Des réponses aux questions actuelles
Existe-t-il une position bouddhiste sur le suicide assisté ?
Le suicide assisté est une question brûlante dans de nombreuses communautés bouddhistes, tout comme dans la plupart des communautés. D’un point de vue strictement orthodoxe (comme dans les formes de la tradition Theravada), tout type de suicide, même pour soulager ses propres souffrances physiques extrêmes ou un état de démence avancée, est considéré comme la plus grande forme de mal possible et comme un acte qui crée un énorme karma négatif qui affectera profondément les naissances et vies futures. Il coupe court à la capacité d’un individu d’épuiser le karma accumulé et de trouver l’Éveil dans cette vie. Le suicide assisté va plus loin en impliquant quelqu’un d’autre dans la mort de la personne malade.
Certes, de nombreux bouddhistes sont partagés sur la question de l’aide au suicide, ou adoptent la position opposée à celle des orthodoxes. Beaucoup y voient un acte de compassion, tant de la part de la personne qui veut mourir que de celle qui l’assiste. Et lorsqu’il est entrepris par les deux parties avec un esprit clair et l’intention de soulager la souffrance, selon les bouddhistes, il est moins susceptible de générer un mauvais karma ou une renaissance future malheureuse. De plus, il est peu probable que l’esprit de la personne mourante soit obscurci par la peur et la douleur pendant la transition de cette vie à la suivante.
D’autres bouddhistes, en particulier ceux qui travaillent dans des établissements de soins palliatifs et en milieu hospitalier, affirment que le suicide assisté devrait être envisagé au cas par cas ; le juger sévèrement, à leur avis, est tout autant un problème que l’acte lui-même.
Le bouddhisme soutient-il les minorités sexuelles et de genre ?
Les enseignements essentiels du Bouddha – les quatre nobles vérités et le chemin octuple – s’appliquent à tous, indépendamment de l’orientation ou du mode de vie : nous sommes tous soumis à la souffrance, à la maladie, au vieillissement et à la mort, et le chemin de la pratique et le potentiel d’illumination sont disponibles pour chacun de nous.
Le bouddhisme fait face à la problématique de l’inconduite éthique, sexuelle ou autre, mais qui que ce soit — hétérosexuel, homosexuel, queer, transgenre — a la capacité de vivre selon les cinq préceptes ou directives pour un comportement éthique. Les écritures en pali des discours du Bouddha n’incluent aucune règle concernant l’activité sexuelle des disciples laïcs. Mais le vinaya, le code de discipline monastique, interdit aux moines et aux nonnes d’avoir des relations sexuelles avec des hommes, des femmes et des pandanka (mot pali désignant les personnes ayant des caractéristiques sexuelles indéterminées ou qui ne se conforment pas aux normes sexuelles, y compris les prostituées). En d’autres termes, il n’existe aucun subterfuge que ces moines et nonnes puissent utiliser pour contourner le vœu de célibat.
Pourtant, comme toutes les communautés, les communautés bouddhistes sont composées d’êtres humains, dont certains ont des préjugés culturels ou des préjugés personnels qui influencent leur attitude envers les personnes LGBTQ et la manière dont elles sont traitées. Dans les années 1990, le Dalaï-Lama a dit un jour que « selon la tradition bouddhiste » la sexualité homosexuelle serait considérée comme une inconduite sexuelle. Il est finalement revenu sur sa déclaration, cependant, et de plus en plus d’enseignants bouddhistes aux États-Unis sont membres de la communauté LGBTQ, tout comme leurs élèves.
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Issu de tricycle.org. Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°11 (Automne 2019)