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PRATIQUER L’AMOUR

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 oct. 2024
  • 14 min de lecture

Extrait de Sans boue, pas de lotus, Thich Nhât Hanh, Éditions Courrier du Livre




Méditation sur l’amour

inspirée par le Visuddhimagga (Le Chemin de la purification),

un ouvrage écrit par Buddhaghosa


Puissé-je être en paix, heureux et léger de corps et d’esprit.

Puisse-t-elle être en paix, heureuse et légère de corps et d’esprit.

Puisse-t-il être en paix, heureux et léger de corps et d’esprit.

Puissent-elles être en paix, heureuses et légères de corps et d’esprit.

Puissent-ils être en paix, heureux et légers de corps et d’esprit.

Puissé-je être en sécurité et qu’il ne m’arrive aucun mal.

Puisse-t-elle être en sécurité et qu’il ne lui arrive aucun mal

Puisse-t-il être en sécurité et qu’il ne lui arrive aucun mal.

Puissent-elles être en sécurité et qu’il ne leur arrive aucun mal.

Puissent-ils être en sécurité et qu’il ne leur arrive aucun mal

Puissé-je être libre de la colère, des soucis, de la peur... Puisse-t-elle être libre de la colère, des soucis, de la peur... Puisse-t-il être libre de la colère, des soucis, de la peur...

Puissent-ils être libres de la colère, des soucis, de la peur ...

Puissent-elles être libres de la colère, des soucis, de la peur ...



La méditation metta est une pratique qui nous permet de cultiver la compréhension, l’amour et la compassion, en regardant profondément d’abord en nous-mêmes, puis dans les autres. Si nous nous aimons et prenons soin de nous, nous pouvons être beaucoup plus utiles pour les autres. La méditation metta peut être pratiquée en partie ou en totalité. La récitation d’un simple vers de la méditation metta suffit à apporter plus de compassion et de guérison dans le monde.

Aimer, c’est, avant tout, nous accepter tels que nous sommes. C’est la raison pour laquelle « Puissé-je être... » est la première pratique de cette méditation sur l’amour. Voir toutes les conditions qui nous ont amenés à devenir ce que nous sommes nous permet de nous accepter plus facilement, et de mieux accepter notre souffrance et notre bonheur.

En pali, metta désigne la bienveillance, la « bonté aimante ». Nous commençons en formulant une aspiration : « Puissé-je être... » Puis, dépassant ce niveau d’aspiration, nous examinons attentivement tous les aspects positifs et négatifs de l’objet de notre méditation, en l’occurrence nous-même. La volonté d’aimer n’est pas encore l’amour. Nous explorons profondément les choses de tout notre être, parce que nous sommes déterminés à comprendre. Il ne s’agit pas de répéter des mots ou d’imiter les autres, ni de chercher à atteindre un idéal. La pratique de la méditation sur l’amour n’est pas de l’autosuggestion. Il ne s’agit pas de dire : « Je m’aime. J’aime tous les êtres. » En observant minutieusement notre corps, nos sensations, nos perceptions, nos formations mentales et notre conscience, nous verrons, en l’espace de quelques semaines seulement, que notre aspiration à aimer s’est transformée en intention profonde. Dès lors, l’amour sera présent dans nos pensées, nos paroles et nos actes, et nous constaterons que nous sommes devenus plus « apaisés, heureux et légers de corps et d’esprit, en sécurité, libres de la colère, de l’avidité, de l’aversion, de l’ignorance, de la peur et de l’angoisse ».

En pratiquant, nous observons la paix, le bonheur et la chance que nous avons déjà. Nous sommes attentifs à nos craintes d’avoir un accident ou qu’il arrive un malheur, et nous prenons conscience de la colère, de l’irritation, de la peur, de l’inquiétude ou des angoisses qui sont en nous. C’est cette pleine conscience de nos états d’esprit qui nous permet d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes. Voyant que nos peurs et notre agitation mentale contribuent à notre mal-être, nous comprendrons toute l’importance de nous aimer et de cultiver un cœur de compassion.

Dans cette méditation sur l’amour, « la colère, l’avidité, l’aversion, l’ignorance, la peur et l’angoisse » sont l’ensemble des états d’esprit négatifs qui sont présents en nous et nous privent de notre paix et de notre bonheur. La colère, la peur, l’angoisse, le désir, l’avidité et l’ignorance sont les principales racines de la souffrance de notre époque. En vivant votre vie en pleine conscience, vous pourrez faire face à ces états d’esprit, et votre amour se traduira en actes.

