Par Philippe Judenne
Au cours de ces dernières années, la pleine conscience (mindfulness en anglais) connaît en France un intérêt grandissant qui se manifeste à la fois par une large couverture médiatique, par le succès de livres best-sellers sur le sujet et par un accroissement moins visible mais réel des ressources scientifiques qui évaluent les bienfaits des pratiques de pleine conscience.
L’homme qui a multiplié les sources de distraction, sollicitant sans relâche son attention, cherche parfois des solutions pour répondre à ses besoins vitaux d’équilibre physique et psychique. Les institutions font face aux problèmes de la dépression, des douleurs chroniques, de l’épuisement professionnel et d’un déficit attentionnel généralisé. La pratique de la pleine conscience dans le cadre laïc de notre société pourrait constituer une piste d’amélioration importante.
L’effet de mode oblige, on constate une marchandisation actuelle de la pleine conscience par des sous-produits dérivés, des coaching comportementaux et de la littérature peu aboutie rapidement consommable, tout cela assez bien désigné par l’expression « Mac Mindfulness ».
Au-delà des effets de modes actuels qui brouillent un peu le tableau, l’expansion de la pleine conscience s’est structurée pendant quelques décennies.
Les ressources scientifiques maintenant disponibles sur le sujet ont fait gagner à la mindfulness ses lettres de noblesse, lui permettant d’être reçue, expliquée, voire instruite aux parlementaires des pays républicains ! Une porte d’entrée vers tous les étages de la société.
Le récit fondateur de 1979 :
Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine émérite à l’université du Massachusetts, créé en 1979 la Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR), une méthode de méditation de pleine conscience destinée à la réduction du stress. Fondée sur un programme de huit semaines dont deux à trois heures hebdomadaires encadrées par un instructeur, cette méthode s’inspire à la fois des connaissances de la médecine occidentale, des pratiques bouddhistes et du yoga. « C’est une intuition que j’ai eue au cours d’une retraite de méditation, en 1979. A l’époque, la médecine peinait à traiter certaines pathologies et la MBSR a immédiatement apporté des réponses aux patients souffrant de psoriasis et de douleurs chroniques. L’intention du programme MBSR était de leur fournir les moyens d’explorer leur souffrance et de s’en libérer. Il ne s’agissait pas d’en faire des grands méditants et c’est pour cela que la méditation a été sortie de son contexte philosophique et religieux. A cette époque, la contre-culture américaine battait son plein, et la méthode pouvait très facilement être perçue comme un truc New Age pour hippies. Il s’agissait aussi de créer un modèle qui pourrait être utilisé dans d’autres contextes et pouvant être validé scientifiquement. » explique Jon Kabat-Zinn.
Depuis cette époque, Jon Kabat-Zinn travaille sans relâche à la diffusion de la Minfiulness. Aux États-Unis, le Center For Mindfulness (CFM) qu’il a créé a accueilli depuis l’origine plus de 24 000 personnes dans des programmes MBSR au sein de l’université du Massachusetts, donnant lieu à de nombreuses recherches qui ont montré des réductions conséquentes de divers symptômes médicaux et psychologiques. Parallèlement, le CFM a formé plus de 18 000 professionnels dans le monde à l’enseignement du programme MBSR. Un laboratoire de recherche vient d’y être créé sous la direction du Pr. Judson Brewer.
En Octobre 2017, l’événement « The Mindfulness Initiative » a regroupé à Westminster des élus anglais et des représentants politiques de quinze pays où la mise en place d'une recherche sur la mindfulness voire une pratique au sein de leur parlement, avait été initiée. Depuis, des collectifs d’associations se sont constitués en Initiatives-Mindfulness présentes maintenant dans une vingtaine de pays. Ils réfléchissent au développement de la pleine conscience selon quatre axes d’actions cohérentes sur le plan social : la santé, l’éducation, le monde du travail et la justice. En France, Geneviève Hamelet, présidente de l'Association pour le développement de la Mindfulness et Jean-Gérard Bloch, directeur d'enseignement du D.U. « Médecine, Méditation & Neurosciences » à l'université de Strasbourg ont instruit les huit séances du premier cycle MBSR auprès d’un groupe de treize députés entre janvier et mars 2018.
