Par Dzongar Jamyang Kyentsé Rinpoché
Extrait de Living is dying
Traduction : Sagesses Bouddhistes
Quelle que soit votre croyance ou votre pratique spirituelle, aspirez toujours à reconnaître que vos rêves ne sont que des rêves. Tandis que vous rêvez, sachez que vous rêvez. La grande erreur que nous faisons tous dans chacune de nos nombreuses vies est d’imaginer que tout ce que nous vivons est réel. Arrêtez de faire cette erreur !
En vous endormant, simulez l’instant de votre mort en vous forçant à croire que vous êtes sur le point de mourir. Si vous le souhaitez, essayez la méthode suivante, qui est basée sur la pratique de l’aspiration.
Pour les non-bouddhistes
Tandis que vous vous allongez pour vous endormir, pensez : ce soir, je peux mourir. C’est peut-être ça. Je ne me réveillerai peut-être plus jamais.
Pardonnez à ceux à qui vous devez pardonner.
Oubliez tout ce qui devrait être oublié.
Rappelez-vous tout ce qui vous calme et vous détend – il peut s’agir d’une feuille qui tombe ou d’un canard qui cancane.
Plus important encore, faites le vœu que vous et tout autre être sensible aurez et expérimenterez tout ce qui est bon. En fait, si vous pouvez vous concentrer davantage sur les autres que sur vous-même, non seulement cela vous apportera une grande joie, mais cela vous assurera en même temps que l’on s’occupe également bien de vous.
Alors que vous vous endormirez, votre conscience de votre corps – ce que vos yeux voient, ce que votre nez sent, ce que votre langue goûte, et ainsi de suite – sera déconnectée par le sommeil.
Lorsque vous vous réveillez le matin suivant, imaginez que c’est une renaissance et qu’une nouvelle vie vient juste de commencer.
Observez comment vous vous reconnectez avec vos sens et vos objets sensoriels.
Remarquez le chant du merle, sentez votre mauvaise haleine du matin, appréciez la saveur de votre bouche nocturne.
Pensez :
Le monde dans lequel je me suis réveillé ne durera pas éternellement.
Regardez votre nouvelle table et ce paquet de papier à lettres japonais raffiné, non encore ouvert. Utilisez l’un et l’autre, et appréciez-les maintenant – c’est peut-être votre dernière chance.
Pour les bouddhistes
Si vous le souhaitez, suivez une vieille tradition bouddhiste et imaginez que tous les bouddhas et bodhisattvas se sont rassemblés sur votre oreiller. Puis, juste avant de vous allonger, offrez-leur une prosternation.
Si vous voulez imiter la fameuse position couchée du Bouddha, allongez-vous sur le côté droit afin de vous endormir.
Pensez :
Je veux faire bon usage de cette nuit de sommeil.
Je me donne au Bouddha, au Dharma et au Sangha.
Je veux que cette nuit de sommeil soit bénéfique et significative pour les autres et pour moi-même.
Lorsque vous vous endormez, pensez :
Je suis en train de mourir ;
La conscience de mes sens se dissout.
Au réveil, pensez :
Je suis né de nouveau.
J’aspire à faire bon usage de cette vie éphémère
Pour mon propre bien et celui des autres.
Pour les pratiquants du Vajrayana
Aspirez à percevoir et à expérimenter la luminosité de la simple connaissance. Comme le processus d’endormissement offre une excellente occasion de reconnaître cette luminosité, faites de profonds souhaits afin de simplement « connaître ». Au moment de la mort, tous vos mécanismes sensoriels se dissolvent, ce qui signifie que cette « simple connaissance » ne sera pas gênée par vos sens ou par votre réaction aux objets sensoriels. Il ne restera plus que votre esprit.
Ainsi, en gardant à l’esprit la pratique du sommeil qui a déjà été décrite, visualisez un lotus au centre de votre cœur, sur lequel repose votre maître, qui est l’incarnation de tous les Bouddhas. Puis, lorsque vous vous endormirez, pensez à votre maître.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°9 (Hiver 2019)