L’amour universel
- Sagesses Bouddhistes
- 30 oct. 2024
- 13 min de lecture
Photos Khenchen Yéshé Tcheudhar : Lama Jigmé Thrinlé Gyatso
Thangka (Milarépa, Vajrasatva, Amithaba) : Karma Guadri du Bost
Le mot sanskrit maitri veut dire bienveillance et amour. C’est la substance même des enseignements du Bouddha. Le développement de la maitri est si essentiel, qu’il suffirait largement sur le chemin. Si quelqu’un développe bienveillance et compassion, même s’il ne récite ni prières ni mantras, s’il ne pratique pas de méditations formelles (comme le calme mental ou la vue pénétrante), s’il ne pratique ni les visualisations ni les exercices liés à la parole ou au corps, c’est sans importance : tout est inclus dans le développement et la pratique de l’amour bienveillant, qui est l’essence même du Dharma.
Entre maitri, qu’on traduit par amour, et karuṇā, la compassion, il n’y a que très peu de différence. Ce sont plutôt des notions complémentaires, qu’on ne peut pas vraiment séparer. La maitri peut être définie ainsi : c’est le souhait d’apporter la paix ou le bonheur à tous les êtres qui souffrent dans les six classes d’existence[1].

Tant que nous ne sommes pas au-delà du cycle des existences, nous sommes tous soumis à certaines souffrances. Chez les humains, par exemple, nous souffrons tous de la naissance, de la maladie, du vieillissement et de la crainte de la mort. La source de ces quatre souffrances est l’ignorance, et nous y serons soumis tant que nous ne l’aurons pas déracinée grâce au développement de la sagesse. Ce sont là les souffrances universelles, mais il y a également beaucoup d’autres souffrances, liées aux karmasindividuels et aux poisons de chacun.
Comprendre que nous ne sommes pas les seuls à souffrir, mais que la souffrance est également vécue par tous les êtres, est ce qui va nous permettre de donner naissance à l’amour et à la compassion. Le degré le plus élevé d’amour bienveillant est de ne pas faire de distinction entre notre propre fils et autrui. La compassion incommensurable consiste à se soucier autant de soulager autrui de ses souffrances que notre propre fils tombé malade et souffrant.
Je ne sais s’il existe vraiment un vocabulaire précis en Occident qui puisse traduire exactement les sens de maitri (amour bienveillant) et de karuṇā (compassion miséricordieuse). Le plus souvent, nous réduisons le sens de maitri à la gentillesse envers les autres ; par exemple, nous disons que nous aimons nos parents, nos enfants, nos amis, nos voisins, mais en fait cela n’a rien à voir avec l’amour et la compassion dont il est question dans les écritures. En effet, ces notions sont universelles, impartiales, elles englobent tous les êtres. Il ne faut donc pas les confondre avec nos conceptions ordinaires, certes positives, mais qui n’ont cependant rien de commun avec karuṇā et maitri.
On peut dire que la manière dont nous aimons nos proches et amis est très partiale et n’est rien d’autre que l’expression de l’attachement-désir, un poison de l’esprit qui fait que nous considérons certaines personnes comme proches et d’autres comme éloignées.
Partialité veut dire que, d’un côté, on prend parti pour ceux que l’on aime, que l’on chérit et considère comme ses proches et sa famille et que, de l’autre côté, on ignore les autres ou prend parti contre eux en les considérant comme des adversaires. La bienveillance et la compassion sont universelles, sans prise de parti, elles sont égales pour tous les êtres. La façon dont nous aimons nos enfants, nos parents et avons un sentiment de responsabilité envers eux demeure quant à elle une attitude samsarique. Cela ne veut pas dire que ce soit négatif ; cela peut même être positif, mais ce n’est pas encore la bienveillance et la compassion. Pour développer réellement bienveillance et compassion, il est indispensable d’être impartial.
Par exemple, en France le président de la République a sûrement beaucoup de soucis ; il souhaite que tous les Français soient heureux, que tous les problèmes sociaux disparaissent, que son pays soit prospère et puissant. Mais on ne peut pas dire pour autant que le président ait de la bienveillance et de la compassion : son attitude est empreinte de partialité et issue de l’attachement-désir.
