Par Tenzin Ösel Hita
Traduction : Sylvie Gauthier
Illustration : Christine Schnoell pour One Big Love
L’essence, c’est pouvoir s’aimer soi-même. C’est pouvoir s’aimer soi-même et aussi la personne qui est près de nous, et aussi toutes celles que nous croisons.
En fait, nous vivons dans une dynamique de partage. En premier lieu, nous partageons l’espace, nous partageons la Terre, nous partageons l’air que nous respirons, nous partageons le soleil. Nous partageons tout un tas de choses.
La vie, c’est partager. C’est une merveilleuse façon d’apprendre, de grandir. Sans partage, je crois qu’il est difficile de vivre réellement. En fait, le propos même de la vie est le partage.
Les enseignements, le Dharma parlent de bodhicitta, la compassion. Cela commence par la compassion envers soi-même. Mais si vous êtes seul, si vous êtes le seul être sensible, les textes disent qu’il sera difficile de vous éveiller.
Si on est seul, comment pratiquer la compassion ? La patience ? L’humilité ? Il n’y a personne avec qui échanger, personne avec qui mettre en pratique ces qualités. C’est grâce à tous les autres êtres sensibles que nous pouvons pratiquer et nous améliorer. Collectivement. Nous nous entraidons tous, à tous les égards, même si nous n’en sommes pas conscients.
Nous sommes totalement interdépendants. C’est complexe, mais c’est un peu comme si nous étions une grande famille. Si nous développons une vue large, il devient plus aisé de cesser de s’en faire à propos de nous-mêmes, parce que, si nous regardons finement, il n’y a pas de « je » immuable.
Parfois, nous sommes un peu trop tendus, un peu trop absorbés par nous-mêmes, un peu trop impatients. Des tas de choses deviennent problématiques dans nos vies parce que nous ne voyons pas la réalité dans son ensemble. Moins nous sommes centrés sur nous-mêmes, plus il est facile d’être heureux.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°16 (Hiver 2020)
Tenzin Ösel Hita Torres est reconnu par Sa Sainteté le Dalaï-Lama comme étant la réincarnation de lama Thubten Yéshé. Après un cursus d’études complet dans l’université monastique de Séra Djé, Ösel a décidé de quitter la vie monastique pour découvrir les manières de vivre et de penser contemporaines.