La méditation sur l’amour que je vous propose est adaptée du Visuddhimagga (Le Chemin de la purification), un ouvrage écrit par Buddhaghosa au ve siècle, dans lequel il présente de manière méthodique les enseignements du Bouddha.

Cette méditation sur l’amour se récite intérieurement en étant assis, le corps et la respiration apaisés. La position assise est idéale pour effectuer cette pratique. En étant assis et immobile, vous n’êtes pas trop sollicité par l’extérieur, ce qui vous permet de regarder profondément en vous-même, tel que vous êtes, de cultiver l’amour envers vous-même et de déterminer comment exprimer au mieux cet amour dans le monde.

Vous commencez par pratiquer cette méditation sur l’amour pour vous-même (« Puissé-je être... »). Tant que vous ne saurez pas vous aimer et prendre soin de vous-même, vous ne serez pas d’une grande aide pour les autres. Vous pratiquez ensuite pour les autres (« il »/« elle », « ils »/« elles »), en commençant par quelqu’un de votre entourage, puis en poursuivant avec quelqu’un de neutre, quelqu’un que vous aimez et, enfin, quelqu’un dont la seule pensée vous fait souffrir.

Selon le Bouddha, un être humain est composé de cinq éléments, ou skandha en sanskrit : la forme (le corps), les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience. Ces éléments sont votre territoire, et vous en êtes, en quelque sorte, le gardien. Pour savoir ce qui se passe réellement en vous, vous devez examiner attentivement ce qui se passe dans votre territoire et tenter d’y déceler les éléments qui sont en guerre les uns avec les autres. Si vous voulez que l’harmonie, la réconciliation et la guérison soient possibles en vous, vous devez d’abord vous comprendre vous-même. C’est pourquoi vous devez commencer par explorer votre territoire avec le regard profond et l’écoute attentive.

Commencez par examiner attentivement votre corps. Demandez-vous : « Comment est mon corps, en ce moment ? Comment était-il dans le passé ? Comment sera-t-il dans quelques années ? » Ensuite, quand vous méditerez sur quelqu’un de proche, quelqu’un de neutre, quelqu’un que vous aimez et quelqu’un que vous détestez, vous commencerez toujours par examiner son aspect physique. En inspirant et en expirant, vous visualisez son visage, sa façon de marcher, de s’asseoir, de parler, son cœur, ses poumons, ses reins et tous les organes de son corps, en prenant le temps d’amener ces détails à votre conscience. Mais vous commencez toujours par vous-même. Dès l’instant où vous voyez clairement vos cinq skandha, la compréhension et l’amour sont là naturellement, et vous savez ce qu’il faut faire et ne pas faire pour mieux prendre soin de vous.

Regardez votre corps pour voir s’il est détendu ou s’il souffre d’une maladie. Regardez comment vont vos poumons, votre cœur, vos intestins, vos reins et votre foie pour savoir ce dont votre corps a réellement besoin. Cela vous incitera, par la suite, à manger, boire et agir en faisant preuve d’amour et de compassion envers votre corps et à observer les mauvaises habitudes qui sont fortement ancrées en vous. Avec le regard profond, voyant que ces habitudes ne sont pas bonnes pour votre corps et pour votre esprit, vous vous appliquez à les transformer afin de rester en bonne santé et de maintenir votre vitalité.

Vous observez, ensuite, vos sensations – qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres. Les sensations s’écoulent en nous comme une rivière, chaque sensation étant une goutte d’eau de cette rivière. Regardez la rivière de vos sensations et observez comment elles apparaissent. Observez ce qui vous empêche d’être heureux et faites de votre mieux pour le changer et, surtout, n’oubliez pas de cultiver les éléments merveilleux qui sont présents en vous et dans le monde et qui ont le pouvoir de vous régénérer et de vous apaiser. Vous gagnerez ainsi en stabilité et serez plus à même de vous aimer vous-même et d’aimer les autres.

