top of page
loading-gif.gif

Les Rycroft

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 juin 2023
  • 13 min de lecture

Une famille de pratiquants


Propos recueillis par Philippe Judenne

 



David et Vinciane Rycroft pratiquent le bouddhisme vajrayana tibétain depuis des décennies.

Leurs deux filles, Amalée et Eva, âgées de 25 et 23 ans, ont grandi avec la communauté et le centre de pratique de leurs parents. Tous les quatre se prêtent au jeu d’une interview animée et pas vraiment planifiée, à l’occasion d’un week-end en famille.

 

 

En regardant en arrière, qu’est-ce que le bouddhisme représentait pour vous et qu’est-ce qu’il représente pour vous maintenant ?

Vinciane Rycroft : Écoutez, très honnêtement, pour moi, ça n’a pas vraiment changé. C’était et c’est une recherche de la nature de la réalité. Quel est le sens de tout ce qui nous apparaît ? Comment ça fonctionne ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je suis vivante ? Comment est-ce que je peux traverser la pièce ? C’est juste cette compréhension très basique du vivant et une approche vraiment complète, à la fois philosophique, psychologique et immédiate dans l’expérience de la méditation et de la pratique. Une approche très complète de l’expérience du quotidien qui donne des clés pour pouvoir la lire et pour faire des choix, naviguer de façon sage et, on espère, avec un peu de compassion. Pour moi, c’était ça au début et c’est toujours ça maintenant. Tout cet aspect qui consiste à idéaliser les maîtres n’était pas du tout mon truc. J’étais très sceptique pendant de nombreuses années, ce qui a eu pour conséquence, dans les moments de crise de confiance, de partir d’un endroit différent de beaucoup d’autres personnes qui idéalisaient le bouddhisme de ce point de vue-là. Cela dit, j’espérais quand même que dans le bouddhisme on puisse avoir une éthique plus profonde qu’ailleurs. Et là, j’ai bien réalisé qu’au bout du compte, bouddhiste ou pas bouddhiste, on est tous des êtres humains. Ce qui ne change pas le bouddhisme lui-même et la façon dont je m’y relie.

 

 

Quand vous parlez de « moments de crise », vous évoquez celle qui a touché des maîtres tibétains ou des enseignants ?

Vinciane : Non, la crise de confiance est beaucoup plus générale qu’envers certains maîtres. Elle est globale en ce moment. Elle n’est pas juste dans le bouddhisme mais aussi dans toutes les religions ; et je pense que c’est bien d’en avoir conscience.

 

 

Comment l’intégration du bouddhisme s’est déroulée pour vous ?

David : Même si à 23 ans j’avais la meilleure éducation du monde, j’avais le sentiment d’un manque. Cette éducation accumulait la connaissance des choses extérieures alors que je cherchais en fait une compréhension profonde de l’être, du vécu de l’intérieur. J’ai vraiment trouvé des clés dans le bouddhisme en suivant deux axes. D’une part, la lecture et l’écoute des enseignements : j’ai énormément lu de livres et j’ai écouté beaucoup d’enseignements (il y en avait moins dans les années 1990) au point que j’avais lu une bonne partie de ce qui existait. J’avais une compréhension satisfaisante de ce qu’était « comprendre le monde », une compréhension qui venait de l’étude. D’autre part, il y avait la méditation. Le bouddhisme est devenu pour moi le meilleur enseignement de la méditation et j’avais une confiance complète dans les instructions qui m’étaient données. Ces deux axes continuent de me guider. En fait, c’est une éducation spirituelle, une éducation humaine dans lesquelles j’ai 100 % confiance. À présent, j’ai l’impression que ça s’approfondit encore et que je continue, avec ces mêmes outils, d’en apprendre sur moi-même.

 

 

Eva, est-ce que le Dharma du Bouddha a été ou est central pour vous ?

Eva : Oui, complètement. Ça fait beaucoup plus partie de mon identité que je ne voudrais me l’avouer. Je pense que ça n’a pas toujours été comme ça. J’ai eu ma petite révolution quand j’étais adolescente, que je ne comprenais pas. Je ne voulais pas tout ça, j’étais un peu rebelle.

