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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Les principes de la méditation


Extraits de La Méditation, paru aux Éditions First


 

L’acceptation

L’acceptation est un principe commun à toutes les approches méditatives. La véritable acceptation n’est ni aveugle ni passive, mais elle voit les choses telles qu’elles sont, sans jugement ni préjugé. L’acceptation est une forme de générosité, de tolérance et de pardon.

Le changement intérieur suppose la perception de notre paysage intérieur. En cultivant notre pouvoir d’attention, nous nous révélons à nous-mêmes. Tous les processus internes et toutes les forces qui modèlent le cœur et l’esprit deviennent progressivement plus perceptibles. Personne n’a encore trouvé un chemin de méditation qui nous permette de nous contourner nous-mêmes — notre corps, nos émotions, notre esprit ou notre personnalité — pour arriver à la lumière, à la paix et à la compréhension. Au contraire, par la méditation, nous acquérons une connaissance de plus en plus intime de toutes les pensées, aspirations, impressions et sentiments qui font de nous des êtres humains. Nous n’avons pas toujours plaisir à découvrir les facettes de notre personnalité que nous dévoile la méditation. Des défauts tels que l’avidité, la colère, la jalousie ou l’indifférence ne sont pas faciles à accepter avec bonté et tolérance. Il est facile de porter des jugements et de rejeter des parties de nous-mêmes qui nous déplaisent parce qu’elles ne correspondent pas à ce que nous pensons que nous devrions être. Nos jugements et nos rejets ne servent qu’à endurcir l’esprit et créent une agitation incessante, tandis que nous tentons d’éviter ce que nous condamnons en nous-mêmes.

C’est pourquoi la méditation ne commence réellement qu’avec l’acceptation. Elle nous permet de nous adoucir et d’ouvrir notre cœur à la compassion et à la générosité. Nous n’avons pas à justifier, à excuser ou vilipender toutes les pensées et tous les sentiments qui nous viennent. Devenant de plus en plus sensibles aux mouvements du cœur et de l’esprit, nous comprenons aussi de mieux en mieux qu’ils résultent rarement d’un choix personnel, mais sont la conséquence du désordre et du manque de compréhension. Nous ne maîtrisons pas toujours notre esprit ni notre cœur. Il est rare que nous nous éveillions le matin en décidant qu’il s’agit d’un bon jour pour être déprimé ou en colère. De même, il n’est pas facile de nous réveiller et de décider que c’est le bon jour pour éprouver du bonheur ou de la compassion. Comprendre avec autant de sensibilité que d’équilibre la nature imprévisible de nos pensées et de nos sentiments nous permet de prendre un peu de recul, de nous retenir de porter un jugement, de voir les choses comme elles sont réellement et de conserver notre équilibre. Voilà en quoi consistent l’acceptation et la compassion.

L’acceptation revient à s’abstenir de juger et de préjuger ; c’est aussi le commencement du changement, de la transformation. Au lieu de nous résigner à l’impuissance ou au désespoir à l’égard de nos pensées et de nos sentiments ou de les confronter par la tension et la lutte, nous pouvons porter directement notre attention, sans condition, sur les pensées et les sentiments qui se présentent, quels qu’ils soient. En accordant à ces processus internes une attention claire et équilibrée, nous établissons avec eux une relation d’intérêt et d’exploration, et non de rejet. Nous entrevoyons la possibilité de nouveaux chemins de compréhension, de détente et d’approfondissement.