La pleine conscience et la santé
Jon Kabat-Zinn donne une définition opérationnelle de la pleine conscience, qui constitue l’axe central du programme MBSR, en la décrivant comme « la conscience qui se manifeste en posant notre attention dans l’instant présent, intentionnellement et sans jugement ».
La pleine conscience est cultivée à travers des pratiques de méditation qui incluent l'attention à la respiration et au corps, dans l'immobilité ou en mouvement. Puis à partir de l'ancrage du corps, l'attention est portée sur nos états mentaux, pensées et émotions, afin de repérer nos mécanismes réactifs et automatiques. Cette approche systématique permet de s'extraire progressivement des tensions de tous ordres, et de gagner peu à peu en liberté et en paix.
Tout en ayant des effets thérapeutiques, le programme MBSR est avant tout un programme préventif et éducatif où les participants développent une meilleure capacité à répondre plus efficacement au stress, à l’anxiété, à la douleur et à la maladie. Il est ouvert à tous, soignants, soignés ou simple quidam. L’ADM (l’Association pour le Développement de la Mindfulness) anime le réseau des instructeurs, certifiés selon un parcours de quatre années avec une supervision en fin de parcours.
Les programmes MBSR et MBCT (axé sur la prévention de la rechute dépressive) sont proposés aujourd’hui en France aux patients comme aux soignants, dans plus de trente hôpitaux, sous forme de cycles complets ou de formations proposant une découverte de la pleine conscience, en soutien à bon nombre d’affections médicales ou dans un cadre de prévention. Ils sont instruits en groupe privé dans toutes les régions de France.
En 2012, la pleine conscience est entrée dans le monde académique avec la création du diplôme universitaire (DU) « Médecine, Méditation et Neurosciences » à Strasbourg. Trois autres DU sur la méditation sont créés en 2017 en cursus médical et de psychologie à Nice, Toulouse et Montpellier.
Si, avec ces DU, la pleine conscience est enseignée en formation continue, elle est mentionnée pour la première fois en 2018 dans un cours de première année de médecine sur le stress : « Pleine conscience (méditation, mindfulness) : permet de prendre conscience de l’instant présent, du temps qui passe et de la satisfaction de l’état de bien être dans lequel la personne se trouve, sans se préoccuper des choses à venir qui peuvent être stressantes puisque l’imagination d’un évènement ne correspond pas à sa réalité effective. » Est-ce que tout le monde est d’accord ?
La Pleine Conscience vers les enfants et les ados
Depuis une dizaine d'années, les méthodes de méditation adaptées à l'enfant surgissent comme les bourgeons au printemps. À l’heure où le développement de la Mindfulness fait des émules, il est important que les pratiques les plus efficaces et les plus opérationnelles sur le terrain soient connues des acteurs et des institutions liées à l’accueil, aux soins et à l’éducation des enfants et adolescents.
Parmi les plus célèbres figurent la méthode de la Néerlandaise Eline Snel, auteure du best-seller Calme et attentif comme une grenouille, vient ensuite celle du « .B » ou « Dot-be » du Britannique Chris Cullen et plus récemment, « Mindful Up » de la Française Jeanne Siaud-Facchin. L’objectif de ces méthodes est de diminuer l'agitation psychique et émotionnelle chez les jeunes afin de favoriser l'attention, l'écoute et l'apprentissage. Ces trois méthodes – plus ludiques – sont directement adaptées des très sérieux protocoles MBSR et MBCT.
La Méthode Eline Snel propose de développer l’attention et le calme, de façon ludique et à la portée des enfants. Les programmes sont adaptés par tranche d'âge 4-8 ans / 8-11 ans / 11-14 ans et comportent une version pour les adolescents où des séquences pour la communication avec les autres et la régulation des émotions perturbatrices sont ajoutées.
L’intervention en classe se déroule en huit séances hebdomadaires avec un matériel pédagogique simple, pragmatique (manuel, fiches d’exercices, CD audio…). Elle est menée par un intervenant formé à l’animation de la méthode, toujours en présence du professeur au sein de la classe.
La grenouille Grégoire, calme et attentive, est le fil conducteur d’activités sollicitant le corps, la respiration, les cinq sens, la reconnaissance des émotions et l’imagination créatrice. C’est en suivant cette trame que sont présentés « le spaghetti », « le raisin sec », « la météo des émotions », « l’arbre à souhaits », autant de jeux, de petites histoires et d’astuces aux noms sympathiques.