Ce qui est intéressant, c’est la façon dont je me suis rapprochée le plus de l’essence du bouddhisme : paradoxalement, c’était dans un contexte où il n’y avait pas de bouddhisme du tout. C’était lors d’un voyage où j’étais loin de ma famille, loin de mes études, loin de l’activité d’un travail : je n’étais plus associée à quoi que ce soit qui me faisait « être moi ».

J’ai retrouvé alors tout ce que j’avais appris depuis ma naissance – vu que je suis née dans le bouddhisme et dans une sangha. Quand je me suis retrouvée complètement hors de ce contexte, quand je n’ai plus eu aucun repère, j’ai eu l’impression d’avoir enfin capté l’essence de ce qu’était le bouddhisme, de tout ce qu’il était dans notre monde matériel. Ça a été le début conscient que c’était le chemin que je devais suivre – dans cette incarnation-ci. Il me fallait comprendre pourquoi il y avait toutes ces choses culturelles qui englobaient la religion… Pourquoi ne pouvait-on pas avoir juste une forme d’essence de ce qui est au cœur de la religion ? Pourquoi avait-on besoin de tous ces trucs autour ? Et petit à petit, bien sûr, la compréhension de ce que c’est vraiment se développe. J’ai récemment lu que l’essence du bouddhisme était comme le thé, et que le thé avait besoin d’une théière pour être contenu. 

 

 

Certains peuvent être réticents par rapport aux rituels très codifiés des religions. Était-ce le cas pour vous ?

Eva : Je pense que cela fait partie des choses pour lesquelles j’étais rebelle à l’adolescence. Mais on se rend compte que ces rituels ne sont pas plus solides que de manger des croissants à table en France. Ces rituels n’ont rien de plus que tous les rituels que nous faisons habituellement et que nous ne considérons pas en tant que tels parce que c’est « normal », parce que c’est accepté globalement – comme le fait par exemple de prendre sa voiture pour aller quelque part. Certes, ces rituels bouddhistes sont issus d’une autre culture et peuvent paraître un peu inhabituels, comme ce que l’on rencontre par exemple pendant un voyage en Inde. L’Inde semble tellement chaotique que nous nous demandons comment « cela » peut être la réalité des Indiens. Mais c’est pareil pour nous. Si nous tournons notre regard vers nous, comment pouvons-nous dire que « ça » peut être notre réalité ? C’est la même chose. C’est en fait juste une question d’être habituée, ou pas.

 

 

Comment le bouddhisme, peu à peu, a pris sens pour vous, Amalée ?

Amalée : Quand nous étions petites, nous baignions dans cet environnement, avec tous les thankas, les déités dans un temple bouddhiste tibétain avec toutes les couleurs… Ce foisonnement était pour moi la normalité, c’était là où je me sentais chez moi, à l’aise et heureuse, et ça l’est toujours. Comme pour toute appartenance, on peut sentir qu’on appartient à quelque chose sans vraiment comprendre à quoi ou comment on y appartient. C’est comme une famille : on sait qu’on en fait partie mais on ne connaît pas toutes les générations qui l’ont précédée, et ont amené à la famille d’aujourd’hui.

Je n’ai pas du tout eu de phase de rébellion et j’étais un peu plus dans un stéréotype de l’aînée qui suit le chemin des parents. À la fin de ma scolarité, j’ai décidé d’aller au Népal pour étudier un texte bouddhiste pendant quatre mois. C’est à ce moment-là, je crois, que je me suis approprié un peu mon chemin spirituel et le bouddhisme. J’avais l’impression d’avoir une vue d’ensemble sur les croyances, de pouvoir distinguer la part de mon éducation qui avait un rapport avec le bouddhisme de celle qui venait simplement de ce que mes parents avaient considéré comme important de transmettre.

 

 

David et Vinciane, quel âge avaient vos enfants quand vous avez commencé à réfléchir à une transmission ou à une éducation bouddhiste ?

Vincianne : Réfléchir, nous ? (rire général) On est plutôt dans la spontanéité. On n’a pas réfléchi parce que nous étions déjà dans le Dharma quand elles sont nées.