 Puis, vous méditez sur vos perceptions. Le Bouddha a observé : « Ceux qui souffrent le plus dans ce monde sont ceux qui ont beaucoup de perceptions erronées... Et la plupart de nos perceptions sont erronées. » Vous voyez un serpent dans le noir et vous paniquez, mais, quand votre ami l’éclaire, vous ne voyez qu’une corde. C’est pourquoi il est si important d’apprendre à discerner les perceptions erronées qui vous font souffrir. Je vous invite à prendre votre plus belle écriture pour inscrire la phrase « En es-tu sûr ? » sur une feuille que vous accrocherez au mur. La méditation sur l’amour vous aide à apprendre à regarder les choses avec clarté et sérénité de façon à améliorer la perception que vous en avez.

Vous observez, ensuite, vos formations mentales, les idées et les tendances qui sont en vous et vous poussent à parler et à agir comme vous le faites. Pratiquez le regard profond pour découvrir la véritable nature de vos formations mentales et voir comme vous êtes influencé par votre conscience individuelle, mais aussi par la conscience collective de votre famille, de vos ancêtres et de la société. Les formations mentales négatives sont source de nombreux tourments, tandis que les formations mentales positives apportent amour, bonheur et libération.

Pour terminer, vous observez votre conscience. Dans le bouddhisme, la conscience est semblable à un champ contenant toutes sortes de graines : aussi bien des graines d’amour, de compassion, de joie et d’équanimité que des graines de colère, de peur ou d’inquiétude. La conscience est l’endroit où sont stockées toutes ces graines, toutes ces possibilités qui peuvent se manifester dans votre esprit. Quand votre esprit n’est pas en paix, cette agitation peut être due à des désirs et à des états d’esprit qui sont enfouis dans le tréfonds de votre conscience. Pour vivre en paix, vous devez savoir quelles sont vos tendances, vos énergies d’habitude, et vous serez plus maître de vous-même. C’est une pratique de soins préventifs. Examinez attentivement la nature des états d’esprit qui sont en vous afin d’en comprendre l’origine, de repérer ceux qui ont besoin d’être transformés et de nourrir ceux qui vous apportent paix, joie et bien-être.


« Inutile de parler d’aimer et d’accepter les autres tant que l’on se rejette soi-même et que l’on continue de se faire souffrir, physiquement et mentalement »

 


Vous pouvez poursuivre en exprimant vos aspirations, d’abord pour vous-même et ensuite pour autrui.


Puissé-je savoir me regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puisse-t-il savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puisse-t-elle savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissent-elles savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissent-ils savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissé-je savoir reconnaître et toucher en moi les graines de la joie et du bonheur.

Puisse-t-elle savoir reconnaître et toucher en elle les graines de la joie et du bonheur.

Puisse-t-il savoir reconnaître et toucher en lui les graines de la joie et du bonheur.

Puissent-elles savoir reconnaître et toucher en elles les graines de la joie et du bonheur.

Puissent-ils savoir reconnaître et toucher en eux les graines de la joie et du bonheur.

Puissé-je savoir discerner en moi les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puisse-t-elle savoir discerner en elle les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puisse-t-il savoir discerner en lui les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puissent-elles savoir discerner en elles les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puissent-ils savoir discerner en eux les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

 


« Puissé-je savoir me regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour. » Un jour, alors que nous venions de pratiquer la méditation sur l’amour au Village des Pruniers, une femme est venue se confier à moi : « Pendant que je méditais sur mon compagnon, je me suis aperçue que je commençais à moins l’aimer. Et en méditant sur la personne que je déteste le plus, je me suis mise à me détester moi-même. »  Avant de méditer, son amour pour son compagnon était si passionnel qu’elle ne voyait pas ses défauts. La pratique lui a permis de commencer à le voir plus clairement et de comprendre qu’il n’était pas aussi parfait qu’elle l’avait imaginé. Elle a alors pu l’aimer moins passionnément en faisant preuve d’une plus grande compréhension, et son amour pour lui est devenu plus fort et plus profond.

En méditant, elle a également découvert qu’elle était la personne qu’elle détestait le plus, mais elle a aussi compris les différentes raisons l’ayant conduite à se comporter aussi durement avec son compagnon et a pris conscience de la souffrance qu’elle lui avait fait endurer.

Comme pour les autres pratiques, nous commençons par nous-mêmes afin de comprendre notre véritable nature. Inutile de parler d’aimer et d’accepter les autres tant que l'on se rejette soi-même et que l’on continue de se faire souffrir, physiquement et mentalement. Avec la pleine conscience, nous pouvons reconnaître nos schémas de pensée habituels et le contenu de nos pensées. Nous éclairons les circuits neuronaux de notre esprit avec la lumière de la pleine conscience de manière à les voir clairement.