À l’étranger, les validations scientifiques réalisées montrent que l’accompagnement des jeunes enfants, pendant les huit semaines que dure la méthode, leur permet de mieux se concentrer, de cesser de ruminer les mêmes choses, d’accueillir différemment leurs humeurs et leurs impulsions. Ils apprennent également à mieux se détendre et à avoir une attitude ouverte et bienveillante envers eux-mêmes et envers les autres. L’étude française menée auprès d’environ 280 enfants par le Centre de recherche Inserm U 897 « Épidémiologie et Biostatistique » de l’Université de Bordeaux permettra d’étudier les comportements, les interactions en classe ainsi que l’évolution des capacités de concentration et d’apprentissage des élèves. Ces données seront comparées à celles d’un groupe contrôle qui ne suit aucun programme. Les premiers résultats seront disponibles en fin d’année 2018.
Aux Pays-Bas, en 2010, le ministère de l’Éducation a reconnu officiellement comme organisme de formation l’Académie pour l’Enseignement de la Pleine Conscience fondée par Eline Snel et propose aux enseignants qui le souhaitent, un financement de leur formation à la méthode. En France, nous sommes loin de telles avancées car la méthode n’a pour le moment pas reçu l’agrément du « mammouth », le ministère de l’Éducation nationale qui craint l’entrisme de dérives sectaires et qui a, il faut l’avouer, le sens de la réforme un peu lent. Principal obstacle à la demande d’agrément, le fait que l’instruction de ces méthodes soit payante là où, selon le ministère, les associations doivent jouer leur rôle d’implication bénévole.
Pour cette raison, le programme P.E.A.C.E. (Présence, Ecoute, Attention et Concentration dans l’Enseignement) a pu se déployer de manière significative dans les écoles puisqu’il impose dans son principe de certification une gratuité dont se réjouissent certains établissements scolaires. Ce programme reste notablement différent des deux autres principales méthodes tant par son ADN de base que par l’encadrement de ses intervenants.
Comme l’explique Laurence de Gaspary, présidente de l’association Enfance et Attention, (**) « Il est important d’expliquer la réflexion posée en amont. Il n’est pas simplement question “de faire méditer les jeunes” comme une technique de plus. Il est question ici, de transmettre aux enfants et aux adolescents les moyens de se soutenir eux-mêmes, de savoir contacter leurs ressources internes. Acquérir ces habiletés est un gage d’adaptation aux défis de leur scolarité et bien plus encore. »
Méthode | Méthode Eline Snel (4-12 ans) Méthode Eline Snel (13-18 ans)
| Mindful-Up Enfant Mindful-Up Ado | PEACE |
Entité support | Association AME (Association Méditation dans l’Enseignement) https://meditation-enseignement.com Organisme de formation déclaré | ||
Pré-requis
| - Un programme Mindfulness de 8 semaines (MBSR ou MBCT) pour adultes - Expérience professionnelle avec les enfants ou les ados - Pratique personnelle régulière | - Un programme Mindfulness de 8 semaines (MBSR ou MBCT) pour adultes - Expérience professionnelle avec les enfants ou les ados - Pratique personnelle régulière | - Pratique préalable minimum de la pleine conscience ou une démarche d’intériorité - Lettre de motivation |
Durée formation
| 42 h (6 jours par module) | 56 h (8 jours pour les 2 modules) | 28 h (4 jours) |
Contenu
| Adaptation des protocoles MBSR-MBCT : - Module AMT - éducateur d’enfant (4-12 ans) - Module AMT - Ado (13-18 ans) | Adaptation des protocoles MBSR-MBCT : - Module Mindfull Up Enfants - Module Mindfull Up Ados | Agrégation : Méditation pleine conscience, Yoga, Qi-Gong, Brain gym, apports psychologie, intelligence émotionnelle, liens corps mental |
Suivi
| - Un stage de remise à niveau au minimum une fois/an | néant | néant |
Coût de la formation
| 1750 euros le module enfant 450 euros le module ado complémentaire | De 1790 à 2790 euros | 510 euros |
Supports d’instruction inclus dans les tarifs