 

Amalée : Le Dharma était intégré dans notre manière de vivre en famille, et nous passions tous nos dîners à des conversations, à questionner pourquoi les choses étaient ce qu’elles étaient. C’était tout à fait normal.  

 

Eva : C’était tellement intégré que, par exemple, quand nous étions en primaire, nous avions des amis qui venaient manger des hamburgers à la maison tous les vendredis. Et papa, comme il l’a fait pendant toute notre enfance, aimait poser des questions. Des amies d’enfance se souviennent encore – et je les ai vues il y a quelques jours – du moment où papa a fait passer autour de la table une spatule et a demandé à quoi pourrait servir cette spatule autrement qu’à être une spatule. C’était une manière d’essayer de nous faire voir qu’on attribue une identité aux choses, alors qu’elles n’en ont pas. Et cette autre question : « quelle conception avez-vous de Dieu ? » avait été posée à nos amis un vendredi midi. J’avais neuf ans – pour donner le contexte ! Encore aujourd’hui on aime très souvent, dans nos conversations, quand on a du temps en famille, tourner autour des sujets sur notre perception de la réalité. Nous savons et aimons philosopher sur ce genre de choses parce que ça nous passionne tous – comme d’autres familles où les parents apprennent à leurs enfants à jouer au football le dimanche. On a grandi dedans et c’est pour nous la chose la plus naturelle qui soit. 

 

Amalée : Il y a des choses que je croyais être de la culture générale jusqu’au moment où, quand j’en parlais, on me regardait avec des yeux ronds. Petites, nos parents nous disaient « Pour se réchauffer quand on a froid, il faut visualiser du feu à un endroit situé à trois doigts en dessous du nombril. » Moi, je croyais que c’était la chose la plus normale du monde. (rires)

 

David : Un truc de yogi !

 

Vinciane : C’est quand on faisait du camping et qu’on était mort de froid. (rires)

 

Amalée : En fait, je me suis rendu compte beaucoup plus tard que c’était une transmission de quelque chose de particulier et pas juste du sens commun.

 

 

Avez-vous parfois le sentiment qu’une éducation bouddhiste avec laquelle on se construit va à contre-courant d’une société qu’on pourrait juger consumériste, stressée, et plutôt individualiste ?

Eva : J’ai l’impression que c’est à la fois tout le temps et… jamais en même temps.Dans le sens où tout ce qu'on a construit nous-mêmes – le fait qu'on soit humain, le fait qu'on soit incarné dans ce dans quoi on est, ce qu'on appelle le « monde », la société dans laquelle on est – j'ai l'impression, de mon point de vue très personnel, que tout a été tordu. Tout a été modifié, tout a été transformé dans sa nature. Tout a été trafiqué, tout est manipulé. Cela a été déformé dans toutes nos interactions, dans notre manière de traiter les autres, dans la manière dont on se sent nous-mêmes, notre façon d’appréhender la nature, de prendre soin des gens autour de nous, de se nourrir, dans la manière de voir notre esprit… Et en même temps, j’ai l’impression que c’est tellement loin de toutes les valeurs qui dans mon cœur sont associées au bouddhisme !

Dans le même temps, tout ce qui nous entoure, tout ce qui se produit autour de moi, en partant de ma propre expérience, est le reflet de quelque chose qui est déjà parfait. Et par conséquent, ce n’est pas séparé ni de moi, ni de ce que je peux appeler le bouddhisme.

Cela peut paraître paradoxal : le monde dans lequel on vit est en contradiction constante et complète avec ce qu’on peut associer à un certain niveau avec les valeurs du bouddhisme. Et en même temps, il n’y a pas de nature séparée réelle qui existe, qui fait que « c’est mal ». Non, c’est vraiment juste comme c’est. C’est exactement ce que c’est et c’est déjà parfait. Et ça ne sera jamais séparé. Il n’y a pas de dualité en fait. 

 

Amalée, avez-vous l’impression parfois de ramer à contre-courant dans un monde bien imparfait ?

