top of page
loading-gif.gif

Enseignements des feuilles jaunes

  • Photo du rédacteur: Sagesses Bouddhistes
    Sagesses Bouddhistes
  • 30 oct. 2024
  • 5 min de lecture

Photos ©Panyaprateep Foundation


La perception de l’impermanence - 02/07/24

Lorsque nous considérons les choses et les personnes comme permanentes : « C’est ainsi. Cela a toujours été ainsi et le restera toujours ; elles sont toujours comme ça, elles l’ont toujours été et ne changeront jamais », c’est comme resserrer un nœud de plus en plus fort en tirant sur les brins. Nous nous sentons déprimés. Nous sommes désespérés. Ce n’est pas tant la douleur présente qui nous submerge, mais la conviction que cette douleur ne nous quittera jamais.

Mais lorsque nous nous trouvons dans des situations ou des relations difficiles, réfléchir à l’impermanence est comme tirer sur une corde qui desserre et finalement défait le nœud.

Je ne recommande pas d’utiliser l’enseignement sur l’impermanence pour vous consoler quand les temps sont difficiles. C’est peu probable que cela soit efficace. Mon propos est qu’il est nécessaire de ramener l’esprit, encore, encore et encore, vers la perception de l’impermanence. Au fil du temps, notre réaction aux défis mûrira et s’accompagnera naturellement de la perception de l’impermanence, spontanément et sans effort.

 

L’idée d’un monde objectif - 07/09/24

L’idée d’un monde objectif est puissante, mais ce n’est que ça, une idée. Les caractéristiques particulières du cerveau humain et des organes sensoriels conditionnent ce que nous concevons comme étant séparé de nous. Pour nous, humains, la vue est le sens prédominant et notre idée du monde en est profondément affectée. Dans nos yeux, trois « cônes » nous permettent de percevoir ce que nous appelons le rouge, le vert et le bleu, mais les oiseaux ont quatre ou cinq cônes et sont sensibles à la lumière ultraviolette, ce qui leur permet de percevoir des couleurs que nous ne pouvons pas percevoir. Donc comment pouvons-nous croire que ces couleurs existent objectivement ? Considérons, par exemple, à quel point le monde dans lequel vivent les éléphants est différent du nôtre. Leur odorat est si développé qu’ils peuvent détecter une source d’eau jusqu’à 20 kilomètres de distance. Ils peuvent entendre et produire des infrasons (atteignant des fréquences aussi basses que 5 khz). Les éléphants peuvent capter les ondes sonores transportées par le sol et l’air pour déterminer la direction, la distance et le contenu de la communication. Ils peuvent détecter les vibrations créées par un éléphant marchant bruyamment à 30 kilomètres de distance grâce à des capteurs sensibles situés dans leurs pieds. Leur monde est radicalement différent du nôtre.

Mais c’est dans la méditation que se dissolvent nos précieuses croyances en un monde objectif indépendant de celui qui le perçoit. Lorsque nous apprenons à lâcher la pensée, les idées de soi et d’autrui disparaissent dans le silence. Une toute nouvelle dimension de l’expérience se révèle.


Attention aux conclusions hâtives -13/8/24

Nous entendons souvent le conseil suivant lequel il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. Mais ce n’est pas si facile. J’ai observé que les personnes intelligentes peuvent être particulièrement sujettes à ce piège parce que leurs conclusions prématurées sont assez souvent correctes pour leur permettre d’ignorer les fois où elles ne le sont pas. J’ai eu la chance, dans ma propre vie, que les occasions où j’ai découvert à quel point j’étais dans l’erreur aient tendance à se produire à des moments mémorables.

L’une de ces occasions s’est produite lors de ma première retraite de méditation, qui s’est déroulée dans une grande maison d’un petit village du sud de l’Angleterre. Nous dormions à quatre ou cinq par chambre. J’étais très impressionné par le méditant qui occupait le lit voisin du mien. Chaque jour, dans la salle de méditation, il restait assis, parfaitement immobile, le dos droit, du matin au soir. Il semblait avoir un samādhi très fort et j’avais hâte de lui parler après la retraite. Tard dans la nuit, je fus réveillé par un bruit soudain et je vis cet homme se glisser discrètement dans la chambre.