| - 4 Manuels (4-8 ans, 8-11 ans, 11-14 ans, 14-18 ans) - Supports de pratiques adaptés aux tranches d’âges (cahiers, stickers, CD audio, etc..) | 2 livrets (enfant, ado) indiquant les principes des pratiques et quelques méditations guidées | - 1 livret indiquant les principes des pratiques et quelques méditations guidées - Ressources vidéo en ligne |
Conditions d’accréditation | - Avoir suivi au moins le module enfant - Un mémoire - 2 sessions avec un superviseur - Effectuer une retraite de cinq jours dans un délai de 2 ans suivant le début de la formation AMT - Un stage de remise à niveau au minimum une fois/an | - Avoir suivi les deux modules enfants et ado - Mini- mémoire
| - Avoir suivi les 4 jours de base - Animer bénévolement un programme de 10 semaines (gratuit pour l’école) - Etre supervisé lors de la première intervention (présence ou enregistrement audio) |
Intervenants formés
| 122 instructeurs certifiés | NC | 220 intervenants accrédités |
Formateurs Superviseurs
| 9 en Europe dont Eline Snel, conceptrice de la méthode | 10 dont Jeanne Siaud Facchin, conceptrice de la méthode Mindful Up | 4 formateurs référents – instructeurs dont Candice Marro, initiatrice de la méthode PEACE + intervenants accrédités |
Contexte d’intervention | Ecoles et groupes privés (France, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Allemagne, Espagne) | Surtout en groupes privés (consultations cf. MBCT) | Interventions dans les écoles (France, Suisse, Belgique) |
Les attentes du public : marketing, médias & technologies
La pratique de la méditation apporte une clarté qui se développe sur le coussin ou la chaise et que nous emportons ensuite dans la vie quotidienne. Pour cette raison, la pleine conscience peut inspirer toutes les activités et les situations possibles de nos vies et en changer les perspectives.
Le grand public, avant tout à la recherche d’outils, de techniques de mieux-être ou de performance, s’intéresse d’abord à soulager ou prévenir un mal -être, une souffrance dans une situation donnée. L’éventail des possibilités est infini, les « problématiques » éclairées par la pleine conscience sont autant de sujets possibles de conférences, de livres, de reportages, blogs en tout genre, appli smartphone ou méthodes d’entraînements comportementales.
Un principe est souvent d’additionner deux succès éditoriaux : la pleine conscience & la grossesse, la pleine conscience & le management, la pleine conscience & maigrir, la pleine conscience & le Digital Detox, la pleine conscience & le burn-out, la pleine conscience & le Slow Sex, la pleine conscience & la parentalité, etc. « Mushrooming » c’est ainsi que les Anglo-Saxons désignent le phénomène qui fait surgir autant de projets que de champignons à l’automne. Depuis quelques années, beaucoup de propositions arrivent ainsi aux maisons d’éditions. « Ça bouchonne un peu » confie une éditrice, « L’espace médiatique reste très occupé par les supers experts comme Christophe André ou Fabrice Midal, nous privilégions actuellement des paroles d’experts ou des récits très originaux. »
Et qui préface maintenant certains livres des maîtres et enseignants bouddhistes mondialement reconnus ? Les livres du Dalaï-lama et de Thich Nhât Hanh – qui sont les deux enseignants les plus édités—ont été préfacés en 2018 par deux super experts de la pleine conscience : Christophe André et Jon Kabat-Zinn (***). Les auteurs des préfaces ont leur nom sur la couverture des livres. La démarche est commerciale et montre à quel point l’engouement actuel pour la pleine conscience laïque dépasse de loin celui pour le bouddhisme et la méditation.
Si Sa Sainteté le Dalaï-lama a rempli pendant des années le palais omnisport de Bercy, c’est Christophe André qui réjouit, le 27 mars 2018, un nombre identique de spectateurs (environ 17 000) avec la deuxième édition d’une conférence, « Comment gérer ses émotions ? », animée depuis le studio 104 de la Maison de la Radio et retransmise en direct simultané dans une centaine de salles de cinéma partenaires partout en France. Est-ce le début d’une version européenne des grands shows à l’américaine où les figures charismatiques rassemblent de très larges audiences ?