Prenons l’exemple d’une personne née en Bretagne. Celle-ci souhaitera peut-être que sa région et ses habitants soient prospères, puissants, qu’il n’y ait pas de mauvais temps, de mauvaises circonstances ou d’obstacles. Là encore on ne peut pas dire de cette personne qu’elle soit bienveillante et compatissante. En effet, son attitude est partiale, faisant une distinction entre, d’une part, sa région et ses habitants et, d’autre part, les autres régions et leurs habitants.
Il ne faut donc pas confondre notre emploi des termes « attitude positive » et « bienveillance » dans le langage ordinaire, avec leur définition dans les enseignements du Bouddha. Ces termes y sont différents, car ils recouvrent un champ bien plus vaste. En résumé, tant que la partialité est présente, l’amour et la compassion ne peuvent apparaître. Cependant il est enseigné que, si nous voulons les susciter, nous pouvons prendre appui sur nos références ordinaires. Chaque individu peut donc d’abord penser à la personne qu’il chérit le plus, puis ouvrir petit à petit son amour aux autres.
Dans les pays bouddhistes, traditionnellement, on prend toujours comme exemple la mère, qui est la personne que l’on est censé aimer le plus. Il s’agit alors de considérer combien nous sommes heureux et joyeux quand notre mère vit dans des conditions favorables, puis nous nous ouvrons progressivement aux autres de la même manière : les habitants du voisinage, du département, du pays et enfin tous les êtres du cycle des existences. La pratique de la méditation progressive sur la maitri nous permettra au niveau ultime de ne plus faire aucune différence entre notre propre mère et autrui ; à tel point que nous en viendrons à considérer autrui comme notre propre mère. Quand on parviendra à ce niveau ultime, on pourra parler de bienveillance impartiale, de véritable amour.
Conservons l’exemple de la mère. Si notre mère est frappée par une maladie grave provoquant une douleur insupportable, qu’on ne trouve pas de médecin, qu’elle se retrouve sans refuge, totalement impuissante et démunie, qu’elle n’a plus rien à manger, qu’elle est sans vêtements et souffre du froid et de la pauvreté, qu’elle se trouve seule, la situation est critique. En tant que fils ou fille, nous devons tout mettre en œuvre pour soulager sa souffrance. Si nous l’aimons, il sera normal et même instinctif de l’aider de notre mieux pour éliminer ces obstacles.
Tournons maintenant notre esprit vers les autres, les gens du village, du pays, l’humanité, puis tous les êtres des autres états d’existence, en considérant leurs souffrances ; alors naîtra en nous la compassion. Lorsqu’on éprouve une véritable compassion envers les êtres des trois Mondes, sans plus faire de différence entre notre propre mère et les autres êtres, il s’agit du niveau suprême de la compassion.
Ces pratiques formelles, ces réflexions qui prennent pour objet notre mère, puis l’ouverture aux êtres, permettent-elles d’enrayer les souffrances du saṃsāra ? Cette méditation sur l’amour bienveillant est-elle vraiment bénéfique ? En fait, tant que nous n’aurons pas réalisé la sagesse du premier niveau de bodhisattva, nous ne pourrons pas véritablement aider l’autre.

Une personne ayant pratiqué pendant quelques mois ou quelques années la méditation sur la compassion et la bienveillance envers tous les êtres, qui réfléchit beaucoup et qui fait des souhaits sincères ne peut pas obtenir qu’il n’y ait plus de malades dans les hôpitaux, que cessent la faim en Afrique ou la ségrégation raciale, etc. Espérer cela est le signe d’un esprit très étroit. Il faut savoir que tant que nous ne sommes pas parvenus à un certain degré de perfection et de réalisation, notre pratique et l’expérience de la bienveillance et de la compassion ne peuvent être efficaces. C’est une qualité que nous pouvons développer jusqu’au bout, mais elle ne se manifestera pas par des transformations visibles du monde extérieur.
