top of page
loading-gif.gif
Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Le Kumbh Mela des Himalaya

La cérémonie des ornements de Naropa


Une tenture en fil de soie brodé, de presque 20 mètres de hauteur et représentant le bouddha Amithaba, fut déroulée sur une structure spéciale. ©Drukpa Publications

Plus de 150 000 moines, disciples et touristes ont rejoint le Ladakh pour le Festival de Naropa début septembre 2016. Venus des pays himalayens mais aussi d’Europe, d’Asie du Sud-Est, d’Australie, d’Amérique, de nombreux bouddhistes de la lignée Drukpa, traditionnellement pratiquée au Ladakh et au Bhoutan, assistèrent au Kumbh Mela des Himalaya, ainsi nommé cette année par Sa Sainteté le 12e Gyalwang Drukpa. Si l’événement montrait, cette année, une ambiance résolument festive et moderne, ces jours de rassemblement se déroulaient pourtant autour d’une des cérémonies les plus sacrées et authentiques de l’Himalaya : la cérémonie des ornements de Naropa, une cérémonie d’autant plus rare qu’elle n’a lieu que tous les 12 ans et d’autant plus importante cette année qu’elle correspondait à l’anniversaire des 1 000 ans du grand saint Naropa.


Les Six Ornements d’os transmis par Naropa sont considérés comme étant parmi les plus précieuses reliques du bouddhisme himalayen. Elles sont porteuses d’une bénédiction puissante : il est dit que celui qui voit les Ornements s’assure de renaissances favorables et qu’à leur simple vue, les authentiques pratiquants peuvent obtenir l’Eveil. Ainsi, pendant trois jours et trois nuits, les pèlerins de tous âges, de tous pays, de toutes conditions sociales attendaient patiemment d’approcher le mandala où étaient exposés les ornements de Naropa pour en recevoir les bénédictions.

Les Six Ornements comprennent : une couronne, des boucles d’oreilles, un collier, un seralkha, un bracelet et un bracelet de cheville. L’histoire de leur transmission de Naropa jusqu’au 12e Gyalwang Drukpa est très précise. En 1980, à l’âge de 17 ans, Sa Sainteté Gyalwang Drukpa accomplit le premier rite des « Six Ornements de Naropa » devant une assemblée de vingt-trois mille personnes. Douze ans plus tard, en 1992, il accorda à nouveau, pour la deuxième fois, une présentation publique de ce rite de bon augure, devant une assemblée de cent mille personnes. Lorsque le Gyalwang Drukpa revêt les Six Ornements de Naropa, c’est le plein et parfait éveil réalisé grâce aux Six Yogas de Naropa qui est symbolisé. ©Drukpa Publications

 

Le festival a battu son plein pendant huit jours, En matinée, les pèlerins assistaient aux rituels et aux enseignements de Sa Sainteté Gyalwang Drukpa. Puis durant les après-midi, les démonstrations de kung fu des nonnes de Druk Amitaba succédaient aux groupes de musique traditionnelle, de chants et de danses, ainsi qu’aux compétitions de tir à l’arc. Le festival a évolué sous bien des aspects depuis des années, pour s’adapter à une audience de plus en plus grande et internationale. Cette année les cérémonies sacrées se tenaient à l’extérieur et étaient retransmises sur des écrans LED de grande taille. Les soirs, des jeux de lumières et hologrammes jamais vus encore dans ces régions himalayennes étaient projetés sur les montagnes majestueuses et, sur une scène gigantesque, avec un équipement digne de nos plus grands festivals européens, se produisaient les troupes de théâtre, de chanteurs, de danseurs et nombre de célébrités de l’Himalaya et de Bollywood !

Ce festival a été imaginé et mis en place par Sa Sainteté le Gyalwang qui a révolutionné les codes et les mentalités, par exemple en donnant aux nonnes une place qui était très réduite, voire inexistante, jusqu’alors. Certaines étaient venues du monastère Druk Amitaba, les célèbres « nonnes Kung Fu ».


Sa Sainteté le 12e Gyalwang Drukpa. ©Olivier Adam

Deux jours avant l’ouverture des cérémonies de Naropa, Sa Sainteté et 250 de ses nonnes sont arrivés en vélo depuis Katmandou (Népal) à Leh (capitale du Ladakh). Ce voyage avait pour but, à l’instar de l’Eco-Pad Yatra organisé en 2015, de montrer un exemple en faveur de la préservation de l’environnement et de faire vivre la spiritualité avec beaucoup de créativité et de joie de vivre.

Certaines personnes, occidentales pour la plupart, qui avaient vécu les célébrations précédentes, plus austères et plus traditionnelles, purent se trouver bousculées, voire désorientées, par le mélange de profane et de sacré de ce drôle de festival himalayen, et préférèrent aller se coucher quand le show culturel commençait. Sa Sainteté, lors d’un de ses enseignements, a lancé à leur attention :


« Prenez tout cela, appréciez,

Pas de doute, c’est Naropa !

Prenez ! C’est une offrande.

ENJOY and BE HAPPY ! »



Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°1 (Hiver 2016)


 




Comments


bottom of page