Par Shangpa Rinpoché
L’éléphant représente l’esprit, le singe représente les émotions et l’ego.
Tant que le singe mène l’éléphant, l’esprit est confus et perturbé. Petit à petit le méditant dompte le singe et l’esprit se purifie : l’éléphant devient de plus en plus blanc. Puis un jour, l’éléphant passe devant le singe : l’esprit est devenu libre et apaisé.
Au début du chemin, les plaisirs sensoriels auxquels l’esprit s’agrippe sont représentés par les flammes. Au début, l’éléphant, notre esprit indompté, a une posture agressive et devient de plus en plus paisible alors que sa couleur passe progressivement du sombre au blanc. Le singe, qui mène l’éléphant au début du parcours, va passer derrière et suivre l’éléphant en cessant de courir après les fruits de l’arbre et les différents objets de plaisir des sens. Le lapin, qui représente la manifestation subtile de la somnolence, finit par disparaître, de même que le singe, qui représente la saisie égoïste.
Au début, l’homme tient à la main un lasso et un crochet et se trouve loin derrière le singe et l’éléphant. Sa méditation est inexistante. L’esprit est complètement mené par les distractions. L’homme va devoir utiliser le lasso et le crochet qui représentent le rappel et la vigilance (voir notes 2 et 3). Quelques secondes de leur utilisation permettent de découvrir puis de stabiliser le placement du mental et de progresser à partir de là. On découvre notre capacité à se placer exactement sur le support et aussi à être conscients que nous sommes en train de le faire. La durée de l’expérience importe peu. Elle sera réitérée d’innombrables fois.
La distance entre le cornac (le guide et le soigneur) et l’éléphant diminue, signe de la bonne progression de la pratique de samatha jusqu’à ce que l’homme, habillé comme un moine, dompte l’éléphant complètement. C’est la neuvième étape pendant laquelle l’esprit est complètement pacifié, placé en un point, complètement stable. Au-delà, le moine chevauchant l’éléphant tient dans sa main une épée représentant la méditation vipassana qui tranche l’ignorance en développant les cinq sagesses semblables aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Monastère de Kopan (Katmandou) – source : La peinture tibétaine par David et Janice Jackson, Éd. Peuples du monde - Créative Commons. Paternité : Michel Racine
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°13 ( printemps 2020 )
Shanga Rinpoché a été reconnu comme une incarnation du grand yogi Shangpa, disciple du 15e Karmapa. Il a reçu une formation complète en philosophie bouddhiste, en littérature, en poésie et en histoire ainsi que de nombreux enseignements et initiations de grands maîtres. Abbé de son monastère au Népal, il développe une grande activité dans d’autres régions, de même que dans de nombreux pays du Sud-Est asiatique.
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