Une évolution sur le chemin est toujours possible. Chaque individu, bien que connaissant des contraintes, des limites, des faiblesses et des obscurcissements de l’esprit, a cependant un potentiel qui lui permet de développer certaines qualités et d’arriver au niveau ultime de la compassion et de la bienveillance. Pour atteindre l’Éveil ultime, le chemin peut être lent : sept vies, cent vies, trois kalpa incommensurables… Mais en faisant les méditations adéquates, on arrive à rassembler les mérites nécessaires. Chaque pratique spirituelle, chaque pratique vertueuse est une partie de la réalisation, puisqu’elle nous aide au fur et à mesure à éliminer des couches d’obscurcissements. Il ne faut pas trop attendre de résultats immédiats, mais comprendre que chacune de nos pratiques est en soi une partie de notre future réalisation spirituelle puisque c’est un véritable moyen de purification.
Quand on s’engage sur le chemin et qu’on pratique la bienveillance et la compassion, on risque de rencontrer plus d’obstacles et de souffrances que les autres : l’efficacité des pratiques de purification des obscurcissements provoque, dans cette vie même, le mûrissement d’empreintes karmiques défavorables qui n’aurait dû se produire que dans des existences futures. Cette efficacité est telle que les obstacles deviennent aussi très nombreux. La force de nos propres négativités passées nous attaque très violemment, nous fait obstacle constamment. C’est ainsi que quelqu’un qui s’engage sur le chemin peut connaître beaucoup de malheurs, de maladies et de souffrances. C’est normal, aussi ne doit-on pas en être découragé. Karmiquement, c’est ce qu’on doit expérimenter. De plus, tous ces obstacles, malheurs et souffrances prématurément vécus ne sont qu’une petite partie du mûrissement karmique. Pour résumer : par la force de la pratique spirituelle, on diminue son karma, qui mûrit maintenant plutôt que dans une existence infernale, une existence de preta ou une existence animale.
Quand on demande à un maître d’accomplir un rituel pour chasser les obstacles, ce n’est pas le rituel qui est important, car il est dit que, sans la maîtrise de la compassion et de la bienveillance, le maître ne parviendrait jamais à lever les obstacles.
Je suis arrivé en France il y a cinq ans et j’ai remarqué que la plus grande faiblesse des disciples occidentaux est d’avoir l’esprit étroit, ce qui signifie qu’ils attendent trop, qu’ils sont trop impatients sur le chemin. Je comprends bien que les circonstances dans lesquelles se trouvent les Occidentaux les rendent ainsi : l’automatisation et la technologie permettent de gagner en efficacité et en temps. Mais il ne faut pas confondre le développement spirituel, qui s’effectue tous les jours au niveau de la conscience, et le développement matériel, qui est propre à la technologie. On doit bien comprendre que l’évolution spirituelle n’a rien à voir avec le développement matériel.
D’autre part, les disciples occidentaux ont aussi beaucoup d’orgueil : ils racontent devant des maîtres des choses laissant croire qu’ils ont réalisé telle ou telle expérience très rapidement. On doit abandonner cette notion très étroite. Dans le monde matériel, on peut tout manipuler, mais dans le monde spirituel, il s’agit d’un travail intérieur au niveau de la conscience. Quelqu’un qui s’adonne à des exercices spirituels une ou deux heures par jour en espérant voir des expériences se lever au bout de quelques jours se trompe. C’est illogique et incorrect. Il est impossible de réaliser quoi que ce soit au bout de quelques heures ou quelques jours de pratique.
Prenons l’exemple de Milarépa. On sait combien d’épreuves il a dû subir avant de rencontrer son maître. Il a dû rassembler de nombreuses conditions favorables, surmonter de nombreux obstacles, et c’est seulement beaucoup plus tard qu’il a pu recevoir des enseignements. C’est après s’être purifié et avoir surmonté beaucoup d’épreuves qu’il les a enfin reçus. Il a effectué de nombreuses pratiques auprès de son maître, puis l’a quitté pour mener une vie consacrée à la méditation en solitaire. Il est d’abord parti dans son pays natal, à l’ouest du Tibet, puis il a médité durant neuf ans dans la montagne, dans une grotte, à Drakar Tasso. Pendant les trois premières années, il a mangé de la nourriture traditionnelle, mais en très petite quantité, pour se consacrer davantage à la pratique ; les trois années suivantes, il a choisi de ne manger que des orties, et pendant les trois dernières années il s’est tout simplement nourri de méditation. Il va sans dire qu’en neuf ans, il a effectué quantité de pratiques : dans sa biographie, cependant, Milarépa avoue qu’au bout de neuf ans il n’avait rien réalisé. La seule chose qu’il a développée au bout de neuf ans de méditation intensive, c’est la résistance au froid, rien de plus. Par la suite, il s’est déplacé de grotte en grotte, en montagne, et est parvenu à certaines réalisations. Au bout de neuf autres années, il a eu la réalisation de la huitième Terre de bodhisattva. Il n’a jamais perdu courage, il s’est toujours maintenu sur la Voie, il a continué sa pratique, il a renforcé sa foi, il a dû surmonter de nombreux obstacles, et ainsi il a pu réaliser beaucoup de grandes et belles choses. Mais il lui a fallu du temps.
