Par Tenzin Ösel Hita
Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
Illustration : Christine Schnoell pour One Big Love
Vous dites que les vraies valeurs sont des valeurs matérialistes. Pourquoi ? Vous savez que ce n’est qu’un concept auquel nous adhérons.
Il y a différents types de compréhension.
Il y a un attachement qui inclut un attachement sans forme.
Il y a l’attachement aux émotions.
Il y a l’attachement aux états d’esprit... Vous savez, cet attachement, là. C’est comme de l’adrénaline. Parfois, on s’attache aux sensations que les drogues nous procurent. Ou même, c’est comme avoir un partenaire. Quand ce partenaire est près de vous, il y a un sentiment que vous ressentez. Vous savez ce que je veux dire. Quand vous êtes en présence de votre partenaire, comment vous sentez-vous ? Vous savez, ce sentiment que votre partenaire suscite en vous ? On s’attache à cela. Nous l’appelons « amour ».
« Oh, je t’aime. »
Oh non ! Vous êtes amoureux du sentiment qu’il vous fait ressentir. Ce dont vous êtes amoureux, c’est de ça. Ce n’est pas de l’amour. C’est de l’attachement. C’est pour cela que nous finissons par souffrir.
« Oooohhh, l’amour est si terrible. Ça me fait tellement souffrir. »
Non, ce n’est pas le cas ! C’est l’attachement qui vous fait souffrir. L’amour ne possède pas cette caractéristique.
L’amour est inconditionnel. Il est universel. Il est partout. L’amour, c’est votre corps qui œuvre constamment pour vous. L’amour, c’est la vie même.
Vous savez, il est extrêmement compliqué de déterminer ce qu’est l’amour. Nous pouvons avoir une idée de ce que c’est.
Pour moi, l’amour est partout. L’amour est tout.
L’évolution, c’est l’amour, vous savez. D’une certaine façon, le karma peut être l’amour.
Je ne sais pas. Je ne veux pas créer de confusion parce que je suis moi-même confus à ce sujet, vous savez.
Il est difficile de mettre l’amour dans une boîte. Nous aimons mettre les choses dans des boîtes. De cette façon, nous nous sentons en sécurité. Nous nous sentons en situation de contrôle.
Le fait est que si nous ne pouvons pas même contrôler ce qui se passe dans notre corps, pourquoi sommes-nous si obsédés par le fait de contrôler la vie ?
Vous le savez. Il suffit de laisser couler la rivière. Ne vous accrochez pas à une branche. Ou, ne vous accrochez pas à un rocher. Ne restez pas au même endroit. La vie change. C’est un mouvement.
C’est ce qu’est le temps. Le temps n’est qu’un moyen de mesurer le changement. C’est juste une façon de mesurer cette vibration. C’est cela.
Pourtant, d’une certaine manière, même si notre vie entière est faite de changements, nous en avons peur. Toute notre vie est une question de transformation, mais elle nous fait peur.
Le mieux est de suivre le courant. La meilleure chose est de s’adapter à ce qui se passe, quelles que soient les circonstances.
La meilleure chose est de tirer le meilleur parti de votre voyage. En fin de compte, c’est ce que nous enseigne le Dharma au xxie siècle.
Publié avec l’aimable autorisation de Tenzin Ösel Hita, one-big-love.com
Les illustrations de Christine Schnoell sont visibles ici : www.christineschnoellartworks.com/
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°15 (Automne 2020)
Tenzin Ösel Hita Torres est né en 1985 en Espagne. Âgé de 14 mois, Ösel est reconnu par Sa Sainteté le Dalaï-Lama comme étant la réincarnation de lama Thubten Yéshé. En 1991, il commence à vivre à l’université monastique de Séra Djé au sud de l’Inde, où il a étudié jusqu’à ses 18 ans. Ösel a alors décidé de quitter la vie monastique pour découvrir les manières de vivre et de penser contemporaines.