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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

La meilleure technique pour cueillir une mangue

 

Les premiers mois de mon séjour au monastère de Wat Pah, mon maître Ajahn Chah me répétait souvent l’histoire qui suit. Je la trouvais absurde et mettais cela sur le compte des différences entre nos cultures. Pourtant, je ne l’ai pas oubliée. Plus tard, après mon ordination, j’ai vu dans cette parabole, dont m’avait fait don le maître le plus brillant que j’aie rencontré, une parfaite évocation du processus de l’Éveil. 

Wat Pah Pong est un verger de manguiers dont on prétend qu’ils furent plantés par le Bouddha. Aujourd’hui, ils produisent des milliers de fruits savoureux. Grâce à la grande sagesse et à la compassion du Bouddha, les moines, les nonnes et les fidèles laïcs ne sont pas obligés de grimper à leurs troncs pour les cueillir, ni de frapper leurs branches avec des bâtons ou de les secouer pour les faire tomber. 

Il leur suffit de s’asseoir sous l’un d’eux, de rester immobiles et d’ouvrir la main pour qu’une mangue y tombe. Si grandes sont la sagesse et la compassion du Bouddha. 

Je connaissais ces arbres. Si l’on se contentait de s’installer dessous, il pouvait s’écouler des jours avant qu’une mangue tombe – en espérant que les oiseaux ne les aient pas toutes dévorées entre-temps. De plus, si d’aventure l’une d’elles finissait par se détacher, avec mon manque de chance, j’étais à peu près certain qu’elle atterrirait sur mon crâne chauve plutôt que dans ma main. Cette histoire me paraissait idiote ! Aujourd’hui, je me rends compte que l’idiot, c’était moi : dans la vie spirituelle, on ne gagne rien à « secouer le tronc », à « lancer des bâtons » ou à « grimper aux branches » pour provoquer quelque chose. C’est seulement en apprenant à se tenir immobile, libéré de tout désir, et à ouvrir son cœur à l’amour inconditionnel que les mangues de l’Éveil tombent doucement dans votre main. 


Extrait de Heureux et Grincheux paru aux Massot Éditions (2020) 

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°13 ( printemps 2020 )

 

Le vénérable Ajahn Brahmavamso Mahathera (plus simplement connu sous le nom d’Ajahn Brahm) est né à Londres, sous le nom de Peter Betts, en 1951. Issu des classes laborieuses, il a étudié la physique à l’université de Cambridge. Après avoir obtenu ses diplômes, il part en Thaïlande où il prononce ses vœux monastiques et reste pendant neuf ans moine auprès du célèbre Ajahn Chah dans un monastère retiré de la jungle. En 1983, il a créé, avec d’autres moines, le Bodhinyana Monastery sur un petit terrain dans la banlieue de Perth, en Australie. Il en est devenu l’abbé depuis 1994.  

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