accent est encore porté sur le corps. Souvenez-vous qu’hier nous avons évoqué différents moyens habiles pour vous permettre d’entrer en contact avec le corps et avoir immédiatement un sentiment d’ancrage, de connexion, de vivacité et de vitalité. Ce sentiment de vitalité vient de la manière dont vous portez votre attention au corps. Notre corps apprécie un certain type d’attention, il y répond de manière positive. Il y en a d’autres qui n’auront pas d’effet ou qui créeront des tensions ou de la raideur. Tandis que vous entrez en contact avec le corps, notez la qualité de votre attention.


Souvenez-vous de l’axe vertical qui traverse le corps dont je parlais hier, que j’ai recommandé de visualiser comme une colonne de lumière. C’est toujours une très bonne façon de commencer. Aujourd’hui je vais davantage vous guider sur la conscience de la respiration, ānāpānasati. Vous êtes assis ici, bien ancré, conscient de votre corps et vous notez comment est votre respiration. C’est tout simple. Notez simplement ce qui se passe. Nous ne cherchons pas à changer quoi que ce soit. Nous voulons simplement savoir ce qui se passe, le savoir clairement.


Dans le sutta où le Bouddha parle de l’entraînement à l’attention au souffle, c’est la porte, le point de départ dans le développement des différentes étapes de l’attention au souffle. La première étape consiste à noter simplement la qualité. Nous n’avons pas besoin de trouver un mot ou de la décrire, juste de sentir la qualité de la respiration. Le contact avec notre respiration se fait au travers des sensations liées au souffle.


On peut commencer par l’abdomen, les sensations y sont claires et évidentes, relativement faciles à percevoir ; quelle est la qualité du souffle dans cette zone ?

Quand vous êtes bien établis et en contact avec les sensations, je vous encourage à élargir votre attention. Le Bouddha dit que cette première étape consiste simplement à savoir que nous respirons, à observer le souffle.


L’étape suivante est un entraînement ; nous sommes encouragés à voir comment nous sentons la respiration dans tout notre corps, non plus seulement la zone de l’abdomen, mais aussi la poitrine et le haut du corps. Ce sont les trois sphères principales du souffle : le bas, le milieu vers le plexus solaire et le haut, la poitrine autour du cœur et au-dessus du cœur. Voilà comment nous observons. Il y a une qualité d’expansion qui, à ces trois niveaux, est facile à remarquer : la sensation au niveau de l’abdomen, puis au milieu du corps et enfin dans la poitrine. Vous pouvez poser votre main pour mieux sentir le mouvement.


Tandis que notre souffle s’élargit, il ne se cantonne pas à ces trois sphères, mais pénètre tout le corps, chaque élément du corps. Notre souffle s’étend vers le haut au niveau de la poitrine jusque dans les bras et la tête. Quand nous expirons, il descend dans la partie inférieure du torse et dans nos jambes, jusqu’aux extrémités des orteils. Ainsi tout le corps reçoit le flux de l’énergie du souffle. La différence fondamentale avec la manière dont nous respirons habituellement est notre attention, sati, connectée au souffle. Cela confère à notre respiration une qualité particulière, procure un sentiment de vitalité et de vivacité.


Si cet exercice vous endort, c’est qu’il y a quelque chose que vous ne faites pas correctement.


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°8 (Automne 2018)



 



Ajahn Khemasiri appartient à l’école des moines de la Forêt, de la tradition theravāda. Il rencontre Ajahn Chah et Ajahn Sumedho, deux maîtres theravāda, et commence alors ses premiers séjours dans les monastères. Ordonné bikkhu en 1986, il réside depuis 2000 au monastère Dhammapala en Suisse, dont il a repris la direction.

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