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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

L’attitude bouddhiste face à la douleur

Je suis rentré hier de Singapour avec une intoxication alimentaire. J’ai été très malade la nuit dernière et, en ce moment-même, j’ai encore beaucoup d’acidité dans l’estomac. Quelqu’un m’a demandé, il y a quelque temps : « Quelle est l’attitude bouddhiste face à la douleur physique et face aux expériences douloureuses de la vie ? » Je crois que ce sera un excellent sujet pour ce soir.  

Il n’y a rien de négatif à parler de la douleur car, qui que nous soyons et quel que soit notre mode de vie, même si nous pensons être en bonne santé, il y a forcément des moments où nous tombons malades et où nous faisons l’expérience de la douleur ou de situations douloureuses.  Un jour quelqu’un m’a dit : « Vous êtes moine, vous méditez, vous avez un mode de vie très éthique, donc vous ne devriez pas tomber malade. » Il n’y a rien d’anormal à être malade de temps en temps, pour un moine comme pour tout le monde. Par contre, ce qu’il y a de merveilleux quand on est moine, c’est que l’on a toute une panoplie de techniques à sa disposition pour gérer la douleur physique et les difficultés de la vie. Ainsi la douleur ne nous rend pas négatifs ou dépressifs ; elle est, au contraire, l’occasion d’apprendre à la dépasser, à la transcender, à se situer au-delà d’elle. 

Le Bouddha dit que la douleur a deux aspects : l’un qui est physique et auquel on ne peut pas grand-chose ; et l’autre qui est mental et sur lequel on peut agir. Or c’est l’aspect mental qui est le plus important. En fait, l’attitude de l’esprit vis-à-vis de la douleur physique est parfois si puissante qu’elle peut faire s’évaporer complètement la douleur. Je pense que vous connaissez tous ces histoires de sportifs qui se cassent une jambe ou un bras mais qui continuent à jouer, ne réalisant qu’après un certain temps qu’ils se sont blessés. J’ai pu moi-même faire l’expérience, maintes fois dans ma vie, de la puissance de l’esprit et constater comment la douleur physique est considérablement influencée par notre attitude.  

Le Bouddha dit que la douleur a deux aspects : l’un qui est physique et auquel on ne peut pas grand-chose ; et l’autre qui est mental et sur lequel on peut agir.

Voilà maintenant un principe général qui peut vous aider pour toute votre vie : faire la paix et non la guerre. Être pacifiste, non seulement vis-à-vis de la guerre dans le monde mais aussi de la guerre que vous menez, dans votre vie, contre la réalité ; cette guerre que vous menez contre la douleur, la maladie et quelquefois aussi contre des problèmes d’ordre mental ou social.  


J’ai appris cette façon de faire du temps où j’étais jeune moine en Thaïlande. La vie auprès de mon maître, Ajahn Chah, était dure. Il n’aurait pas toléré de moines douillets ! Nous vivions dans un monastère de la jungle, au nord de la Thaïlande, où le climat est très chaud et humide. Et la pire des choses était les moustiques — des centaines de moustiques ! Le soir, pendant la méditation assise, sous les arbres, juste après le coucher du soleil, c’était comme si un écriteau à l’attention des moustiques annonçait soudain : « Restaurant ouvert ». Nos têtes rasées étaient des pistes d’atterrissage de choix ! Et puis, ils semblaient savoir que nous étions non violents et que n’allions pas les écraser comme l’auraient fait d’autres gens ! J’étais l’un des premiers moines occidentaux dans ce monastère et les moustiques se régalaient de cette nourriture venue de l’ouest. (Rires) Je suis sûr qu’ils disaient à tous leurs copains moustiques : « Eh ! Venez dans cette forêt ! Il y a de la nourriture occidentale ! » (Rires)  

Ils étaient terribles. Un jour je les ai comptés sur mon bras : ils étaient plus de cinquante — et je n’exagère pas ! Pas de protection, pas de moustiquaire, pas de pommade calmante … Les moines thaïlandais n’étaient pratiquement pas piqués, tandis que nous, les moines occidentaux, nous l’étions tout le temps. Alors, un jour, nous sommes allés voir Ajahn Chah et nous lui avons demandé de changer l’heure de la méditation pour éviter les moustiques. Pour toute réponse, il nous a rappelé la signification du terme « ajahn » — mot qui signifie professeur ou enseignant. « À partir de maintenant, a-t-il dit, vous avez un nouveau professeur. Votre enseignant ne sera plus Ajahn Chah mais Ajahn Moustique. » Quelle brillante leçon cela a été pour nous ! Et nous avons dû apprendre d’Ajahn Moustique… On apprend beaucoup plus à partir d’expériences telles que celle-ci que dans les livres, à l’université ou en venant écouter des discours. On comprend que, plus on s’inquiète, plus on se crispe et plus le problème s’aggrave.  

