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 Une voie vers l’éveil

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 juil. 2024
  • 14 min de lecture

Présentation Aurélie Godefroy

Adaptation Sagesses Bouddhistes


Émissions du 21 et 28 janvier 2024  



Les dix paramita [en sanskrit,parami en pali : qualité, vertu transcendante] forment un ensemble de qualités qui ont aidé le futur Bouddha dans sa quête de l’éveil au cours de ses nombreuses vies. Dans le bouddhisme, une paramita désigne une vertu qui, pratiquée vers sa perfection, permet en se combinant aux autres d’accéder à l’éveil, c’est-à-dire au nirvana ou à l’état de bodhisattva, puis de Bouddha.

 


Aurélie Godefroy : Que signifie le terme paramita ? Quelles sont-elles ?

Thanissaro Bhikkhu

Le mot paramita vient d’un mot pali qui a deux significations. Premièrement, il signifie « essentiel ou prioritaire », ce qui veut dire que les paramita devraient avoir la priorité dans notre vie. Et le deuxième sens est « de l’autre côté ». Comment aller de l’autre côté d’une rivière ? Une image traditionnelle du bouddhisme est que nous sommes du côté de la rivière où se trouvent ceux qui souffrent et qu’un radeau nous fera traverser de l’autre côté. Et une fois de l’autre côté, c’est le nirvana. C’est la fin de la souffrance, le vrai bonheur.

La liste des paramita est la suivante : la générosité, la vertu, le renoncement, le discernement, la persévérance, l’endurance, la vérité, la détermination, la bienveillance et l’équanimité. C’est une liste classique de vertus qui ont été découvertes dans les histoires racontant les vies antérieures du Bouddha. Les moines qui ont compilé ces histoires se sont demandé quelle avait été la voie de pratique du Bouddha. Il a enseigné le Noble Octuple Sentier à ses disciples, mais quel était son propre chemin ? Et ils ont décidé qu’il y avait en tout dix qualités qui l’ont conduit jusqu’à l’éveil total. Elles sont importantes car quiconque veut atteindre l’éveil, quiconque veut trouver le bonheur, devrait développer ces dix qualités dans sa vie. Et ces qualités sont développées non seulement dans la méditation ou la pratique formelle, mais aussi dans votre vie quotidienne.

 

Le Bouddha utilisait le mot citta pour parler de l’esprit, mais cela signifie aussi le cœur. Nous ne parlons donc pas seulement de vos qualités intellectuelles, mais aussi des qualités d’un cœur bon que vous devez développer, et vous pouvez considérer votre vie comme une opportunité de développer ces paramita en avançant sur le chemin de l’éveil. Ce qui signifie que quoi que vous fassiez dans votre vie, vous pouvez le voir comme une opportunité de développer votre force de caractère, développer un esprit bon et un cœur bon. Tout ce que vous faites au travail, en famille vous donne l’opportunité de pratiquer cela.

 

Revenons donc sur chacune de ces paramita. Peut-être pourrions-nous commencer par la première qui est la détermination ?

Oui. La raison pour laquelle nous commençons par la détermination est que la liste classique est plutôt aléatoire. Cependant la pratique des paramita est en elle-même une détermination, celle d’amener votre cœur et votre esprit vers l’éveil. Et la façon dont le Bouddha a décrit la détermination est que vous devez développer quatre qualités, quatre aspects qui peuvent former un cadre pour comprendre les paramita. Vous commencez par l’aspect du discernement en vous demandant quel serait le bon objectif à avoir dans la vie et quel serait le bon moyen de l’atteindre. Ensuite, il y a l’aspect de la vérité. Vous n’abandonnez pas votre pratique, vous restez fidèle à votre intention initiale. La qualité du renoncement vous permettra de vous rendre compte qu’il y a certaines choses que vous allez devoir abandonner en cours de chemin. Vous ne pouvez pas, si vous jouez aux échecs, garder toutes vos pièces et gagner. Vous devez en sacrifier quelques-unes.

Et enfin, il y a le calme. Vous vivez un état d’esprit totalement paisible avec l’idée que c’est l’objectif idéal.

Ainsi, à partir de ces quatre qualités, discernement, vérité, renoncement et calme, vous pouvez classer les différentes perfections.Nous commençons donc par la détermination elle-même. La détermination, c’est d’abord réaliser que nos esprits sont proactifs, que nous vivons guidés par nos désirs. Et que ce sont eux qui façonnent notre expérience du monde et la manière dont nous appréhendons le monde extérieur. Et la plupart du temps, nos désirs sont assez aléatoires. Vous voulez ceci et vous voulez cela, et vous finissez par vous éparpiller.

