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La Joie dans la Pratique

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 juil. 2024
  • 7 min de lecture


Traduction Jeanne Schut

 

Il y a différentes façons de s’asseoir en méditation et certaines traditions donnent des détails très précis sur la posture.          

Mais je pense qu’il n’y a que deux impératifs : – Le premier est que nous soyons assis bien droit. L’une des raisons pour cela est qu’ainsi nous évitons de nous endormir. Plus important encore, dans cette posture bien droite, nous nous sentons libres et indépendants et cela nous aide à créer les conditions justes pour ressentir à l’intérieur de nous la confiance en soi et l’indépendance que nous essayons de développer dans la méditation.   – L’autre principe consiste à garder le corps aussi immobile que possible. L’esprit est déjà très agité et si le corps l’est aussi, il est beaucoup plus difficile de calmer les mouvements de l’esprit. Bien entendu, notre corps n’est jamais dans une condition parfaite et nous risquons de ressentir des douleurs ici ou là. Il faut donc savoir accepter ses limites, être ami avec son corps et accepter que la posture que nous prenons soit comme elle est pour l’instant. Et puis, nous devons veiller aux conditions mentales, faire en sorte d’être prêt à appliquer les techniques de méditation. Mais les conditions nécessaires pour cela sont l’intérêt, l’enthousiasme et même la joie. Il ne s’agit pas de considérer la méditation comme un médicament amer. Nous commençons donc par regarder en nous et nous nous posons la question. Avons-nous ce sentiment d’intérêt et d’engagement ? Ou bien sommes-nous encore préoccupés par certains soucis qui n’ont rien à voir avec la pratique ? Si l’esprit est préoccupé, il est inutile d’essayer d’appliquer aussitôt une technique de méditation parce que ce serait un échec et donc frustrant. Soyez donc prêts à passer quelques instants à parler avec vous-même pour vous rappeler l’intérêt de la méditation, pour vous rappeler la souffrance que vous avez dû traverser à cause du manque de sérénité intérieure et de sagesse. Et puis attendez que s’éveille un sentiment de consentement et d’intérêt dans votre esprit. Ce n’est pas une perte de temps. C’est au contraire un préliminaire très important si l’esprit n’est pas encore vraiment prêt ou intéressé.

 

Ce que nous essayons de faire, c’est de maintenir une qualité d’attention éveillée, de clarté dans l’instant présent, en utilisant la respiration comme un véhicule pour y parvenir. Pour observer votre respiration, choisissez un point particulier du corps où vous sentez le mieux le passage de l’air et où vous pouvez vous détendre. Ça peut être la lèvre supérieure, le bout du nez ou bien au niveau de l’abdomen. Et maintenant, le premier défi va être : « Comment trouver de la joie au ressenti d’une inspiration et au ressenti d’une expiration ? » Parce que notre esprit est toujours à la recherche de plaisir. Alors si nous n’avons pas de plaisir à observer la respiration, il va très vite nous transporter dans le passé ou nous projeter dans le futur. Donc essayons de prendre conscience du plaisir très simple, très naturel, d’être éveillé à la sensation de l’inspiration. D’être éveillé à la sensation de l’expiration.

 

Voyons comme il peut être agréable d’être simplement attentif, éveillé, vigilant. Totalement présent à cet instant.

 

Être présent à la respiration n’est pas chose facile. Ce n’est facile pour personne. Même les grands maîtres de la forêt, comme Ajahn Chah, ont eu du mal pendant des années avant de maîtriser cette pratique. Il faut donc être très patient. Si l’esprit s’évade, ne soyez pas agacé ou découragé, sachez que c’est normal et naturel. Et puis, très calmement, mais fermement, ramenez l’attention sur l’instant présent et l’objet de méditation.

 

Il existe des techniques pour nous aider à maintenir l’attention, pour rester éveillé à l’instant présent. L’une de ces techniques consiste à compter nos respirations :

On compte un sur l’inspiration, et un sur l’expiration.

Et puis deux sur l’inspiration et deux sur l’expiration, et ainsi de suite jusqu’à cinq sur l’inspiration et cinq sur l’expiration.

Et puis on recommence à partir de un jusqu’à six. Et on continue comme ça jusqu’à aller de 1 à 10. Après quoi on reprend de 1 à 5, puis de 1 à 6, etc.

 

Essayez maintenant :

Inspiration. un. Expiration. un. Inspiration deux. Expiration. deux…            jusqu’à cinq.

 

Et puis de la même manière,  Inspiration. un. Expiration. un ….                   jusqu’à six.

 

de un….                                                 jusqu’à sept.

 

de un…                                                  jusqu’à  huit.

 

de un…                                                  jusqu’à neuf.

 

de un…                                                   jusqu’à  dix.

 

Et puis vous reprenez de 1 à 5. Jusqu’à dix, etc.

 

Cette technique est particulièrement utile si vous débutez la méditation. Parce que lorsque l’esprit s’évade, il ne restera pas éloigné trop longtemps avant que vous ne réalisiez que vous ne savez plus si vous étiez en train de compter de 1 à 5 ou de 1 à 6, etc.