La simplicité

La simplicité est un principe fondamental de méditation qui se retrouve dans toutes les traditions spirituelles. Cultiver la simplicité crée autour de nous et en nous un environnement de calme et de sincérité. Il existe de nombreuses dimensions de simplicité. La simplicité n’implique pas d’abandonner notre vie, notre travail et nos relations. La simplicité concerne notre approche de tous ces aspects de notre vie. La simplicité consciente consiste à nous dégager de la complexité, des excès et du trouble générés par un esprit fragmenté et dispersé. L’excès peut porter sur des possessions, des engagements ou des pensées. Un esprit victime d’excès dans un domaine quelconque est un esprit dépourvu de calme et d’équilibre. Privés de calme intérieur, nous sommes exposés à nous sentir fréquemment dépassés par les événements de nos mondes intérieur et extérieur. La recherche de la simplicité commence par une réflexion honnête sur nos vies pour y détecter les excès de complexité et d’obligations. Faisons-nous trop de choses ? Avons-nous trop d’engagements ? Avons-nous trop d’exigences ? Ces conditions signalent leur existence par la tension, les pensées obsessionnelles ou répétitives, les réactions habituelles et le stress. Nous pouvons interpréter ces signaux de complexité et d’excès comme des messagers qui nous invitent à accorder une attention claire et consciente aux façons dont nous pouvons nous désengager, pour trouver la simplicité et le calme.

La simplicité peut être développée consciemment par une attention calme et soutenue. Apprendre à être simplement présent, à faire entièrement attention au moment où nous sommes, telle est l’approche de méditation que nous pouvons appliquer à la totalité de la vie. Cultiver la simplicité implique invariablement de l’associer à la renonciation — non dans une recherche d’ascétisme, mais pour trouver le calme et l’équilibre. Des strates de jugement, d’évaluation et de comparaison sont autant de fardeaux inutiles qui nous empêchent de voir chaque individu et chaque moment de notre vie tels qu’ils sont réellement. Apprenons à renoncer, et à accorder une attention entière à un moment à la fois. À un moment quelconque de notre vie, nous ne pouvons nous occuper de chaque détail du passé ou du futur. Nous ne pouvons nous occuper avec attention que du moment où nous sommes. Les pensées relatives au passé et au futur continueront de surgir dans le présent — si nous les examinons à la lumière d’une attention claire et simple, elles perdront leur caractère d’urgence et s’évanouiront. La clarté de l’attention peut susciter des réponses intuitives à nos interrogations.

La simplicité apporte le calme dans notre vie extérieure, mais il convient de la cultiver aussi dans notre monde intérieur. La méditation ne vise pas à accumuler des théories et des informations, mais à promouvoir l’intuition et la clarté. Elle n’a rien à faire avec des objectifs, des évaluations et des comparaisons. Elle consiste à apprendre à être simplement présent, à se préoccuper entièrement du moment où nous nous trouvons. Par la force de l’habitude, notre esprit exige des réponses et des solutions, cherche à être rassuré et à mettre des noms sur ce qui nous arrive, mais tout ceci fait obstacle à la clarté de l’attention. Nous devons donc renoncer à ces exigences, ces pensées et ces comparaisons aussi nocives que superflues.


L’application

Les thèmes centraux de l’application et de la persévérance se retrouvent dans toutes les grandes histoires de la spiritualité et sont des principes essentiels pour toutes les traditions de méditation. En avançant dans la méditation, nous n’aurons pas toujours de profondes révélations ou des éclairs de lucidité excitants. N’attendons pas que chaque période de méditation soit remplie de découvertes brillantes ou de moments d’extase. De tels moments peuvent nous venir, mais il y aura aussi de nombreux moments où il semblera qu’il ne se produit rien, que nous ne progressons pas, et où notre méditation n’apportera rien d’autre qu’une sensation d’ennui. Il peut y avoir aussi des moments de désarroi intérieur, avec des états d’âme difficiles à vivre. C’est naturel. Il est rare que la méditation de quiconque se déroule de façon prévisible, linéaire. Il y a des vallées et des pics, des hauts et des bas, des moments de délices et des moments difficiles.