Chaque fois que nous voyons ou entendons quelque chose, notre attention peut être appropriée ou inappropriée. Avec la pleine conscience, nous pouvons reconnaître la qualité de notre attention et décider d’abandonner une attention inappropriée et de nourrir une attention appropriée. Une attention mentale appropriée – yoniso manaskara, en sanskrit – est source de bonheur, de paix, de clarté et d’amour. Avec une attention inappropriée – ayoniso manaskara –, notre esprit est empli de tristesse, de colère et de ressentiment. La pleine conscience nous aide à pratiquer l’attention appropriée et à arroser les graines de paix, de joie et de libération qui sont en nous.

Nous utilisons, ensuite, notre pleine conscience pour éclairer nos paroles, en veillant à utiliser la parole aimante et à ne rien dire qui pourrait créer un conflit, que ce soit envers nous-mêmes ou envers autrui. Nous examinons, ensuite, les activités du corps. La pleine conscience éclaire notre façon de nous tenir debout, de nous asseoir, de marcher, de sourire, de froncer les sourcils et de regarder les autres. Elle nous permet de distinguer les actes qui sont source de bienfaits de ceux qui ne le sont pas.

La compréhension de soi-même et d’autrui est la clé qui ouvre la porte de l’amour et de l’acceptation de soi-même et des autres.

« Puissé-je savoir reconnaître et toucher en moi les graines de la joie et du bonheur. » Notre conscience du tréfonds est comme le sol qui contient toutes sortes de graines – positives et négatives. Nous sommes, en quelque sorte, les jardiniers de notre esprit, et notre tâche consiste à reconnaître les bonnes graines, les meilleures graines, et à les arroser et les cultiver. Toucher les graines de la joie, de la paix, de la liberté, de la stabilité et de l’amour qui sont présentes en chacun de nous est une pratique importante qui nous aide à avancer dans la direction de la santé et du bonheur.

« Puissé-je savoir reconnaître et toucher en moi les racines de la colère, de l’avidité et de l’ignorance. » Nous pratiquons le regard profond pour comprendre les causes et les conditions qui ont fait apparaître ces états d’esprit et cherchons à savoir depuis combien de temps ils sont là. Nous pratiquons la pleine conscience dans notre vie quotidienne pour être attentifs aux états d’esprit négatifs qui sont présents en nous – tels que l’avidité, la colère, l’ignorance, l’arrogance et la suspicion – et prendre conscience de toute la souffrance qu’ils nous ont causée et ont causée aux autres.

Si nous voulons aider les autres à ne plus être en colère, nous devons commencer par maîtriser notre propre colère. Chaque fois que nous nous querellons, nous arrosons les graines de la colère en nous. C’est pourquoi, quand la colère se manifeste, il est essentiel de revenir en soi-même et d’utiliser l’énergie de la pleine conscience pour l’embrasser, la calmer et l’éclairer. Ne croyez pas que vous vous sentirez mieux en laissant exploser votre colère et en faisant souffrir l’autre. Il risque de réagir encore plus vivement, et ce sera l’escalade de la colère. Le Bouddha a enseigné que lorsque la colère apparaît, mieux vaut fermer les yeux et les oreilles, revenir en soi-même et rechercher ce qui a pu la provoquer. Quand vous transformez votre colère, ce n’est pas seulement vous-même que vous libérez. Tout le monde en profite, même ceux qui sont loin.

Regardez votre colère avec toute votre attention, comme vous regarderiez un enfant, sans la rejeter ou la détester. La méditation n’a pas pour but de vous transformer en champ de bataille. La respiration consciente apaise la colère, puis la pleine conscience pénètre en elle. La colère n’est qu’un champ d’énergie qui peut être transformé, comme tous les autres champs d’énergie.

[…]

Les idées que nous nous faisons du bonheur ne sont qu’un piège. Nous oublions que ce ne sont que des idées, et ce sont parfois précisément les idées que nous avons du bonheur qui nous empêchent d’être heureux. Lorsque nous sommes persuadés que le bonheur doit prendre telle ou telle forme, nous passons à côté des occasions de joie qui sont déjà là, à notre portée.