Ce que je pris alors l’habitude de faire — et qui m’a vraiment appris à méditer correctement — c’est de me concentrer réellement sur ma respiration. Quand on se concentre, on ne peut plus s’inquiéter ou penser à autre chose ; en revanche, dès que l’esprit perd sa concentration, on retrouve tout de suite ses douleurs et ses maux de tête. Après quelque temps, j’ai appris comment entrer dans cette méditation profonde où on ne sent plus son corps mais où on ressent une grande paix, et une chose étrange est survenue : quand je sortais de ces états, de ces méditations, les moustiques avaient dû s’endormir car il n’y avait aucune piqûre sur mes bras. 

Au début, j’ai cru que la méditation avait le pouvoir de guérir le corps mais, quelques années plus tard, j’ai compris que les moustiques sont attirés par l’oxyde de carbone qui sort de nos pores. Plus notre métabolisme est actif, plus les moustiques détectent notre présence. Autrement dit, plus nous nous inquiétons, nous nous crispons et nous nous énervons à cause des moustiques qui nous piquent, plus nous leur disons : « Venez par ici ! Je suis là ! » A contrario, plus nous nous détendons et nous lâchons prise, plus notre métabolisme se ralentit et moins les moustiques détectent notre présence.  

Parfois, quand on a mal quelque part, on se crispe autour de ce point et, au lieu de visualiser cette douleur et de lui donner de l’espace, on essaie de s’en débarrasser. Or procéder ainsi, c’est créer de l’énergie négative. Mieux vaut, au contraire, diffuser cette douleur dans le corps entier et aller en sens inverse de la pratique habituelle qui consiste à chercher à s’en débarrasser. Pourquoi vais-je diffuser la douleur de mon estomac, par exemple, dans tout mon corps, mes bras, mes jambes et même ma tête ? Parce que, quand on crée une expansion, on libère les tensions ; la douleur se répand sur une zone plus grande mais elle est plus diffuse, moins dure. Quand on crée cette expansion, au début on la ressent comme un cube de glace puis comme un nuage dans le ciel, lequel devient de plus en plus léger et finit par remplir tout l’univers ; ensuite, il devient si subtil qu’il finit par disparaître. J’ai trouvé là une manière très efficace de surmonter la douleur, parce qu’elle ne va pas à contre-courant des choses mais dans leur sens.  

Quand vous êtes concentré sur votre respiration, la douleur est perçue comme étant à l’extérieur. Je compare cela à un écran de télévision : quand vous allumez votre téléviseur, vous voyez en même temps le cadre qui entoure l’appareil, éventuellement une peinture accrochée au-dessus et un lecteur DVD dessous, mais avez-vous remarqué que, après quelques minutes, vous ne voyez plus ni le cadre, ni le tableau, ni le lecteur DVD ? Vous ne voyez même plus ce qui se passe autour de la télé. Tout ce que vous voyez c’est l’image. 

Ce que je vous dis là est de la psychologie et c’est la vérité. Si vous comprenez cela, vous pouvez comprendre une seconde manière de dépasser la douleur : porter son attention sur un autre objet et mettre cet objet d’attention au centre de votre conscience. Pour moi qui pratique la méditation depuis longtemps, c’est la respiration que je place au centre de mon attention… et la douleur se retrouve à l’extérieur ! Bien sûr elle est toujours présente, mais elle est à l’extérieur. Et puis vous maintenez votre attention, encore et encore, le plus longtemps possible, et à un certain moment — vous ne savez pas quand c’est arrivé mais vous savez que c’est arrivé — la sensation de douleur a disparu.  

Si nous pouvons apprendre à faire face à la souffrance mentale, nous allons énormément progresser vers la paix et même apprécier la vie au lieu de la passer dans la résistance et le stress.

Il y a des moments où la douleur est tellement présente qu’il semble impossible de s’en extraire — nous en avons tous fait l’expérience un jour ou l’autre. Dans ce cas, on n’essaie pas d’être avec la douleur mais de s’en évader. Je ne parle pas d’un rhume ou de petites douleurs d’estomac mais de douleurs chroniques, par exemple, qui ne disparaissent pas facilement, qui sont là continuellement heure après heure et que la médecine est parfois impuissante à soulager. Alors, si vous avez compris mes explications sur les deux aspects de la douleur, que se passe-t-il ? Si, réellement, vous lâchez prise et abandonnez cette résistance mentale, il devient incroyablement plus facile de traiter la douleur physique. De ces deux formes de souffrance, la réaction mentale à la douleur représente 90 % du problème et la douleur physique seulement 10 %.        