Connecté
Chacun sait que goûter à la saveur de la pleine conscience passe plus par l’expérience que par la lecture de livres à répétition. Les conférences, ateliers et week-end découverte de pleine conscience (!) rencontrent un franc succès auprès d’un public fidèle. L’expérience de ces exercices attentionnels et méditatifs (peut-on parler encore de méditation en pleine conscience ?) a sa version connectée avec des appli smartphone comme « Petit Bambou » ou « Zenfie » (l’éditeur décline un coffret audio « Un an de méditation pour rayonner toute l’année » et le distribue actuellement dans les magasins d’une grande enseigne). Ces appli de méditation côtoient celles du yoga et de la relaxation et sont loin d’être un phénomène de mode passager. L’appli américaine « HeadSpace » compte 18 millions d’utilisateurs. Cette appli d’exercices de méditation et de pleine conscience a connu un boom très caractéristique de + 44 % le jour de l’élection de Donald Trump, boom enregistré sur le module SOS de l’application, conçu pour apaiser les gens durant les moments de grand stress.
Une culture de la dépendance. En deçà de l’exemple américain, le recours à ces utilisations pose la question de la dépendance. En effet, l’apprentissage de la méditation de pleine conscience demande à ses débuts d’être guidé, à l’image d’un petit enfant qui apprend à marcher et dont on tient la main. Chacun sait qu’une étape se franchit quand l’enfant arrive à lâcher la main qui le tient pour faire ses premiers pas tout seul. Il en va de même avec l’instruction de la méditation : arrive le moment où les instructions sont acquises et n’ont plus besoin d’être répétées. Le silence suffit. Alors faut-il un audio de méditation guidée complètement silencieux entre deux sons de cloches ? Des instructions finales qui vous conseillent d’enlever les écouteurs et de ranger le téléphone ? Les éditeurs d’application, acculés à la stratégie de produire des contenus nouveaux ne vont pas tuer le métier. Un long moment de silence, bienvenue dans la société marchande.
La technologie au service de l’information et de la formation …
…pour bouddhistes et non bouddhistes
Des éditeurs américains comme Tricycle ou Sounds True mettent en œuvres des initiatives originales qui proposent de suivre en streaming des enseignements-retraites, des conférences ou des formations sur des périodes limitées dans le temps : les quelques jours d’un cycle de conférence sur la Mindfulness, un week-end de retraite avec un enseignant en ligne, les huit cessions hebdomadaires d’un cycle MBSR, toujours avec un enseignant en ligne. La seule différence – non négligeable – est que vous n’êtes pas en présence de l’enseignant ou du conférencier. Le déroulé reste du direct avec parfois la mise en place d’un chat-room pour échanger avec l’enseignant, comme fait régulièrement Ajaan Brahm depuis l’Australie, une fois par semaine.
L’éditeur américain Sounds True a été fondé en 1985 par Tami Simon, la pionnière des enregistrements d’enseignement bouddhiste, qui distribuait à ses débuts des cassettes audio. Aujourd’hui propriétaire d’un catalogue impressionnant d’enregistrements audio et vidéo des grands enseignants spirituels – et des moins grands –, Sounds True propose, entre bien d’autres ressources, un entraînement en ligne aux huit semaines du protocole MBSR, entraînement mis au point avec le Dr Saki Santorelli et Florence Meleo-Meyer, deux des plus proches collaborateurs de Jon Kabat-Zinn.
Forte de cette première expérience MBSR et d’une collaboration ancienne avec les enseignants bouddhistes Jack Kornfield et Tara Brach, l’éditrice Tami Simon met en place une formation certifiante d’instructeur à la pleine conscience sur deux ans, en ligne, disponible en anglais au prix standard des formations ouvertes en ligne pour le grand public (Massive Online Open Course). Les prérequis d’inscription semblent tout à fait sérieux et similaires à une formation en présentiel. L’enseignant bouddhiste Jack Kornfield, reconnu internationalement, a démarré cette formation en avril 2018.
Seul le retour de ces expériences permettra d’évaluer la qualité de l’instruction à la pleine conscience via ces nouveaux canaux. Un fait est certain : l’accès à la formation d’instructeur est facilité et c’est peut-être pour le bien des êtres.
(**) Enfance et attention, association de référence, qui n’a pas d’implication financière dans la diffusion des méthodes et qui étudie de manière statutaire le bon esprit de l’adaptation vers les enfants des MBSR et MBCT par tranche d’âge, ainsi que les fondements scientifiques et la pratique personnelle des instructeurs. http://enfance-et-attention.org/
(***)Le Dalaï-lama, Thubten Chödrön, L'Enseignement du Bouddha, Odile Jacob / Thich Nhât Hanh, Happy teacher will change the World, IBPA Publishing.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°6 (Printemps 2018)