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Bike Yatra

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 juil. 2024
  • 4 min de lecture

À bicyclette, on s’en allait par les chemins…

 

Par Virginie Kozerawski

Photos : Agnes Forshuber

 


Figure marquante de la nouvelle génération de maîtres tibétains, Sa Sainteté le 12e Gyalwang Drukpa transmet avec beaucoup de simplicité et d’humour l’essence de la philosophie bouddhique. Référent principal de quelque quatre millions de personnes, le chef spirituel effectue depuis de longues années des pèlerinages à pied ou à bicyclette dans différentes régions du monde.

Ces pèlerinages sont axés plus sur la mobilisation autour d’une cause, que sur la visite de lieux saints. Toujours accompagné par les nonnes du monastère Druk Amitabha – celles que l’on appelle maintenant les nonnes kung-fu – et parfois par des dizaines ou des centaines d’autres personnes, le Gyalwang Drukpa décide ainsi de parcourir les Himalaya ou le Sri Lanka en ramassant tous les détritus à base de plastique et en communiquant auprès des populations pauvres.

En 2024, c’est une première européenne qui fera pédaler les pèlerins de l’Allemagne à la Suède, un pèlerinage dévoué à la cause environnementale.


 


Hambourg, 27 mai 2024. Un soleil printanier inhabituel baigne la cité hanséatique du nord de l’Allemagne. Sur le bord de l’Alster, le lac intérieur ceinturé de magnifiques bâtiments et agrémenté d’un jet d’eau en son centre, un petit groupe vêtu de rouge s’affaire.

Habillés de pied en cap de tenues de cyclisme, du K-Way aux chaussures, les participants ont leurs habits floqués de l’inscription « Live to Love » et leurs vélos – non électriques – patientent à côté.

Photos de groupe, individuelles, interviews face caméra, la presse conviée pour l’occasion s’active et les préparatifs du départ s’étirent. Il faut dire que l’instant est important pour l’organisation caritative Live to Love Germany. Elle s’apprête à lancer le premier Bike Yatra en Europe, un pèlerinage à vélo entre Hambourg et Copenhague, soit 460 km à parcourir en une dizaine de jours. À la tête du groupe composé d’une vingtaine de personnes, le leader spirituel Gyalwang Drukpa a fait le déplacement depuis le Népal pour prendre part à cet événement qu’il a appelé de ses vœux. Il est accompagné de six moniales népalaises surnommées les nonnes kung-fu. 

 



Une impulsion novatrice

Depuis une vingtaine d’années, le Gyalwang Drukpa promeut l’égalité des genres dans ce pays asiatique où le patriarcat règne en maître. À contre-courant de la société laïque et monastique, le chef de lignée valorise les femmes de ses monastères : danses sacrées qui jusque-là étaient réservées aux hommes, cours de kung-fu pour se défendre et améliorer la confiance en soi, cours de théâtre et yoga. Un autre aspect de l’activité du Gyalwang Drukpa concerne l’écologie et le soutien aux populations isolées des Himalaya. L’organisation Live to Love fondée par le leader spirituel organise des pèlerinages à pied et à vélo dans les Himalaya en Inde et au Népal. Les nonnes kung-fu parcourent alors des milliers de kilomètres et en route, elles ramassent des déchets qui polluent ces endroits reculés, enseignent des rudiments de soins médicaux aux populations locales et enfin, elles plantent des arbres puisque leur coupe a fait de certains endroits des déserts. Si le pèlerinage vers les lieux saints est une tradition dans le bouddhisme tibétain, les Bike Yatra (à vélo) et les Pad Yatra (à pied) initiés par le Gyalwang Drukpa sont des moyens agiles et habiles pour toucher des populations himalayennes peu accessibles et agir concrètement pour le bien des êtres et la protection de l’environnement.

 

« S’il vous plaît, faites quelque chose pour la nature. Tous nos problèmes individuels peuvent être résolus. Mais le monde souffre parce que la nature a été négligée. C’est ce que je vous demande. » Le Gyalwang Drukpa, sur les réseaux sociaux

 

En Europe

Le chef spirituel a impulsé l’an dernier l’organisation d’un pèlerinage à vélo similaire à ceux en Himalaya. De taille modeste pour cette édition inaugurale en Allemagne, une vingtaine de personnes, le Gyalwang Drukpa a fait le déplacement depuis le Népal pour y prendre part, preuve de son implication dans ce projet et de l’impulsion qu’il souhaite lui donner. Arrivé à Hambourg la veille du départ, il a participé à une rencontre avec la conseillère à l’écologie de la ville-État. Avec les nonnes, il a également pris part à la plantation d’arbres sur une rive du lac intérieur, et ce toujours avec le sourire et son habituelle bonne humeur. Ce 27 mai à midi, le convoi s’élance donc de Hambourg sous quelques applaudissements. L’équipée tout de rouge vêtue ne passe pas inaperçue. Que le soleil brille ou qu’il pleuve, elle parcourt les étapes en alternant coups de pédale et camping dans des lieux aussi beaux qu’inspirants : en forêt, au bord de lacs ou bien proches des plages de sable blanc de la mer Baltique. Au programme des matinées avant d’enfourcher les vélos : yoga et méditation. Les arrivées en fin d’après-midi dans les localités où ils font étape sont ponctuées de rencontres avec des élus. Une douzaine d’arbres seront plantés au total, action plutôt symbolique réalisées sous l’œil d’une caméra de télévision et de photographes. L’objectif de ce Pad Yatra n’est-il pas la sensibilisation à la lutte climatique ?

C’est à Rostock au bord de la mer Baltique que le groupe de pèlerins embarque en ferry pour rejoindre le Danemark. Il reste alors quelques jours à pédaler pour rejoindre Copenhague, la capitale du pays où le Gyalwang Drukpa et ses nonnes sont attendus en centre-ville au château de Christiansborg, siège du Parlement et lieu des réceptions officielles du roi Frederik X. Le 6 juin, c’est Ida Auken, ancienne ministre de l’Environnement et tête de proue de l’écologie dans ce petit royaume scandinave qui les accueille chaleureusement. La capitale danoise n’a rien à envier à la réputation d’Amsterdam et de Hambourg pour ce qui est de la mobilité douce : la ville est parcourue de pistes cyclables empruntées par d’innombrables deux-roues individuels ou familiaux, tandis que la mer toute proche donne à voir de grands parcs éoliens. L’écologie n’est pas un vœu pieu au Danemark.

Le 7 juin, le pèlerinage allemand se terminera par le retour en bus du groupe en direction de Hambourg, tandis que le Gyalwang Drukpa rejoindra l’Angleterre et l’organisation Live to Love UK dans la continuité du Bike Yatra. Un petit trajet est prévu pour le leader spirituel : une étape Londres-Oxford de 110 km qui sera bien évidement parcourue en vélo mécanique.

 

 

 

 

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