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Comment le sport mobilise-t-il le meilleur pour l’homme et l’humanité ?

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 oct. 2024
  • 4 min de lecture

Par Lama Jigme Thrinlé Gyatso

Photos : Philippe Lelluch

 

À l’occasion des JO 2024, une conférence interreligieuse s’est déroulée le 4 août 2024, en écho à la cérémonie interreligieuse de 1924, avec les officiels et le Comité olympique sur le parvis de Notre-Dame de Paris.

Lama Jigme Thrinlé Gyatso, co-président de l’Union Bouddhiste de France et un des référents pour l’aumônerie bouddhiste du Village olympique, a pris la parole à cet événement très largement médiatisé. 


 

Monsieur le président du Comité international olympique, merci de nous avoir invités à prendre la parole ce matin, et merci au diocèse de Paris pour avoir organisé cette conférence en écho à la cérémonie interreligieuse de 1924, en ce lieu fort et symbolique.

Je fais le souhait que notre prise de parole dépasse le symbole afin qu’elle soit pleine de sens et qu’elle suscite une véritable et profonde fraternité entre tous les êtres humains et tous les peuples.


L’existence d’un centre multiconfessionnel au Village olympique, avec la présence d’aumôniers qui se rendent disponibles pour accueillir les athlètes qui le souhaitent, nous réunit et nous permet de vivre ensemble une belle aventure de partages humains et fraternels.

 


Selon la philosophie bouddhique, il n’y a rien en ce monde qui soit bon ou mauvais de manière absolue. C’est le cas pour le sport mais aussi pour la religion elle-même. C’est ce qu’en font les hommes qui rend le sport positif ou négatif ; de même pour la religion et tous les domaines de la vie.

Mais qu’est-ce qui rend l’activité sportive d’une femme ou d’un homme positive ou négative ? C’est en premier lieu la motivation. Aussi, avant de s’engager dans une activité sportive, il peut être judicieux d’observer notre motivation et de la rendre meilleure si besoin est…

Pour la tradition bouddhiste, l’idéal qui rend une activité sportive vraiment positive, c’est quand, au-delà du fait de gagner ou de perdre, la motivation est d’accomplir au mieux notre activité et ainsi de s’accomplir soi-même tout en étant source de joie et de bonheur pour tous les êtres. Cela est source de pleine satisfaction. Au contraire, vouloir atteindre un but avec une motivation égoïste n’apporte qu’insatisfaction, déception et aigreur.

           

Le sport, qu’il soit professionnel ou amateur, a une portée universelle, notamment à travers son aspect ludique qui est son origine et qui aide à la cohésion sociale au sein d’une famille, d’une tribu, d’un peuple, et de nos jours au niveau international et même mondial grâce à la médiatisation.

Même au sein d’un monastère, le sport, en tant que jeu, peut avoir un rôle bénéfique pour détendre et soulager des tensions physiques, psychologiques ou interpersonnelles. Mais il peut aussi parfois lui-même être source de tensions. D’où l’importance d’être vigilant envers nous-même et notre motivation.

L’activité sportive implique aussi souvent la notion de compétition, parfois décriée, mais qui, comme dans la nature ou dans le domaine spirituel, implique un certain dépassement de soi-même ou invite à se surpasser en repoussant nos limites physiques et mentales.

Pour cela, le sport nécessite une discipline physique et mentale importante que l’on apprend à doser avec justesse, afin qu’elle ne soit ni trop dure, ni trop laxiste, ce qui rejoint la justesse chère à la voie du milieu dans le bouddhisme.

Le sport est aussi parfois pratiqué en soutien à des causes altruistes ou écologiques, ce qui est tout à l’honneur des sportifs qui le font, et ce qui est un exemple inspirant de générosité et d’entraide.

Une autre dimension du sport est la beauté (même si cette notion est relative). La beauté du corps, du mouvement ou de la cohésion de groupe procure des sentiments forts d’harmonie et de communion à ceux qui font le sport et à ceux qui le regardent. Cela invite à développer deux qualités importantes : appréciation et réjouissance...

Le sport, on le sait moins, peut aussi être à l’origine d’expériences spirituelles profondes quand, par exemple, le sujet, l’objet et l’acte ne font plus qu’un dans l’instant ou dans l’effort ou dans l’absence d’effort…


En pratiquant un sport, on peut apprendre beaucoup sur soi-même, et ainsi peut-on mieux connaître et comprendre les autres, ce qui fait grandir notre bienveillance. Et qui dit bienveillance, dit paix.

Or, nous savons tous combien la paix extérieure est fragile. Il est certain que le sport peut être un vecteur de paix ; mais pour cela, il faut que chaque sportif (femme ou homme) soit en paix avec lui-même et en lui-même. La plus belle des émotions et la plus grande des admirations naissent quand nous voyons le respect et la fraternité véritables entre sportifs !

Ne restons donc pas à la surface du sport ni de nos religions ni de notre être. Ne restons pas à la surface des apparences ou du fait de gagner ou de perdre. Rester à la surface, c’est rester ignorant et dans l’illusion, et c’est se mettre dans ce péril décrit par Blaise Pascal : « qui veut faire l’ange fait la bête ». Nous ne le voyons que trop actuellement dans tous les domaines de la société avec toutes sortes de dérives et d’abus…

Quand les sportifs et leurs supporters se comportent en compétiteurs véritablement fraternels et non en adversaires, ils deviennent source d’inspiration pour toute l’humanité.

 

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