Nous-mêmes sommes vraiment trop étroits d’esprit et trop impatients. Ce sont nos faiblesses. On conduit une voiture en la dirigeant à gauche, à droite, partout, on travaille huit heures par jour, on gagne des sous, on passe des week-ends ici et là. Si on a une petite minute de temps en temps, on vient au centre bouddhique, on y passe peut-être un ou deux jours, on y récite certaines prières pas très correctement, mais avec une bonne volonté et une bonne intention, on y fait quelques pratiques, et on voudrait voir des expériences spirituelles jaillir en notre esprit au bout de quelques week-ends. C’est une attitude étriquée.

Parfois je crains que certains disciples, après avoir récité cent ou deux cents fois le mantra aux cent syllabes de Vajrasattva, qui est très puissant pour la purification des obscurcissements, ne consultent leur miroir en lui demandant : « Alors, combien de purifications ai-je effectuées ? » Ce n’est pas en récitant quelques mantras que l’on peut en expérimenter les effets. Cela ne veut pas dire que notre pratique soit sans importance, mais il faut élargir notre esprit, et ne pas prendre pour référence dans le chemin spirituel la manipulation matérielle et technologique. Le chemin compte ; la progression, le travail de tous les jours, la conduite éthique, la réflexion, les études, les prières, les exercices spirituels, la méditation comptent aussi. Il s’agit d’une évolution propre à l’esprit. C’est pourquoi la moindre pratique – même un seul mantra – compte et porte des fruits avec certitude. Il faut le faire. Progressivement, notre pratique pourra nous aider, dans cette vie-ci, à purifier certains karmas, à retrouver une naissance favorable dans le cycle des existences – ce qui est une étape importante de l’évolution –, à progresser sur le chemin qui nous mènera à la délivrance, à surmonter les obstacles. C’est pourquoi toute pratique a son importance, on ne doit pas la négliger : elle porte des fruits, c’est certain, dont le fruit ultime. Ce conseil est important.
Nous nous ressemblons tous, aussi est-il possible de décrire les signes de l’évolution spirituelle. Si nous avons pu développer une foi plus sincère, plus stable qu’auparavant, c’est un signe d’accomplissement spirituel. Nous devons écouter les enseignements, les comprendre, les méditer et les mettre en pratique. Si nous avons acquis une certitude quant à la loi de causalité, le karma, c’est aussi un signe de progression. Si, par la pratique, nous parvenons à développer un certain détachement pour les plaisirs mondains, c’est un accomplissement spirituel certain. Si la compréhension de l’impermanence nous permet de nous défaire de certaines choses comprises comme insubstantielles, il y a un vrai progrès. Si nous accomplissons des actions vertueuses et renonçons aux actions non vertueuses, là aussi c’est le signe de notre efficacité dans la pratique. Si nous comprenons que nos vies futures seront nombreuses et longues par rapport à notre vie actuelle qui n’est que l’infime partie d’une grande existence, nous développerons la conviction que c’est dans le présent que l’on prépare et élabore le futur. Alors notre pratique spirituelle sera concrète et juste.
La diminution des cinq poisons de l’esprit[2], qui auparavant allaient toujours en s’amplifiant, est la référence qui nous permet de vérifier nos progrès. Les effets spirituels sont autant de réalisations significatives d’une réelle évolution spirituelle.
