top of page
loading-gif.gif
  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

L’initiation du Kalachakra par le Dalaï-Lama

Photos : Olivier Adam


Du 2 au 15 janvier 2017 avait lieu l’initiation du Kalachakra par Sa Sainteté le Dalaï-Lama, qui se tenait pour la 5e fois à Bodhgaya pour sa 34e édition. Un petit groupe de francophones s’est mêlé aux 200 000 fidèles venus pour l’occasion recevoir la bénédiction suprême et les enseignements donnés en même temps. Récit d’Élisabeth Drukier du centre Kalachakra de Paris qui a fait le voyage.


© Olivier Adam

L’arrivée

Le petit groupe francophone que nous composons, 24 personnes venues des quatre coins de la planète (France, Suisse, Tahiti, La Réunion…), pratiquant dans les centres Kalachakra le tantra du même nom, est heureux de se retrouver à l’aéroport de New Delhi pour embarquer en direction de Patna. À l’aéroport, nous sommes bientôt immergés dans une foule de moines tibétains, mais aussi de laïcs nombreux, tous fourmillant en direction des multiples moyens de transport, taxi, bus, qui rejoignent le site de Bodhgaya dans un tourbillon finalement bien ordonné.

Bodhgaya et son stupa représentent l’endroit sacré par excellence pour un bouddhiste pratiquant. Ils attirent chaque année des centaines de milliers de pèlerins, venus pratiquer, méditer ou tout simplement s’imprégner du lieu où le Bouddha Shakyamuni a atteint l’Éveil il y a 2 500 ans. Situé dans un petit village poussiéreux du Bihar, l’un des États les plus pauvres de l’Inde, ce village et ses monuments symbolisent le potentiel humain le plus élevé. Des temples issus de toutes les traditions bouddhistes différentes parsèment le paysage, des Bouddhas, des stupas, des pagodes de tous pays enrichissent la pauvreté du lieu. Malgré tout, la souffrance qui règne à Bodhgaya est impossible à ignorer. Des chiens affamés, des lépreux, des blessés, des malades, des enfants infirmes jalonnent l’endroit et font partie du décor. Puisque des pèlerins du monde entier circulent et viennent rendre des hommages, les mendiants ont l’opportunité de demander l’aumône. Lors d’événements majeurs comme les enseignements du Dalaï-Lama, ils se rangent le long du chemin qui mène au stupa principal, accroupis côte à côte avec leurs bols en aluminium, ou avec de simples morceaux de tissus, et récupèrent les offrandes.

Arrivés à Bodhgaya le 1er janvier, nous sommes surpris par le fourmillement inhabituel des rues ; les fidèles attendus sont là, créant une foule intense, fébrile et joyeuse. Le village s’est fait une beauté : les rues se sont agrandies, de nouveaux hôtels se sont construits. Nous nous rendons au stupa principal appelé Mahabodhi, le lieu sacré où le Bouddha atteignit l’Éveil. Il a été déclaré le 27 juin 2002 comme faisant partie du patrimoine mondial de l’humanité. Tout l’endroit croule sous les fleurs, les encens, les bougies et illuminations particulièrement nombreux à l’approche de la fête. Les chants et les prières d’une grande densité s’élèvent parmi la foule qui se recueille. Nous marchons à petits pas autour du stupa en respectant le sens des aiguilles d’une montre, en pleine conscience, puis nous allons nous asseoir sous l’arbre de la Bodhi, portés par l’émotion d’un si précieux moment.

Le Dalaï-Lama (à gauche), le temple et ses 8 stupas (à droite) © Olivier Adam


Les enseignements

L’année dernière l’événement Kalachakra avait été annulé, cette année grâce au travail efficace que mènent depuis des mois les organisateurs, il va pouvoir se tenir dans de bonnes conditions. Les milliers de bénévoles présents aident à ce que la foule entre et s’installe dans le calme et la douceur, et prenne place sous le chapiteau géant qui a été installé. Construit près du Mahabodhi, il est recouvert de bâches claires et les places y sont rares. Les participants se retrouvent et se regroupent par nationalité. Sur les 200 000 participants recensés, il y a une grande majorité de pratiquants himalayens mais on dénombre environ 8 000 bouddhistes venus d’autres régions, représentant plus de 90 pays différents. Notre groupe s’assoit près d’un écran géant et nous réglons nos radios afin d’entendre la traduction. 19 langues sont proposées sur le site : chinois, russe, anglais, espagnol, bhoutanais, différents dialectes tibétains, et hindi entre autres. Le Dalaï-Lama et les autres lamas, toutes lignées du bouddhisme tibétain confondues, sont assis sur une estrade. La sécurité est bien sûr importante, la police indienne armée est présente à l’extérieur des portes et autour de l’estrade mais l’atmosphère n’en est pas affectée et reste détendue et joyeuse.