 

Tout est une question de choix, alors ?

Oui, vous devez faire un choix. Et vous devez donner votre priorité à une seule chose. Dans ce cas, ce serait l’éveil. Ensuite, vous devez aller jusqu’au bout de la démarche et faire tout ce que cela requiert.

 

Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple de cette paramita, la détermination ?

D’accord. Eh bien, disons que vous avez deux désirs conflictuels. Vous voulez être un bon père et un bon mari, mais vous êtes également attiré par quelqu’un dans la rue. Vous devez réaliser que ce premier désir est plus important et que pour y être fidèle, vous allez devoir dire non aux désirs qui vous éloigneraient de vos responsabilités. C’est une sorte de détermination.

 

Ok, voyons la deuxième paramita. C’est le discernement ?

Oui, le discernement. Le Bouddha parle de plusieurs niveaux de discernement. Il y a le niveau de la vacuité, il y a le niveau du non-soi. Mais il dit que le discernement commence par se poser la question suivante : « Lesquelles de mes actions me conduiront au bien-être et au bonheur à long terme ? » Donc vous réalisez premièrement que vous avez votre liberté de choix, deuxièmement, que vos actions peuvent faire une vraie différence dans votre vie, et troisièmement, que le bonheur à long terme est possible et qu’il est préférable au bonheur à court terme. Ainsi, vous apprenez à questionner vos actions. Si j’agis de cette façon, quelles seront les conséquences à long terme ? Et vous maintenez votre discernement en continu en pensant au long terme, pas seulement à vos désirs à court terme.

 

Par exemple ?

Par exemple, vous voulez être en bonne santé, mais vous avez aussi envie de manger des glaces. Vous devez réaliser que ça ne va pas être bon pour vous. Cependant, il ne s’agit pas seulement de voir que ce serait un problème, mais aussi d’apprendre à vous raisonner afin que vous soyez vraiment convaincu que votre désir de départ « être en bonne santé » était un bon objectif et que vous devez vous y tenir.

 

La troisième paramita est la bienveillance qui est aussi très importante.

La bienveillance est également liée au discernement en ce sens que si vous voulez trouver un bonheur durable, votre bonheur ne peut pas dépendre de la souffrance des autres. Vous devez donc prendre leur bonheur en considération. La bienveillance fait partie de notre caractère, mais elle n’est pas toujours universelle. Il est très facile d’avoir de la malveillance pour beaucoup de gens, mais le Bouddha dit que si vous avez de la malveillance pour une personne, vous serez susceptible d’agir de manière malhabile envers elle. Donc, pour votre propre bonheur, vous devez penser au bien-être de cette personne.

 

La quatrième paramita est de protéger la vérité.

Très bien. Là, nous passons de l’aspect du discernement à l’aspect de la vérité. Car pour avoir un cœur bon, il ne s’agit pas seulement d’avoir de bonnes intentions envers les autres, mais aussi de regarder les conséquences de vos actions et de vous demander : « Je voulais aider cette personne, mais là, l’ai-je vraiment aidée ? »  Et si ce n’est pas le cas : « Où est-ce que j’ai mal agi ? » Vous essayez d’apprendre de vos actions. Cela signifie donc que vous devez être attentif à vos actions, observer leurs résultats, et aussi être honnête avec vous-même : vous dire « j’ai commis une erreur, mais je suis prêt à admettre cette erreur pour pouvoir la corriger ».

 

Par exemple ?

Vous avez triché pendant un examen à l’école et l’enseignant vous prend sur le fait. Alors vous dites oui, j’ai triché et je réalise que les conséquences vont être mauvaises.

Il y a d’autres moments où vous pensez avoir fait de votre mieux, mais les choses se sont mal passées. À ce moment-là, vous devez vous demander : « Qu’est-ce que j’ai mal compris ? Je me suis trompé. Comment pourrais-je changer ? » Vous devez toujours être prêt à apprendre. C’est de cela qu’il s’agit ici.

 

Qu’en est-il de la vertu ?