Il était évident qu’il était sorti. Lorsqu’il vit que je le regardais, il s’assit sur le lit à côté de moi. Il avait l’air embarrassé : « Je n’en pouvais plus. Ma petite amie me manque tellement. J’ai failli m’enfuir aujourd’hui. Mais je lui ai parlé au téléphone et elle m’a persuadé d’aller jusqu’au bout. Désolé de vous avoir réveillé. »

Mon premier modèle – « A-t-il atteint un certain stade d’éveil ? » – était un jeune homme stressé à qui sa petite amie manquait, et dont l’esprit était agité par un ouragan de pensées. Mon conseil : si vous avez déjà vécu une telle expérience, ne laissez pas ce souvenir s’échapper de votre esprit.


La peur du rejet nous hante - 17/08/24

Tant de besoins cherchent à être satisfaits. Le besoin d’être reconnu, d’être accepté, approuvé ; d’être aimé, d’être respecté, ou peut-être même d’être craint ; le besoin d’être perçu comme attirant, intelligent, puissant ; d’être perçu comme bon à quelque chose, ou simplement comme une bonne personne. Tous ces besoins portent en eux l’ombre de la peur. La peur du rejet nous hante, la peur de la désapprobation, de l’aversion, du manque d’amour ; la peur d’être perçu comme peu attrayant, d’avoir l’air stupide, faible ou méchant. Ou, peut-être le pire de tout, la peur d’être invisible, d’être jugé indigne de toute forme d’attention.

Jusqu’à ce que l’on réalise l’entrée dans le Courant et que l’on abandonne la vue erronée de notre propre identité (sakkāyadiṭṭhi), ces désirs et ces peurs auront toujours tendance à être présents dans une certaine mesure. Mais en pratiquant l’Octuple Sentier, l’habitude de s’accrocher aux phénomènes physiques et mentaux en tant que « moi » et « mien» commence à diminuer. Nous devenons de plus en plus familiers et de plus en plus à l’aise avec le profond sentiment de bien-être qui découle de la clarté et de la conscience intérieures. Un signe de progrès sur le chemin est notre sentiment croissant de refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, ainsi que l’affaiblissement de notre besoin de validation par les autres.


La coproduction conditionnée -16/07/24

L’enseignement clé de la coproduction conditionnée (paṭicca samuppāda) est le plus souvent exprimé en termes de douze liens. Mais il existe aussi des discours avec des formes abrégées. Je me réfère ici à six de ces douze liens.

Le contact (phassa) par l’un des six sens génère une sensation agréable (vedanā). En l’absence de pleine conscience, l’envie (tanhā) de cette sensation se manifeste. Cela peut prendre la forme d’un plaisir, d’un désir d’en avoir plus, d’un souhait d’en augmenter l’intensité, d’un désir que cela ne s’arrête pas. Conditionné par l’envie, l’attachement (upādāna) apparaît et donne un sens et de l’importance à l’objet de l’envie, ainsi que des opinions et des croyances qui justifient l’indulgence à son égard, un mode de vie qui en garantit l’accès. Conditionné par l’attachement, un monde personnel (bhava) se manifeste, un modèle de comportement et de valeurs façonné par l’attachement.

En s’imaginant comme le héros, le protagoniste de ce monde personnel, on y naît (jāti) encore et encore. Ce type de naissance, ou de renaissance, cesse avec l’aboutissement de l’Octuple Sentier.





Ajahn Jayasaro est ordonné bhikkhu en 1980, avec le vénérable Ajahn Chah comme précepteur. Il vit actuellement dans un ermitage au pied des montagnes de Khao Yai, non loin de Bangkok, en Thaïlande. Nombre de ses conférences sur le Dhamma sont diffusées à la radio, à la télévision et sur les médias numériques.

bottom of page