Nous devons être très précis dans l’observation de ces signes pour ne pas attacher d’importance à des expériences qui n’ont rien à voir avec le Dharma. Par exemple, telle personne, après avoir récité des mantras d’Amitābha[3], a vu des lumières rouges apparaître devant ses yeux et partir à l’ouest, et elle croit qu’il s’agit peut-être d’une grande expérience. Mais cela n’a rien à voir avec le Dharma, ce n’est vraiment pas une expérience spirituelle, ce n’est qu’une expérience ordinaire, voire insignifiante, sur le chemin. De même, tel disciple peut croire, après avoir récité de nombreux mantras de tel Bouddha, qu’il a ressenti une lumière au-dessus de sa tête pénétrant jusqu’à son cœur. En fait, ce n’est pas une expérience précise, ni même importante dans la progression spirituelle.
Dans les enseignements, il est dit que nous sommes victimes de nos propres fautes et de nos propres limites. Ayant hérité des obscurcissements et des strates d’ignorance de nos vies passées, nous devons maintenant nous en défaire. Nous devons donc consacrer du temps, du travail, de l’énergie et du courage à notre cheminement. Nous aurons recours à des moyens très variés : prosternations, récitations, prières, visualisations, méditations, études, réflexions, observance de préceptes ou de vœux, exercices spirituels qui doivent être effectués tous les jours et qui sont réellement des moyens aptes à nous purifier.
Il faut donc en premier lieu reconnaître que nous avons hérité des couches d’obscurcissements de nos vies passées. Tant que nous ne les aurons pas purifiées, nous ne pourrons faire l’expérience de la vision des divinités, de la vraie lumière, c’est-à-dire de la sagesse. Nos expériences seront et resteront illusoires. Il est impossible qu’une personne pleine de fautes et d’obscurcissements puisse voir des divinités, ait la vision pure. En revanche, après avoir éliminé certains voiles, diminué notre tendance à succomber aux poisons de l’esprit, il nous arrivera peut-être d’avoir certaines visions de divinités, de recevoir certaines révélations, d’expérimenter des signes précis. Nos obscurcissements se sont formés par couches très importantes, comme certains minerais que nous trouvons dans le sous-sol : il a fallu très longtemps pour que ceux-ci soient formés et il y en a plusieurs strates. Si quelqu’un découvre du minerai de fer, par exemple, il ne peut pas en tirer profit directement. Il faut le dégager avec beaucoup d’énergie et de temps, d’efforts et d’intelligence, le purifier, le raffiner et, au terme de tout ce processus, le fer deviendra utilisable. Si l’individu qui découvre du minerai pense pouvoir en profiter seulement en le frottant un peu, il se trompe. Sur le chemin, c’est la même chose : il ne faut pas croire qu’on pourra purifier les couches d’obscurcissements qui se sont accumulées depuis des centaines de milliers de vies par le simple choc de la rencontre avec un maître. Ce n’est pas possible. Il faut donc s’engager pleinement à pratiquer et ne pas se décourager. Cela en vaut la peine.
Ce seul enseignement sur la maitri et la compassion pourrait être largement suffisant pour travailler et méditer sur le chemin pendant plusieurs vies.
[1] Voir aussi dans le glossaire la note sur les trois niveaux d’existence (trois mondes) ou le dictionnaire encyclopédique de Philippe Cornu.
[2] Tibétain : nyönmong, sanskrit : klesha. Les émotions perturbatrices majeures : ignorance, désir-attachement, haine-aversion, jalousie, orgueil.
[3] Amitābha : cf. Philippe Cornu.
Extrait de Le Doigt qui montre la voie, l’enseignement de Yéshé Tcheudhar Rinpoché présenté par Thrinlé Gyatso et Laurent Deshayes, © 2013 Editions de l’Astronome avec leur aimable autorisation.

Né au Tibet oriental, Khenchen Yéshé Tcheudhar Rinpoché (1928-1999) étudia dans toutes les lignées du bouddhisme tibétain et obtint les titres de Guéshé Lharampa (docteur en philosophie) dans l’école Guélugpa, puis d’Abbé général de l’école Kagyu. Il resta cependant un serviteur de la lignée Drukpa qu’il représenta en France durant plusieurs années. Maître érudit et accompli, il enseignait de manière traditionnelle mais rayonnait de bonté et de sagesse.