Amalée : J’aime bien cette image de ramer à contre-courant. Oui parfois… mais en fait, les autres rameurs ne sont pas que des bouddhistes. Je viens de commencer ma première année en tant que prof à Londres et la plupart des personnes avec qui je travaille et avec qui je passe la plupart de mes journées ne sont pas bouddhistes. Et ces gens essaient d’aider les autres, ils agissent – quand ils peuvent et quand ils ne sont pas trop fatigués ou trop stressés – à partir d’un espace d’amour et de bienveillance. Et je vois autour de moi beaucoup de mouvements qui vont vers l’acceptation d’autrui, vers la reconnaissance de l’interdépendance au sein de notre planète et de l’environnement dans lequel on vit. Aux informations, je vois bien comme une grande ignorance autour de l’impact de nos actions sur la planète, sur les autres pays et entre les groupes humains. Je sais que je suis dans une bulle socioculturelle très spécifique et privilégiée où certains sujets sont mis en avant, et reconnus comme importants. Je sais que ce n’est pas pareil dans tous les cercles. Au premier trimestre, un de mes élèves est mort soudainement. C’était dur, noir. Je n’ai pas réprimé de sentiments. J’ai été très ouverte avec mes élèves, nous avons créé un espace dans les cours pour parler de lui, pour partager des souvenirs. Même si je n’ai pas pu accepter facilement la mort de cet enfant, j’étais à l’aise avec le fait de regarder mes sentiments et de ressentir pleinement cette impermanence. Je pense que cela se produit seulement quand on accepte que nous sommes capables de vraiment ressentir. Et à partir de ça, j’ai pu créer un espace pour que les élèves – avec leur permission bien sûr – le ressentent aussi et acceptent. Mais quand la classe a été d’accord pour donner un espace pour ça, j’étais capable de le tenir. Et je pense que ce n’est pas quelque chose que tous les profs auraient choisi de faire ou pu faire. Mais je ne sais pas si ce que j’ai pu faire vient seulement de l’apport du bouddhisme, où il est si courant de parler de la mort. Je pense que l’apport vient aussi du fait d’avoir vécu des deuils personnels et d’avoir eu des enseignements bouddhistes pour m’aider à vivre ces deuils. Tout cela m’a aidée pour accompagner les camarades de cet élève décédé. Est-ce que j’ai l’impression d’aller à contre-courant ? Il y a beaucoup de courants forts que l’on pourrait étiqueter comme négatifs – comme la surconsommation – mais à chaque fois que je vois un courant fort de ce type, je vois aussi un courant inverse qui est là, dans la société, et qui n’est pas du tout nourri par des idées bouddhistes. Mais il est là et je peux y participer et me sentir en appartenance.

Même si de l’extérieur cela paraît complètement séparé du bouddhisme, même si je suis attirées par l’anti-consommation, c’est parce que je vois l’interdépendance et que c’est un concept avec lequel j’ai grandi. Je trouve qu’il y a beaucoup de petits contre-courants positifs dans la société, qui ne sont pas bouddhistes mais desquels je me sens proche.

 

 

Comment peut-on avoir une éducation qui redonne un équilibre en décrivant des choses d’une autre façon, dans un monde où il y a beaucoup de biais inconscients ? À quel point peut-on essayer de mettre la lumière et redresser ces biais qui peuvent être des causes de la souffrance dans la société ?

David : Par exemple, il y a des arguments pour dire que les causes de l’anxiété et des dépressions qui montent chez les ados proviennent d’un vide philosophique, nihiliste ou matérialiste. Comment ouvrir le débat sans être vu comme un religieux fanatique ? Pour moi, c’est une question très intéressante parce que la caricature arrive vite. Si on commence à parler de réincarnation ou de karma ou de méditation, même si ces outils sont dans le monde depuis des milliers d’années – c’est l’éducation contemplative de l’Inde qui existait même avant le bouddhisme – ce langage-là sera perçu comme hippie, New Age et celui d’un gourou. Comment peut-on inviter une éducation qui soit plus large, plus ouverte sans verser dans un aspect qui peut être perçu comme fanatique ou ignorant ?