Donc vous reviendrez et vous recommencerez de 1 à 5. D’autre part, l’un des obstacles au début de la pratique de la méditation, c’est le besoin que l’on a de savoir si on fait des progrès ou pas. Et là, c’est très facile à observer parce que par exemple, au début, il est difficile de maintenir l’attention pendant un cycle complet, c’est-à-dire de 1 à 5 jusqu’à 1 à 10. Mais au bout d’un certain temps, on constate que l’on y arrive et on peut se dire : « Ah ! Je fais des progrès ! »

 

Si vous arrivez à maintenir votre attention présente pendant trois cycles complets sans être distrait, le comptage commence à paraître lourd et artificiel. Du coup, vous pouvez arrêter cette technique et observer la simple sensation de la respiration. Comment rester présent à la respiration de façon à n’être ni trop rigide, tendu, ni trop relâché et distrait ? Nous souhaitons que cette attention à la respiration ne soit pas terne ou floue, parce que ce ne serait pas le type d’observation qui mène à la sagesse. Il faut qu’il y ait précision et clarté à chaque instant de l’inspiration, à chaque instant de l’expiration. L’effort que nous faisons pour être éveillés à la nature de l’inspiration et de l’expiration doit être constamment réajusté au fur et à mesure que la respiration s’affine. Il y a des obstacles à la méditation et vous devez vous souvenir de leur nature de façon à pouvoir les déposer pendant la pratique. Les obstacles sont toutes ces choses auxquelles vous pourriez avoir plaisir à penser. Alors, dites-vous : « Pendant la durée de cette méditation, je ne me laisserai pas aller à évoquer ces pensées ni à céder à l’imagination. » Ou bien, si vous avez des soucis en ce moment, dites-vous que ce n’est pas le moment de vous en préoccuper. Quand vous êtes très clair comme cela, pendant votre pratique ou dès le début même de votre pratique, si l’esprit s’éloigne malgré tout vers ces questions, le souvenir de votre engagement va vous revenir à l’esprit et il vous aidera à ne pas céder à cet obstacle classique à la méditation. À présent, reprenez l’observation de la respiration ou bien le comptage de vos respirations.

 

L’une des techniques de méditation que peu de gens connaissent consiste à se remémorer les actes de bonté et de générosité que l’on a pu faire dans le passé. C’est une chose très simple que vous pouvez observer. Si vous vous sentez triste ou déprimé, il ne sert à rien de se souvenir de belles vacances ou de grands plaisirs sensoriels que vous avez pu vivre dans le passé. Au contraire, ça peut vous rendre encore plus malheureux. En revanche, si vous évoquez des gestes de générosité ou de bonté que vous avez eus même il y a longtemps, l’esprit est instantanément élevé. Il se sent clair et lumineux. C’est pourquoi on dit que la générosité est l’un des nobles trésors de l’esprit. Et puis la pratique de la générosité permet de nous prouver constamment que nous pouvons avoir une influence positive sur la vie des autres, sur le monde dans lequel nous vivons. Alors essayez maintenant d’évoquer un geste de générosité que vous avez pu avoir dans le passé et essayez de ressentir la joie que le simple souvenir de cet acte vous apporte encore aujourd’hui.

 

Souvenez-vous d’éveiller toujours un sentiment d’intérêt et d’enthousiasme pour votre pratique. Rappelez-vous que c’est une merveilleuse occasion que vous avez de méditer. Il y a un nombre infini d’hommes et de femmes qui ont réalisé de profonds états de paix et de sagesse grâce à cette pratique très simple qui consiste à s’éveiller à la nature du présent, à la nature de la respiration.

 

Dans cette pratique de méditation qui peut être difficile et exigeante, n’oublions pas que nous suivons les traces des grands éveillés. Quand nous méditons, nous avons l’occasion exceptionnelle de nous libérer pendant au moins un moment de toutes nos identités conventionnelles, de toutes nos responsabilités sociales. Il n’y a plus que la respiration qui nous intéresse.

 

Quand on est attentif à la respiration, on n’a pas conscience de soi comme étant une personne, un homme ou une femme, un enfant ou un parent, un patron ou un employé, une bonne ou une mauvaise personne. Dans la conscience de l’inspiration et de l’expiration, toutes ces discriminations s’évanouissent. Pendant que nous prenons du recul pendant un court moment, nous avons une nouvelle perspective sur notre identité conventionnelle et nous apprenons ainsi à n’être personne, alors que dans la vie, nous essayons toujours d’être quelqu’un.


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Retrouvez l’audio de ce texte dans la librairie du Vieux Sage, une contemplation d’environ 30 minutes lue par Bruno Léger.








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Ajahn Jayasaro est ordonné bhikkhu en 1980, avec le vénér"able Ajahn Chah comme précepteur. Il vit actuellement dans un ermitage au pied des montagnes de Khao Yai, non loin de Bangkok, en Thaïlande. Les enseignements du Dhamma et les retraites de méditation qu’il donne à intervalles réguliers dans un centre de retraites voisin sont une source d’inspiration pour les bouddhistes laïcs comme pour les monastiques.

 

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