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Sagesse et mérite

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 juil. 2024
  • 4 min de lecture

Pourquoi est-il important de les accumuler ?


Publié initialement par Mindworks.org

Traduction vers le français : SB



Lorsque nous développons intentionnellement des qualités positives, nous créons une certaine force spirituelle, un élan vers « le bien » dans notre vie. Si nous considérons que des actions négatives peuvent affaiblir et épuiser cet élan, une accumulation d’actions positives par le biais du corps, de la parole et de l’esprit nous enrichit et nous remplit de cette force spirituelle. Toutes les choses fondamentalement « bonnes » découlent de cela.

Dans le bouddhisme, nous appelons cela l’accumulation de mérite. Le mérite ne se porte pas comme une médaille – cela n’a rien de démonstratif. C’est quelque chose qui s’accumule comme une force tranquille pour le bien en nous. Il nous donne la capacité d’être forts d’une manière très profonde afin que nous puissions faire face à toutes les formes d’adversité avec force et avec une attitude positive.


On pourrait penser que l’accumulation de mérite est comme une sorte de système de crédit qui nous permet de nous constituer une épargne importante. Le truc, c’est que si nous ne pensons qu’à nous-mêmes dans cette action, nous épuisons en fait notre mérite, en dépensant systématiquement notre épargne. En revanche, si nous pensons aux autres, si nous leur offrons ce mérite, si nous le leur dédions, il devient une source de pouvoir spirituel et une force. Lorsque nous l’accumulons et que nous le donnons, nous pratiquons la générosité. Cela fonctionne parce qu’en imaginant que nous offrons notre propre énergie positive au bénéfice de tous les êtres, cette intention même accumule le mérite et le renouvelle pour qu’il ne s’épuise jamais. En donnant cette énergie, elle s’accroît sans cesse.

Le fait de pouvoir formuler des souhaits et de les étendre à tous les êtres est une force très tranquille et profonde qui nous pousse à faire le bien. Après tout, nous ne sommes pas séparés des autres êtres. Grâce à notre pratique, nous réalisons que nous sommes tous liés ; notre accumulation de mérite ne nous exclut pas. Et elle ne nous est pas exclusive. Elle nous concerne tous.


Il y a ensuite l’accumulation de sagesse. L’accumulation de sagesse dans le bouddhisme est un peu différente de l’accumulation de mérite car elle est en fait basée sur l’altruisme. Qu’entendons-nous par-là ? Le moi, l’idée que nous nous faisons du moi, est en grande partie un concept vague que nous n’avons pas examiné. C’est quelque chose que nous tenons pour acquis : j’ai ce corps, j’ai un nom, j’ai une histoire et c’est moi. Mais si, dans la méditation, nous essayons de voir clairement ce que c’est et d’examiner la base de cette idée de moi, nous constatons qu’il n’y a rien de substantiel. Il n’y a qu’une sensation ici, un sentiment là, une perception ici. Toutes ces choses sur lesquelles repose le concept de moi changent constamment.

Prenons le corps, par exemple. Nous savons que ce corps change tout le temps. Les représentations que nous nous en faisons évoluent régulièrement. Les perceptions que nous avons changent constamment. Nous ne pouvons citer aucun élément sur lequel repose notre idée du moi qui ne soit pas en perpétuel changement, en perpétuel mouvement. Comment pouvons-nous identifier un moi, si ce moi est en perpétuel changement ? Bien sûr « moi », « moi-même » et « je » sont des termes utiles. Faire la distinction entre soi et les autres et nommer les choses peut aider à clarifier une conversation. Mais lorsqu’il s’agit de voir ce qui est vrai, le moi n’est qu’un concept – un concept changeant qui n’est ni fiable ni stable.


La sagesse consiste à voir avec lucidité comment les choses sont réellement. Pour y voir clair, nous devons examiner toutes les représentations auxquelles nous sommes attachés. Lorsqu’une représentation surgit dans l’esprit, nous devons regarder au-delà et chercher à comprendre : d’où provient cette représentation, à quoi fait-elle référence ? Quelle est la substance réelle et véritable qui se cache derrière ? Lorsque nous regardons derrière elle, nous ne voyons rien qui ne soit pas en train de changer. Il y a l’apparence, et l’apparence change constamment. La sagesse consiste à reconnaître et à comprendre qu’il n’y a pas d’existence permanente et immuable. Cela ne veut pas dire que l’on se débarrasse de son intellect, ni de toutes les représentations et les étiquettes. Ce n’est pas le cas – elles sont pratiques – mais elles ne sont pas ce que vous pensiez qu’elles étaient ; elles n’ont pas la consistance que vous leur avez donnée.

L’accumulation de sagesse consiste à maintenir cette connaissance à l’arrière-plan et à tout voir à travers ce prisme insubstantiel. Reconnaître dans l’instant, garder cette connaissance à l’esprit maintenant, et faire l’expérience à travers ce prisme en ce moment même. La sagesse fait comprendre pourquoi le mérite est si important. Elle vient confirmer la valeur de son accumulation par le biais d’une conduite et d’actions positives.


Regardons ce qui se passe lorsque nous avons été obsédés par une histoire avec une personne qui nous a blessé par ses paroles ou ses actions. Nous nous sommes saisis de l’histoire et nous lui avons donné tellement de puissance, tellement de poids – alors que la personne était probablement passé à autre chose. Si notre esprit et nos perceptions changent constamment, l’esprit des autres change tout autant ! En regardant vraiment avec un œil sage, nous voyons qu’il n’y avait pas de consistance à cette histoire et que nous attribuons souvent à des situations un poids et une permanence qu’elles n’ont tout simplement pas.

En fait, lorsque nous avons cultivé le sens de la sagesse, nous pouvons nous défaire de tout ce qui entrave notre accumulation de mérite parce que nous reconnaissons que rien n’a la consistance que nous lui avons donnée. Dans cette optique, l’accumulation de mérite et de sagesse est la meilleure approche pour progresser sur le chemin et développer une réalisation spirituelle.




Khaydroup Candace Podvoll a suivi les enseignements du Vajrayana tibétain et a effectué à partir de 1991 deux retraites traditionnelles de longue durée au monastère de Dhagpo Kundreul Ling en Auvergne. Après six ans de retraite, elle a commencé à enseigner la méditation en Europe et aux États-Unis. Khaydroup est revenue en Californie en 2000, où elle a contribué à la création de plusieurs centres de méditation.

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