Le leader tibétain Sa Sainteté le Dalaï-Lama, âgé de 81 ans, préside aux enseignements ; il est souriant et il souligne dans son discours que ce rassemblement est de bon augure. Il raconte avoir rêvé que d’autres initiations du Kalachakra auront lieu dans le futur. Durant les trois premiers jours, des rituels préparatoires sont donnés autour d’un mandala de sable coloré, élaboré patiemment par des moines. Son but est d’engendrer la motivation indispensable chez le disciple afin qu’il soit porteur des qualités nécessaires pour recevoir les initiations et les enseignements. Nous ressentons un véritable enchantement à ces préliminaires et c’est dans cet esprit que nous abordons les enseignements qui portent sur les textes de Shantideva « Le mode de vie du bodhisattva (le chodjug) » et « Les états médians de la méditation de Kamalashila (gomrim barpa) ». Le Dalaï-Lama fait une introduction brillante à l’ensemble des enseignements du Bouddha en commençant par l’explication des Quatre Nobles Vérités. Lorsqu’il en est au passage concernant l’esprit d’Éveil et l’attitude altruiste qui consiste à désirer conduire tous les êtres sensibles à l’illumination, il nous confie : « Quand je pense à cette attitude, je me sens très proche de cet esprit et je l’apprécie beaucoup. » Le troisième jour des enseignements, le Dalaï-Lama nous offre une explication logique et percutante sur la vacuité et le non-soi. Puis il transmet les vœux de bodhisattva, un moment au cours duquel nous sommes amenés à regretter nos actions négatives. Nous avons ainsi l’opportunité de nous réjouir de notre engagement sur la Voie, avec une grande ferveur, et la bénédiction nous touche tous profondément.


© Olivier Adam


L’initiation

Le premier jour de l’initiation, il nous faut placer un bandeau rouge sur notre front. Il symbolise notre aveuglement spirituel et notre incapacité à voir le mandala de sable tel qu’il est. Plus tard nous pourrons le retirer et ainsi, supprimer symboliquement les ténèbres de l’ignorance ; nous serons ainsi prêts à « voir » le mandala.

Nous recevons ensuite ce qu’on appelle les sept initiations de l’enfance, qui nous aideront à renaître au cours de la cérémonie en tant que personnes aptes à entrer dans le monde parfait du mandala. Chacune de ces sept initiations correspond à un événement significatif de la vie d’un enfant comme recevoir un nom, prendre son premier bain, avoir sa première coupe de cheveux, découvrir ses cinq sens, se faire percer les oreilles, prononcer son premier mot ou apprendre à lire.

Après l’initiation, nous allons admirer le mandala de sable avant qu’il ne soit détruit. Il montre les 722 dieux et déesses ainsi que le palais qu’ils habitent. Ce monde parfait ainsi représenté est l’image de la claire lumière de notre esprit et lui fait écho.


© Olivier Adam


Le retour

Certaines personnes décideront de rester plus longtemps pour suivre la retraite de Kalachakra organisée par le Root Institute, d’autres en profiteront pour visiter d’autres provinces indiennes, mais tous rentreront avec la tête remplie de souvenirs inoubliables. Nous revenons en France avec l’envie sans cesse renouvelée de manifester la bienveillance et de continuer notre chemin spirituel. Nous sommes également bien décidés à poursuivre la pratique principale en six sessions recommandée par le Dalaï-Lama pour que l’esprit du Kalachakra puisse nous accompagner au quotidien.


Le Mandala de sable © Olivier Adam

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°2 (Printemps 2017)



 


Elisabeth Drukier a rencontré le bouddhisme en 1974. Elle a vécu au Népal au monastère de Kopan. Elle dirige aujourd’hui le centre Kalachakra à Paris.



 

Olivier Adam est né en 1969. Physicien normalien de formation, il s’est peu à peu tourné vers la photographie. Il se consacre depuis de nombreuses années à la culture et au bouddhisme tibétains, en suivant notamment l’enseignement de Kalachakra que donne Sa Sainteté le Dalaï-lama régulièrement à travers le monde. www.olivieradam.net

bottom of page