Donc si nous pouvons apprendre à faire face à la souffrance mentale, nous allons énormément progresser vers la paix et même apprécier la vie au lieu de la passer dans la résistance et le stress. Nous devons nous dire : « Que fais-je de ma douleur ? Quelle est ma réaction ? Quelle est mon attitude envers cette sensation physique ? » Mais souvent nous nous disons : « Je ne devrais pas avoir mal, cela ne devrait pas m’arriver » et nous nous sentons coupables. Nous avons tous été malades de temps en temps et c’est normal — même si notre société moderne n’accepte plus la maladie et nous fait croire qu’il est anormal d’être malade, ce qui montre bien notre attitude mentale envers la douleur, la maladie et la difficulté : dès le départ, nous les jugeons mauvaises, et c’est là notre erreur.         

 

Dites-vous qu’il est normal d’être malade, qu’il est normal d’avoir le cancer, qu’il est normal que les gens meurent, qu’il est normal d’avoir des douleurs de temps en temps.

Les gens qui ont le cancer se sentent coupables, ils ont l’impression d’avoir commis une faute. Comment se fait-il que nous nous sentions coupables des douleurs et des maladies que nous rencontrons dans la vie ? C’est une souffrance mentale qui vient s’ajouter à ce qui arrive tout naturellement. Vous pouvez toujours manger du riz complet, méditer régulièrement, faire de l’exercice, mais vous n’échapperez peut-être pas au cancer et certainement pas à la mort ! Dites-vous qu’il est normal d’être malade, qu’il est normal d’avoir le cancer, qu’il est normal que les gens meurent, qu’il est normal d’avoir des douleurs de temps en temps. Ne pensez pas que c’est anormal, ne pensez pas que c’est une erreur, ne pensez pas que c’est mal. Acceptez mentalement cet aspect de la vie et vous pourrez lui faire face et apprendre à le gérer. Remarquez que, quand vous fuyez, vous êtes dans la direction opposée au danger : vous ne pouvez donc même pas voir ce qui vous fait fuir ! Quand vous faites face au problème, vous pouvez le voir et, en le voyant, vous découvrez des choses incroyables, notamment, comment réussir à le gérer, le dépasser, le transcender et être libre.  

L’une des manières de gérer les problèmes consiste à utiliser la base même de la méditation : la conscience du moment présent. Vous êtes là, maintenant, dans ce moment présent, mais ce qui rend la douleur insupportable, c’est de penser qu’elle va continuer. C’est ce mouvement du mental vers le futur qui rend la douleur insupportable. Parfois c’est aussi le souvenir de douleurs passées qui fait craindre que cela va recommencer. Toutes les fois où vous évaluez ce moment présent en fonction du passé ou en anticipant le futur, c’est la part mentale de la douleur que vous renforcez et qui rend la situation très difficile à supporter. Mais nous pouvons, au contraire, apprendre à rester dans le moment présent avec la douleur physique de l’instant.   

Beaucoup de gens, notamment dans les retraites de méditation, ont des expériences étonnantes où de grosses douleurs disparaissent soudainement. Ma première expérience de ce type a été avec une rage de dents qui m’a permis de découvrir l’immense pouvoir de l’esprit. C’était une douleur horrible, peut-être la plus horrible de toute ma vie. À l’époque j’étais au monastère, en pleine jungle : pas de téléphone, pas de dentiste, pas d’aspirine. Il n’y a rien à faire et pourtant on se dit que l’on ne pourra pas supporter cela plus longtemps. Ces moments sont très importants dans la vie, ils sont la clé qui permet de nous éveiller spirituellement. Et je me suis rappelé ce que disait mon maître, Ajahn Chah : « Laisse tomber ! Lâche prise ! » J’ai lâché prise — vraiment — et, en quelques secondes, la douleur a complètement disparu. Comme un miracle. Plus aucune douleur et, à la place, une paix incroyable. C’est une expérience merveilleuse. Quand on lâche vraiment prise, cela fonctionne immédiatement. Une minute vous souffrez affreusement et la minute suivante… plus rien ! Et puis j’ai fait une méditation pour prolonger cette paix.  

Pour vraiment s’abandonner, il faut pouvoir dire quelque chose comme : « Douleur, tu peux rester ici pour toujours, si tu veux » — et bien en comprendre le sens. « Tu peux même t’aggraver si tu le désires, la porte de mon cœur t’est complètement ouverte quoi que tu fasses. Tu peux rester, empirer… je t’accueille. » C’est une chose très difficile à faire, qui demande beaucoup de courage et même de la compassion — de la compassion envers la douleur, pour accueillir la douleur en réalisant qu’elle fait partie de la vie.  Tout cela n’a rien d’anormal. Quand vous la laissez être, la laissez venir et rester, vous avez vraiment laissé tomber la part mentale de la douleur. On lâche cet esprit négatif qui se complaît dans les lamentations et, de ce fait, l’esprit se libère, le corps se détend et la douleur disparaît. C’est une expérience fascinante. Bien entendu, si on l’a vécue une fois, il est très facile de comprendre comment gérer la douleur quand on n’a pas d’autre choix.  

