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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

De gentils fantômes


Un ami à court d’argent s’était fait engager comme manœuvre sur le chantier de rénovation d’une maison sur pilotis. Un soir, il rangeait le matériel après le départ de ses collègues quand, en passant devant la façade, il entendit une voix qui disait : « Glisse la main là-dessous ! »

Ne voyant personne aux alentours, il pensa qu’il avait dû rêver.

La voix répéta : « Glisse la main là-dessous ! » Son cerveau ne lui jouait donc pas un tour. C’était bien réel. Il avait affaire à un fantôme !

Qu’auriez-vous fait à sa place ? Ne partez pas en courant : la plupart des fantômes sont gentils.

Il glissa prudemment une main dans l’espace entre le sol et le rez-de-chaussée surélevé de la maison et en retira une grosse boîte en fer-blanc. En l’ouvrant, il découvrit qu’elle contenait plusieurs milliers de dollars en billets. Il en déduisit que l’ancien propriétaire, décédé entre-temps, avait dissimulé ses économies pour ne pas payer d’impôts. Mon ami utilisa cet argent comme acompte pour l’achat de sa première maison et put ainsi démarrer dans la vie.

Dorénavant, si vous entendez un fantôme vous souffler :

« Glisse la main là-dessous ! », vous saurez quoi faire.


 

Une autre amie vivait seule avec son chien, qu’elle aimait comme un enfant. Deux fois par jour, elle l’emmenait promener dans la forêt.

Un matin, en jouant avec lui dans le sous-bois, elle perdit sa bague. Ce n’était pas un bijou de grande valeur, mais elle y tenait beaucoup. Elle savait approximativement où elle était tombée, mais elle eut beau fouiller, elle ne la retrouva pas, à sa grande déception. Elle se résigna à sa perte et abandonna ses recherches.

Cette péripétie lui sortit rapidement de la tête car son compagnon à quatre pattes mourut peu après. Il lui manquait terriblement et elle repensait avec tristesse à leurs sorties dans la nature. Mais un événement étrange allégeait quelque peu son chagrin : plusieurs jours durant, après sa mort, elle l’entendit aboyer dans la maison. Ce n’était pas une illusion, les jappements étaient bien réels et elle reconnaissait sans l’ombre d’un doute ceux de son cher toutou. En les écoutant, elle se sentait moins seule.

Pourtant, pas une fois elle ne vit son fantôme. Dès que ses aboiements résonnaient dans la pièce voisine, elle s’y précipitait, mais il n’était jamais là.

Un jour, le fantôme aboya à nouveau, mais dehors. Elle ouvrit la porte, s’attendant à le voir, mais il n’était pas visible. En revanche, sur le paillasson, il y avait la bague qu’elle avait perdue. Son chien disparu l’avait dénichée !

Sa tristesse s’effaça presque entièrement. La mort n’était pas une séparation aussi définitive qu’elle l’avait pensé. À compter de ce jour, son chien ne se manifesta plus.


 

Tim avait quitté Londres pour venir s’établir à Perth. En pleine nuit, alors qu’il dormait seul chez lui, il se réveilla en sursaut. Il alluma sa lampe de chevet et vit sa vieille mère debout au pied de son lit.

Elle habitait dans l’Essex. Il comprit qu’il était en présence d’un fantôme. Pourtant, à ce qu’il me dit, il n’éprouva aucune peur. Au contraire. Il se sentit comblé et apaisé par cette vision de sa mère souriante qui lui exprimait en silence son amour inconditionnel.

Il en déduisit qu’elle venait probablement de s’éteindre mais cela ne le rendit pas triste. Son visage aimant effaçait son chagrin.

L’apparition dura relativement longtemps – plusieurs minutes au moins. Lorsqu’elle s’estompa, il fit ce que n’importe quel Anglais aurait fait dans ces circonstances : il se leva pour se préparer une tasse de thé.

Pendant qu’il le buvait, le téléphone sonna. C’était sa sœur qui appelait d’Angleterre.

« Tim, je suis désolée de te déranger à cette heure, mais j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer.

— Oui, je sais, l’interrompit-il. Maman est décédée.

— Comment le sais-tu ? s’écria-t-elle. On rentre à peine de l’hôpital ! »

Il lui décrivit alors le fantôme de leur mère. L’avoir vue, s’être senti une dernière fois enveloppé de son amour avait été pour lui une expérience merveilleuse et bénéfique.



Extrait d'Heureux et grincheux, avec l'aimable autorisation des éditions Massot

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°25 (Printemps 2023).


 

©lionsroar.com

Le vénérable Ajahn Brahmavamso Mahathera (plus simplement connu sous le nom d’Ajahn Brahm) est né à Londres, sous le nom de Peter Betts, en 1951. Issu des classes laborieuses, il a étudié la physique à l’université de Cambridge. Après avoir obtenu ses diplômes et enseigné pendant un an, il est parti en Thaïlande où il a prononcé ses vœux monastiques. Il est resté pendant neuf ans moine auprès du célèbre Ajahn Chah dans un monastère retiré de la jungle. En 1983, il a créé, avec d’autres moines, le Bodhinyana Monastery sur un petit terrain dans la banlieue de Perth, en Australie. Il en est devenu l’abbé depuis 1994. Il consacre beaucoup de temps aux malades et aux personnes en fin de vie mais aussi en tant que visiteur spirituel aux prisonniers et, tout simplement, aux moines et aux laïques du monastère Bodhinyana (bswa.org)

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