Les bases du bouddhisme expliquées*
Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
C’est l’une des questions les plus fréquemment posées par les Occidentaux qui s’intéressent à la tradition et à la pratique bouddhistes. La réponse n’est pas si simple : tout dépend de la façon dont on comprend le terme de religion.
Notre définition contemporaine du mot religion reflète sa séparation du reste de la vie ordinaire et laïque. Mais il fut un temps où cette séparation n’existait tout simplement pas. Dans de nombreuses cultures anciennes, la spiritualité et le culte étaient tellement ancrés dans toute l’activité humaine qu’ils ne pouvaient être distingués comme appartenant à un domaine d’expérience distinct.
De l’avis de nombreux pratiquants et érudits, le bouddhisme est une religion – ou plutôt une famille de religions – avec une myriade d’aspects philosophiques. En fait, l’une des choses qui attirent beaucoup de gens dans le bouddhisme, c’est son caractère philosophique. Le bouddhisme nous demande d’étudier la nature de notre esprit et la façon dont nous construisons notre propre réalité, et il encourage la pensée critique et le raisonnement, comme le font également la plupart des écoles de philosophie.
Mais le bouddhisme a une finalité religieuse qui transcende la vie et la mort – et la philosophie aussi : la libération de la souffrance et du cycle de la mort et de la renaissance (samsara). Il offre également une voie pour atteindre ce but, fondée sur un système de pratique et d’éthique. Les bouddhistes pratiquent pour se connecter à cette liberté d’une manière totalement transformatrice, et non intellectuelle.
De nombreux autres éléments du bouddhisme peuvent également être considérés comme religieux. Chaque école de bouddhisme a ses propres rites et liturgies et exprime la foi dans les enseignements du Bouddha à sa manière. Chacune honore un ensemble d’écritures et tient certains objets pour sacrés.
Cela étant dit, il existe de nombreuses caractéristiques du bouddhisme qui ne correspondent pas aux notions typiques sur la religion, notamment l’absence de révélation divine, d’obligation d’assister régulièrement à un service, ou encore d’écritures considérées comme vérité absolue. On ne vous demande pas non plus de faire un acte de foi ou de prendre les enseignements au pied de la lettre. Vous êtes plutôt encouragé à mettre les enseignements en pratique, à les tester et à voir s’ils produisent ce qu’ils sont censés produire, c’est-à-dire vous libérer de l’ignorance et de la souffrance.
(*) Extrait de Buddhism for Beginners, Tricycle.org
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°16 (Hiver 2020)