La vertu découle de la vérité. Il y a certains préceptes que le Bouddha recommande : le précepte contre le fait d’ôter la vie, contre le vol, les relations sexuelles illicites, le mensonge et la prise de substances intoxicantes. De ces cinq actes, le Bouddha identifie le mensonge comme étant le plus grave. Parce que si vous cherchez la vérité et que vous mentez aux autres, cela crée une atmosphère où les gens ne peuvent pas vous faire confiance, où ils sont mal informés. Parfois vous dites un mensonge qui peut avoir un effet non seulement sur la vie actuelle de ces personnes, mais aussi sur leurs vies futures. Il faut donc faire très attention à dire la vérité. Car si vous vous habituez à mentir aux autres, vous commencez à vous mentir à vous-même.

 

Il y a cinq paramita que nous n’avons pas encore vues. Nous pouvons commencer par la persévérance ?

La persévérance est parfois aussi traduite par effort. Mais ce n’est pas simplement un effort brut. Le Bouddha explique que fournir un effort juste dans une situation, c'est également générer le désir d’agir de façon habile et d’abandonner tout ce qui est malhabile. Donc la persévérance dépend en grande partie de votre motivation, de la façon dont vous vous parlez à propos de ce que vous faites et de pourquoi vous le faites.

 

Votre intention, en fait ?

Votre intention et aussi ce qui vous donne envie de suivre cette intention. L’une des qualités sur lesquelles le Bouddha insiste beaucoup est la vigilance. Le fait de réaliser qu’il y a des dangers dans le monde et des dangers dans votre propre esprit, et que vous devez y faire très attention. Mais si vous êtes prudent, vous pouvez éviter ces dangers. Il est donc possible de vivre en sécurité sans causer de tort ni à soi-même ni aux autres. Et vous percevez cela comme étant souhaitable. C’est une façon de vous motiver à faire ce qui est habile.

Une autre motivation est la compassion. Vous réalisez la chose suivante : si j’agis d’une manière qui, à long terme, mènera à la souffrance, je crée des problèmes dont je n’ai pas vraiment besoin. J’ai déjà assez de problèmes dans ma vie. Pourquoi en rajouter ? Une autre qualité qui n’est pas très appréciée dans le bouddhisme occidental mais qui est utile est la honte. La honte découle du désir de bien paraître aux yeux des autres. Et le Bouddha a dit : « Essayez de bien paraître aux yeux des êtres éveillés. Prenez-les comme votre modèle. »  Vous pouvez penser par exemple à un grand maître dont vous avez entendu parler. « Que penserait cette personne si elle vous voyait faire quelque chose de malhabile ? » C’est une bonne motivation pour éviter de causer du tort. Développer la persévérance consiste donc à vous motiver à vouloir faire ce qui est difficile.

 

Et qu’en est-il de la renonciation ?

Vous devez réaliser que si vous êtes sur le chemin, il y aura des choses que vous devrez abandonner. Cependant, il ne s’agit pas simplement de se priver. Dans le cas de la renonciation, vous abandonnez la sensualité, c’est-à-dire non pas tant les plaisirs sensuels eux-mêmes que la fascination de votre esprit à penser aux plaisirs des sens et à les planifier. Par exemple, votre repas ce soir : où vous allez aller, ce que le cuisinier va vous préparer, avec qui vous allez dîner. Tout le temps passé à anticiper cela gaspille votre énergie. Il existe de nombreuses façons de trouver le bonheur qui ne nécessitent pas ce genre de pensées. Les plaisirs sensuels vous tirent vers le bas au bout d’un certain temps. Alors le Bouddha vous offre une alternative. Quand vous renoncez à un certain type de plaisirs, vous n’allez pas être totalement privé de plaisirs. Le Bouddha vous offre la méditation comme une autre source de bonheur. C’est là qu’intervient la pratique de la concentration juste. Vous apprenez à respirer d’une manière plaisante. Au lieu de vous contenter de regarder la respiration entrer et sortir d’elle-même. Vous pouvez l’allonger ou la raccourcir en vous demandant : qu’est ce qui me ferait du bien en ce moment ? Une fois que la respiration est agréable, vous pouvez imaginer que les énergies respiratoires dans tout le corps sont connectées et circulent librement. Cela fait naître une sensation de plaisir et de bien-être sans les inconvénients de la sensualité.

 

Et vous pouvez le faire à tout moment de votre journée ?

Oui, à tout moment, que vous soyez assis dans le métro ou debout à faire la queue, vous pouvez respirer très agréablement. Vous pouvez être assis à une réunion ennuyeuse au travail et personne ne sait que vous nagez dans le bonheur et que vous le faites d’une manière qui n’enlève rien à personne.