Le bonheur n’est pas quelque chose d’individuel ; sa nature est celle de l’inter-être. Si vous avez la faculté de faire sourire un ami, son bonheur vous nourrira. Quand vous cultivez la paix, la joie et le bonheur, vous le faites pour tout le monde. Commencez par vous nourrir de sentiments de joie. Allez faire quelques pas dans la nature en méditation marchée et appréciez l’air frais, les arbres et les étoiles dans le ciel nocturne. Que faites-vous pour vous nourrir ? Il est important de discuter avec de bons amis des moyens concrets qui peuvent nourrir la joie et le bonheur. Quand vous mettrez en œuvre ces moyens, votre souffrance, votre chagrin et vos formations mentales négatives commenceront à se transformer.

Chaque matin, vous vous remettez en chemin en veillant à ne pas vous écarter de votre but. Le soir, avant d’aller vous coucher, prenez quelques minutes pour passer en revue la journée : « Est-ce qu’aujourd’hui j’ai vécu dans la direction de mes idéaux ? » Si vous voyez que vous avez fait deux ou trois pas dans cette direction, c’est déjà bien. Sinon, dites-vous : « Je ferai mieux demain. » Ne vous comparez pas aux autres. Regardez simplement en vous-même pour vous assurer que vous allez dans la direction que vous avez choisi de suivre. Prenez refuge dans ce qui est solide. Si vous vous appuyez sur quelque chose d’instable, vous tomberez.

La liberté signifie, ici, transcender le piège des désirs néfastes et s’affranchir des attachements, que ce soit envers une institution, un diplôme ou un titre. Nous avons tous rencontré des personnes qui sont capables d’accomplir de grandes choses tout en étant totalement libres.

« Puissé-je me libérer des deux extrêmes que sont l’attachement et l’aversion, sans pour autant tomber dans l’indifférence. » Le genre d’amour que le Bouddha nous invite à cultiver n’a rien à voir avec la possessivité ou l’attachement. Que nous soyons jeunes ou vieux, nous avons tous tendance à nous attacher. Dès la naissance, l’attachement au soi est déjà là. Dans des relations amoureuses saines, il peut y avoir un certain degré de possessivité et d’attachement, mais, s’il devient excessif, les deux personnes en souffrent. Si un père considère que son fils lui appartient ou qu’un jeune homme tente d’imposer des contraintes à sa petite amie, l’amour se transforme en prison. Il en est de même dans des relations entre amis, entre maîtres et disciples, etc. L’attachement entrave le flux de la vie. Sans la pleine conscience, l’attachement risque de se transformer en aversion ; et l’attachement et l’aversion conduisent tous deux à la souffrance. Quand vous aurez examiné attentivement la nature de votre amour et déterminé le degré d’attachement, de despotisme et de possessivité qu’il contient, vous pourrez commencer à en dénouer les nœuds. Les graines de l’amour véritable – la bonté aimante, la compassion, la joie et l’équanimité – sont déjà là, dans notre conscience du tréfonds. Avec la pratique du regard profond, les graines de l’attachement et de l’aversion vont diminuer, et les graines positives, grandir. Nous pouvons ainsi transformer l’attachement et l’aversion et développer un amour si vaste qu’il englobe et embrasse tout. Quand nous sommes indifférents, rien ne peut nous réjouir, nous intéresser ou nous motiver. Nous ne savons pas ce qu’est l’amour ou la compréhension, et notre vie est dépourvue de joie ou vide de sens. Nous ne remarquons même pas les beautés de la nature ni les rires des enfants autour de nous. Nous sommes incapables d’accueillir la souffrance ou le bonheur des autres. Si vous êtes dans un état d’indifférence, demandez de l’aide à vos amis. La vie est pleine de souffrances, mais elle est aussi pleine de merveilles.




Thich Nhât Hanh est le nom sous lequel est connu le maître zen vietnamien dans le monde entier, comme écrivain, enseignant, poète et militant pour la paix. Le 22 janvier 2022, Thich Nhât Hanh est décédé paisiblement au temple Tu Hieu à Hué, au Vietnam, à l’âge de 95 ans. Au cours d’une carrière extraordinaire d’enseignant qui s’étend sur plus de soixante-dix ans, Thich Nhât Hanh a contribué à transformer le bouddhisme en une pratique vivante qui peut continuer à se renouveler au xxie siècle.

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