Si vous le faites correctement, à 100 %, vous serez impressionné par l’effet que cela peut avoir. La partie mentale de la douleur est la plus dure à supporter. Mais, un jour, vous aurez peut-être une douleur qui vous tuera. Vous serez mort. Pour la plupart d’entre vous ce ne sera pas un moment très plaisant. Mais si vous apprenez maintenant à faire face à la douleur, vous aurez une mort douce, tranquille. Vous êtes là, dans la souffrance, et vous souriez, vous appréciez la vie et vos derniers instants avec vos proches. J’ai vu cela maintes fois, spécialement avec des méditants qui connaissaient un peu le Dhamma (l’enseignement du Bouddha mais aussi la loi de la nature, la vérité qui nous entoure) et qui savaient comment l’esprit et le corps sont reliés. Certains d’entre eux étaient même à l’agonie et les médecins ne comprenaient pas ce qui se passait. Mais ces personnes vivaient leurs derniers instants dans la paix. C’est beau de voir cela, c’est inspirant et cela montre tout ce que l’esprit peut faire. C’est l’autre part de la méditation que je veux évoquer maintenant par rapport à la douleur : quand on n’est pas tendu, les flux du corps ont une chance de couler librement et de guérir n’importe quel blocage.  D’après ma compréhension des textes bouddhiques anciens, le Bouddha parle des flux qui parcourent le corps. Quand ces flux se bloquent, un problème apparaît ; c’est ce que dit la médecine indienne traditionnelle.  



Dans les retraites, je dis aux participants de vraiment, vraiment se détendre et de méditer, de ne pas faire la méditation de manière forcée, d’être doux et ouverts, d’ouvrir la porte de leur cœur. Et certains sentent des points de chaleur dans leur corps. C’est incroyable quand cela arrive. Un jour, une méditante est venue me voir pour me dire : « Ma méditation était vraiment très paisible mais mon dos est soudain devenu brûlant, que s’est-il passé ? » Je lui ai répondu : « N’avez-vous jamais eu un problème avec votre dos ? » Toute surprise, elle m’a dit : « Ajahn Brahm, vous lisez dans mes pensées. Comment savez-vous que j’ai eu un accident il y a deux ans ? » Je n’avais pas lu dans ses pensées, elle venait de me le dire ! Pendant la retraite, elle était très détendue et l’énergie de son corps s’est dirigée vers cette zone ; elle en a senti la chaleur. Après coup, on se dit que c’était très agréable ; c’est un processus de guérison. Quand vous lâchez vraiment prise, la douleur et les difficultés ont tendance à s’alléger et à s’évaporer.    

Quand vous êtes vraiment, vraiment détendu, l’énergie du corps peut opérer une autoguérison et aussi nous libérer de la douleur. Je ne vous raconte pas d’histoires : quand j’ai commencé à vous parler, ce soir, j’avais une énorme boule de douleur dans l’estomac et maintenant je la sens à peine, elle est en train de partir. C’est incroyable comme il est possible de gérer sa douleur si on a cette belle attitude qui consiste à ne pas s’inquiéter du passé, à être simplement ici, dans l’instant présent. Ne pas se battre, arrêter la résistance mentale et 99 % de la douleur disparaît — parfois même 100 %.  

Et ceci est tout aussi valable pour les difficultés de la vie : un licenciement, une séparation, une disparition, un suicide… Faites attention à la part que joue le mental dans ces occasions. Si vous arrivez à gérer cela, le reste ira bien.          

 

 

Extrait du discours donné le 2 juin 2006 à la Buddhist Society of Western Australia   

Titre original : Dealing With Pain. Traduction : Luc Guillard 

Remerciements à www.dhammadelaforet.org/ 


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°12 (hiver 2019)

 

Le vénérable Ajahn Brahmavamso Mahathera (plus simplement connu sous le nom d’Ajahn Brahm) est né à Londres, sous le nom de Peter Betts, en 1951. Issu des classes laborieuses, il a étudié la physique à l’université de Cambridge. Après avoir obtenu ses diplômes et enseigné pendant un an, il est parti en Thaïlande où il a prononcé ses vœux monastiques. Il est resté pendant 9 ans moine auprès du célèbre Ajahn Chah dans un monastère retiré de la jungle. En 1983, il a créé, avec d’autres moines, le Bodhinyana Monastery sur un petit terrain dans la banlieue de Perth, en Australie. Il en est devenu l’abbé depuis 1994. Il consacre beaucoup de temps aux malades et aux personnes en fin de vie mais aussi en tant que visiteur spirituel aux prisonniers et, tout simplement, aux moines et aux laïques du monastère Bodhinyana (http://bswa.org

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