 

Et qu’en est-il de la générosité ?

La générosité, là encore, est comme un échange. Vous donnez un objet ou votre savoir, ou bien encore votre pardon. Et vous recevez en retour un état d’esprit plus vaste. Vous pouvez vous dire : j’ai vécu dans ce monde et je n’ai fait de mal à personne. J’ai été utile à d’autres autour de moi. Ainsi, l’esprit est beaucoup plus spacieux. L’image utilisée dans la tradition de la forêt est que le monde devient votre maison. Les gens envers lesquels vous avez été généreux sont comme votre famille, votre foyer. Ainsi, vous tissez des liens avec les gens grâce à votre générosité

 

Et en ce qui concerne l’endurance ?

L’endurance, c’est quand vous réalisez qu’il y a beaucoup de situations dans le monde qui vont être vraiment difficiles. Si ma bonté dépend du fait que les autres soient bons envers moi, je ne peux pas faire confiance à ma propre bonté. Je dois avoir une force en moi qui me permet de ne pas laisser ma bonté intérieure être blessée, quoi que les autres me fassent. Ceci est lié à la bienveillance. Vous maintenez votre bienveillance pour les autres en restant fort à l’intérieur, quoi qu’ils fassent. Le Bouddha parle de deux choses que nous devons endurer : l’une est la douleur, et l’autre sont les paroles dures.

Dans la tradition de la forêt, nous parlons d’utiliser la respiration comme je l’ai décrite tout à l’heure afin d’endurer la douleur. Vous commencez par trouver un endroit du corps et vous y focaliser. Si vous avez mal à la jambe gauche, vous vous focalisez sur votre jambe droite. Si vous avez une douleur dans la poitrine, portez votre attention sur le dos et créez à cet endroit autant de confort que possible. À partir de là, vous pouvez commencer à examiner la douleur pour essayer de la comprendre. Mais vous le faites en utilisant le bien-être que vous avez créé depuis cette position de force. Donc, pour endurer, vous devez toujours vous concentrer sur ce qu’il y a de bon dans la situation où vous vous trouvez.

Cela peut être une ressource pour vous-même en ce qui concerne les paroles dures. Vous devez vous rappeler, lorsque d’autres personnes disent des choses blessantes, que c’est normal. Cela fait partie du langage humain depuis toujours. Mais quand les mots atteignent vos oreilles, dites-vous que ce sont juste des sons et laissez-les là. Ce que ne font pas la plupart d’entre nous. Nous les faisons venir à l’intérieur et nous souffrons parce qu’ils sont maintenant à l’intérieur de nous-même. Nous devons nous dire : « Je n’ai pas besoin de ça dans mon cœur, je peux m’en défaire. » De cette façon, vous puisez dans votre force intérieure et vous faites appel à votre discernement quant à ce qui se passe réellement en vous afin de faire face aux paroles désagréables et de ne pas vous sentir accablé par elles.

 

Que dire sur l’équanimité ?

L’équanimité est la capacité à garder l’esprit en équilibre. Quelle que soit la situation, c’est très étroitement lié à l’endurance. Quand les choses vont vraiment bien, ne vous excitez pas trop. Quand les choses vont mal, ne soyez pas déprimé. Ce n’est pas une simple acceptation des choses telles qu’elles sont. Le Bouddha a dit que si vous acceptez simplement les choses telles qu’elles sont et que vous vous dites : les choses sont comme ça, mais je ne vais pas en souffrir, c’est un très faible niveau d’équanimité.

Un niveau plus élevé d’équanimité survient lorsque vous êtes capable de créer une sensation de bien-être à l’intérieur. Encore une fois, cela vient de la concentration et peut aussi venir de votre discernement. Mais vous devez avoir ce bien-être intérieur pour pouvoir regarder le monde avec équanimité. Si vous avez besoin de vous nourrir du monde extérieur, ça va être difficile. Et si vous vous dites : j’accepte, j’accepte, j’accepte, ça va devenir carrément déprimant. L’esprit a tendance à se nourrir, mais si vous pouvez le nourrir d'une sensation de bien-être intérieur, c’est mieux. Vous pourrez alors regarder le monde et le voir comme un plat de nourriture qui n’est pas très attrayant. Vous pouvez dire : ça ne me dérange pas parce que je n’ai pas faim, je n’ai pas besoin de ça.

