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 LE LODJONG (བློ་སྦྱོང་)  

Un peu d’histoire… 

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Atisha (982-1054) est l’un des rares personnages de l’histoire du Tibet qui ne soit pas sujet à controverse. Tout le monde sans exception le respecte et se souvient à quel point il a contribué à donner une vitalité nouvelle au bouddhisme, à l’aube de la Renaissance qui eut lieu au Tibet de l’an 950 à 1200 de notre ère. Cette contribution occupe aujourd’hui encore une place cruciale dans toutes les écoles du bouddhisme tibétain.  

Les enseignements les plus persistants de tous ceux transmis par Atisha sont ceux sur l’entraînement de l’esprit qu’il introduisit dans l’univers religieux tibétain, et qui prirent par la suite le nom de lodjong. 

En entraînant le pratiquant à la compassion et au développement de la sagesse, les enseignements du lodjong opèrent une profonde transformation dans son esprit. À la fois concrets et profonds, ces enseignements n’ont rien perdu en popularité ni en pertinence, malgré les immenses changements qui se sont produits sur le plan culturel au cours des mille dernières années. 

Comme on peut s’y attendre de la part d’une société aux tendances intellectuelles, depuis l’époque d’Atisha une très abondante littérature portant sur le lodjong a vu le jour au Tibet. Ce foisonnement extraordinaire se traduit par des recueils d’aphorismes percutants, des poèmes et des commentaires en prose. Certains éléments demeurent constants, notamment la façon dont Tchékawa Yéshé Dordjé (1101-1175) a distillé en sept points les enseignements d’Atisha. Ces sept points se composent d’une série de vers-racines dont l’origine est attribuée à Atisha en personne – ce qui malgré tout n’empêche pas un nombre surprenant de versions du lodjong dans lesquelles les différences portent non seulement sur la forme mais aussi sur le contenu lui-même. 

 

Une étude de divers textes-racines révèle que la reformulation des phrases d’origine est due en fait à ce qui semble être une vieille tradition courante parmi les enseignants du lodjong : les changements qu’ils apportaient traduisaient leur propre compréhension des enseignements et leur propre compréhension de ce qui constitue la méthode pédagogique la plus efficace pour les transmettre. La culture intellectuelle et religieuse tibétaine étant toujours florissante, la production littéraire relative au lodjong se poursuit donc tout naturellement de nos jours. 

La traduction anglaise du deuxième point des vers-racines de Tchékawa Yéshé Dordjé est inspirée par le 14e Shamar Rinpoché. Comme c’est souvent le cas avec les grands maîtres, cette traduction favorise parfois plus la compréhension du sens profond que la signification littérale des mots tibétains. Que le lecteur connaissant le tibétain ne s’étonne donc pas si certains aphorismes ne correspondent pas à un mot à mot exact. 


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°13 ( printemps 2020 )

 

Lara Braitstein est professeure de bouddhisme indien et tibétain à l’université McGill (Montréal, Canada). Elle enseigne également à l’Institut bouddhiste international Karmapa (K.I.B.I.), dont elle est actuellement la directrice. 

 

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