 

Amalée : Je crois que j’ai un peu réussi à faire ça à petite échelle avec certains élèves qui viennent vers moi. Ils sont stressés parce que toute l’estime qu’ils ont pour eux-mêmes dépend de leurs notes et de leur succès dans ces choses matérielles. Et j’ai eu des conversations avec des élèves pendant 1 h après l’école pour parler avec eux de la façon d’apprendre à reconnaître leur valeur intrinsèque. Sans utiliser des mots bouddhistes et en les encourageant à créer leur propre réflexion sur ce qui donne de la valeur à un humain, etc.

 

David : Voilà un exemple de biais inconscient : « Il faut accomplir quelque chose pour être aimé » qui peut être aussi un point de vue. Et donc, si par ces conversations que tu as avec les élèves, tu peux questionner ce point, c’est très bien.

 

Vinciane : Voilà, l’approbation du papa ! (rires) Qu’on veuille l’admettre ou non, il y a quand même une crise des religions, une grosse crise de confiance qui selon moi est due au dogmatisme. C’est le dogmatisme qui crée les déceptions, le sentiment de ne pas appartenir, de rejet. Si on était complètement ouvert en tant que pratiquants et qu’il n’y avait ni « bien » ni « mal », il n’y aurait pas de rejet, pas de déception. Il n’y aurait rien de tout ça. Quand j’entends cette nouvelle génération, c’est comme si le dogmatisme s’effritait et tombait en miettes.

C’est intéressant de voir ce que donne une deuxième génération de bouddhistes. Même si je n’ai pas l’impression que ma conception du bouddhisme a changé, il y a forcément eu une maturité, une flexibilité aussi qui s’est installée en nous. Ce que je trouve intéressant quand j’écoute Amalée et Eva, c’est qu’il n’y a pas de dogmatisme. J’entends en elles beaucoup moins de dogmatisme qu’en moi maintenant. Il y a quelque chose de beaucoup plus intégré, de plus mûr. J’entends de la non-dualité en action dans ce qu’elles disent, quelque chose de plus organique. Ça me permet de visualiser l’avenir du bouddhisme presque différemment et je me dis : « Ah d’accord, c’est à ça que ça va ressembler après nous ! »  Cette espèce de dialogue est quand même beaucoup plus intégrée parce que, de notre temps, on était davantage dans des questions sur la société, une société dans laquelle on allait à contre-courant comme des dialogues entre l’Est et l’Ouest. Je passe mon temps dans des conversations de ce type avec les membres de ma famille. Dans les conversations d’Amalée et d’Eva, j’entends quelque chose de complètement différent : il y a une maturation, une maturité qui a grandi entre les deux générations.

 

Amalée : Quand je suis dans le monde de l’éducation et du travail professionnel, je sens en moi qu’il y a une base et une fondation fortes, mais je sais que si – en ce moment je passe par différentes phases de pratique et de non-pratique –  si les phases où je ne pratique pas durent de plus en plus longtemps, quelque chose va se diluer au point de se réduire à ce qu’il reste de l’enfance et de l’adolescence. Si la phase où je ne pratique pas finit par durer toute ma vie, il y aura un truc qui se sera perdu.

La transmission ne se limite pas uniquement à ce que ma sœur et moi avons reçu au départ, ni à ce que nous avons déjà reçu dans la vie. Il y a quand même un effort continu à fournir, car ce n’est pas si simple de continuer de vivre et pratiquer ce que l’on a reçu en étant impliquée dans la société. Il y a une intégration.

 

Eva : Oui. C’est individuel, c’est dans sa propre pratique et dans son propre développement personnel sur son chemin, mais c’est aussi en tant qu’humain, tout simplement, que ça va se traduire. Ce n’est pas comme si Amalée et moi nous pouvions nous dire OK, on a tout reçu. Alors, si on veut transmettre quelque chose et vivre selon le scénario dont on vient de parler, il faut qu’il y ait une recherche continuelle et perpétuelle, qu’on clarifie toujours de plus en plus, et c’est comme ça qu’on peut transmettre quelque chose de plus en plus clair et qui peut être reçu.

 

Amalée : C’est beau… (en posant sa tête sur l’épaule d’Eva)

 


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°26 (Été 2023)


bottom of page