 

L’équanimité et la bienveillance pour tous les êtres sensibles sont des paramita et font aussi partie du groupe des quatre illimités que sont la bienveillance (metta), la compassion, la joie empathique et l’équanimité. Pourquoi la compassion et la joie empathique ne sont-elles pas des perfections ?

Parce que la compassion et la joie empathique sont des extensions de metta, la bienveillance. Metta est l’expression d’un souhait, celui que tous les êtres soient heureux. La compassion est ce que ressent votre bienveillance lorsque vous voyez quelqu’un qui souffre. La joie empathique, ce qu’elle ressent quand vous voyez quelqu’un qui est déjà heureux, et dont vous souhaitez qu’il continue à l’être. Donc, en réalité, les quatre illimités sont inclus dans les perfections.

 

Maintenant que nous avons vu les différentes paramita, je me demandais comment on pouvait les appliquer dans notre quotidien, parce que ce n’est pas toujours facile. Est-ce que vous pouvez nous donner des outils pour essayer de le faire ?

L’un des outils est d’avoir une pratique régulière de méditation afin que vous puissiez en quelque sorte recharger votre batterie. Ensuite, vous essayez de rester centré à l’intérieur tout au long de la journée. Développer les paramita dépend de la façon dont vous vous parlez quand vous êtes dans une situation difficile, dans votre famille ou au travail par exemple, une situation que vous ne pouvez pas éviter. Dans ce cas, dites-vous : « Je ne peux pas l’éviter, mais je peux l’utiliser pour développer des qualités habiles. Je peux développer la patience, je peux développer l’endurance et l’équanimité. Je peux développer la bienveillance même envers les personnes difficiles. De cette façon, vous renforcez votre esprit et vous n’avez pas l’impression de perdre votre temps ou d’être tiré vers le bas par d’autres personnes. Vous vous tirez vers le haut par la manière dont vous vous parlez et en voyant cette situation comme une opportunité de développer tout un éventail de vertus de l’esprit et du cœur. La pratique n’est pas seulement une affaire d’entraînement de votre intellect. Vous pouvez comprendre le non-soi, vous pouvez comprendre la vacuité, mais s’il n’y a pas aussi une qualité du cœur, votre entraînement est déséquilibré. Il n’est pas complet. Vous devez également réaliser que l’entraînement de l’esprit ne se limite pas à la méditation. C’est aussi la façon dont vous gérez tout ce qui vous entoure et comment vous faites face à toutes sortes de situations.

Parce que nos esprits ne se contentent pas d’accueillir simplement notre expérience. Nous sommes constamment en train de chercher quelque chose. La question est donc : « Qu’est-ce qui vaut la peine d’être cherché ? » Bien souvent, nous cherchons des choses et nous faisons beaucoup d’efforts pour cela. Et une fois que nous les avons obtenues, nous sommes déçus. Mais le Bouddha dit : il y a un but que nous pouvons avoir dans la vie qui ne sera pas vain et qui sera totalement satisfaisant une fois atteint. Ainsi, nous pouvons concentrer toutes nos activités, toutes nos énergies à travailler vers ce but. Il est peut-être encore lointain, mais peu importe, c’est un bon objectif. Alors nous apprenons tous à nous encourager tout au long du chemin. De cette manière, même dans les situations difficiles, le fait que vous ayez dans votre esprit un but qui en vaille la peine vous rendra heureux.



Pour en savoir plus :

« Bonté et bonheur – La pratique des dix perfections »,  Thanissaro Bhikkhu, livret du Refuge n° 24 –format pdf – 186 pages – téléchargeable en français





Thanissaro Bhikkhu, aussi appelé Ajahn Geoff par ses disciples, est un moine bouddhiste américain de la tradition thaïe de la forêt. Intéressé par la méditation et après un diplôme universitaire, il part enseigner en Thaïlande avec l’idée de trouver un maître de méditation.  Au bout de plusieurs années, il rencontre le maître Ajahn Fuang Jotiko. Son séjour en Thaïlande se terminera ensuite. Après un temps de réflexion, il retourne en Thaïlande en 1976 pour être ordonné moine par Ajahn Fuang et restera près de lui jusqu’à sa mort en 1986.

C’est dans les collines du comté de San Diego, aux États-Unis, que Thanissaro Bhikkhu aide Ajahn Suwat Suvaco à fonder le Meta Forest Monastery dont il devient l’abbé en 1993.

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