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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Intention et motivation

 

Intention et motivation sont-ils deux mots différents ? À vrai dire, le mot tibétain est le même : deunda. La question est toujours de savoir si l’intention et la motivation procèdent d’un intérêt égocentré, c’est-à-dire « se servir, me servir et peut-être au détriment d’autrui » ? Ou bien sont-elles mues par cette pensée, cette parole, cette action, ce souhait, cette envie d’être bénéfique, utile à l’autre, en tous cas de ne pas nuire ?

Je dirais qu’il y a deux formes d’intention, une forme consciente et une forme inconsciente. La forme inconsciente pour commencer ; c’est finalement la réaction compulsive. Lorsqu’une situation se produit nous réagissons comme à l’ordinaire, nous n’allons pas chercher plus loin. Il n’y a pas vraiment de réflexion, ce n’est pas vraiment une réponse, c’est une réaction. Et bien sûr, cette réaction va être nourrie par les émotions afflictives comme le désir-attachement, le rejet, ou la confusion mentale qui vont donner naissance à des actions qui seront en quelque sorte « polluées », qui auront des conséquences douloureuses.


La motivation et l’intention consciente ont beaucoup plus à voir avec l’idée de conscience, au sens de pleine conscience, de mémoire, de souvenir, de rappel de ce que l’on souhaite faire, de rappel de nos engagements, et nous allons donc analyser et évaluer la situation et aurons un effet de « distance » qui nous permettra de réfléchir sur ce que serait la meilleure réponse, une réponse qui serait intelligente et en même temps une réponse du cœur. Une réponse nourrie par notre souhait de bodhisattva d’être utile aux autres.


C’est ainsi que dans cet instant présent, nous avons la possibilité de transformer complètement l’action, de la rendre positive quand bien même la stimulation initiale était peut-être perçue comme dérangeante, pénible, douloureuse même. Nous avons donc là, par l’effet « tampon », la capacité de répondre de façon constructive et consciente et non pas de façon habituelle et affligée des travers –que nous qualifierons d’émotionnels – que nous portons depuis des temps sans commencement. Je dirais que la différence est là. Sommes-nous conscients, sommes-nous présents ? Avons-nous le rappel de ce que nous souhaitons faire au moment où nous répondons à une stimulation ? Si nous n’avons pas cette conscience, nous sommes en pilote automatique et la réponse sera probablement négative. Si nous sommes conscients, ce ne sera pas facile mais nous aurons l’espace nécessaire pour prendre une décision, avoir une intention qui sera juste, nourrie par l’intelligence et par le cœur.


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°14 ( été 2020 )

 

Lama Tsony est né à Argenteuil dans les années 1960. Il rencontre le maître tibétain Guendune Rinpoché arrivé du Tibet depuis peu. Sous sa direction, il effectue deux retraites traditionnelles de trois ans et à la mort du maître, il reçoit les fonctions d’abbé au monastère du Bost en Auvergne. Après de nombreuses années, il quitte la robe, se marie avec une ressortissante américaine et devient enseignant principal au nouveau centre Bodhi Path de Virginie (États-Unis) fondé par le 13e Shamar Rinpoché, depuis lequel il a diffusé quelques courtes vidéos pendant le confinement américain.

On peut le suivre également sur le site https://tsony.com/

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