Les qualités d’application et de persévérance sont nos soutiens essentiels au cours du voyage, elles nous permettent de conserver l’équilibre en dépit de changements imprévus ou indésirables. Lorsque nous désespérons faute de progrès ou que nous sommes assaillis par les tempêtes intérieures de la pensée, il est temps, non de céder au désespoir, mais de réfléchir à nos intentions initiales et à la vision qui nous a incités à entamer notre exploration. Cet exercice nous permettra de renouer avec notre intention de nous ouvrir et de faire face à toute difficulté qui se présente. La méditation doit provoquer l’éveil, et l’éveil est un processus inclusif — il englobe tous les aspects de notre être et de notre vécu, ceux qui sont agréables et ceux qui sont déplaisants. Les moments où notre méditation nous procure des sensations de délices ne doivent pas non plus nous inciter à relâcher notre attention. L’aptitude à revenir et à soutenir l’attention au milieu des hauts et des bas comme aux moments d’enthousiasme ou de déception renforce notre stabilité intérieure et notre capacité d’application.


Le temps

La variété des styles de vie et des engagements de chacun ne permet pas de prescrire la quantité de temps à consacrer à la pratique de la méditation.

Certains pourront consacrer de longues périodes dans des contextes de retraite plus isolée et entreprendre l’exploration systématique d’une discipline méditative. Il se peut aussi que le niveau de nos engagements ne permette qu’une pratique régulière et quotidienne et que cette approche convienne mieux à notre tempérament.

Il est bon de prévoir un moment de la journée réservé à la méditation formelle. Le matin au réveil ou le soir au coucher sont des moments propices au calme et à la réflexion. Faire de ces périodes de méditation des éléments de notre routine quotidienne est particulièrement recommandé. Nous pouvons commencer par des périodes de 15 à 30 minutes. Il convient d’aborder ces moments avec soin — ils ne sont pas faits pour passer en revue notre journée ou pour penser à ce que nous n’avons pas pu faire. Ce sont des moments de focalisation et d’application.


Le lieu

Il est tout aussi souhaitable de prévoir le lieu de la méditation que de réserver le temps à lui consacrer. Il n’est pas nécessaire de se retirer dans une grotte ni au sommet d’une montagne, mais il convient pour méditer de créer autour de soi une ambiance de simplicité susceptible de nous rappeler l’importance des soins à apporter à notre paysage intérieur. Un angle de notre chambre à coucher peut être notre espace réservé. Si possible, trouvez un endroit abrité des bruits excessifs et autres dérangements. C’est le moment d’éteindre les téléphones et les télévisions et de créer autour de soi un espace de silence et de quiétude.

Avant même de commencer à méditer, la plupart d’entre nous ont été exposés à des images de la méditation sous la forme de statues du Bouddha et d’autres images religieuses. Certaines traditions de méditation comme le zen insistent beaucoup sur l’adoption d’une posture particulière, tandis que d’autres lui accordent une moindre importance. Que vous choisissiez de vous asseoir dans la position complète du lotus ou dans un fauteuil, voici quelques recommandations qui pourront vous être utiles.

Il importe que vous vous sentiez à l’aise et détendu dans votre posture. Votre méditation ne sera pas très fructueuse si elle se passe à lutter contre un inconfort excessif ou une tension dans le corps. La méditation est un processus axé sur la sensibilité et sur l’accueil du moment, et ce processus commence par la relation que vous avez avec votre corps. Faites des essais jusqu’à ce que vous trouviez une posture que vous pouvez conserver sans effort. Il est préférable d’être assis avec le dos droit, que ce soit sur un coussin, sur le sol ou sur une chaise. Laissez votre corps se relaxer, vos yeux peuvent être soit fermés soit simplement fixés sur le sol devant vous. Votre corps peut exprimer la qualité de souplesse et d’attention que vous recherchez dans votre méditation.


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°6 (Printemps 2018)


 

Christina Feldman
© Bodhi College

Christina Feldman enseigne la méditation depuis plus de trente ans en Europe et aux États-Unis. Mère de deux enfants, elle joue un rôle actif à Gaia House, un centre de retraire méditative qu’elle a cofondé en Angleterre (Devon). Au milieu de toute cette activité, elle est inébranlable, simple et charmante. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages.




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