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Asanga et les cinq traités de Maitreya

Par Philippe Cornu et Khempo Tcheudrak



Le Cittamātra ou école de l’Esprit seul constitue l’une des deux principales écoles spécifiques du bouddhisme Mahāyāna.

© KTL, GADRI

Asanga, le maître fondateur du Cittamātra, est né au ive siècle après J.-C. dans une famille mixte de brahmanes et de kshatriyas du Cachemire. Il est d’abord ordonné moine Sarvāstivādin, une école du bouddhisme ancien en Inde qui soutenait l’existence des éléments de base des phénomènes. Il étudie brillamment l’ensemble des textes du canon bouddhique pendant cinq ans mais ne parvient pas à pénétrer le sens de la Prajnāpāramitā (un ensemble de textes du bouddhisme Mahāyāna développant le thème de la perfection de la sagesse transcendante). Sur le point de se suicider par désespoir, il rencontre l’arhat Pindola qui lui explique la vacuité du point de vue du Hīnayāna (Petit Véhicule). Insatisfait, il se retire alors dans une grotte où il médite de longues années sur le bouddha Maitreya. Par deux fois exaspéré par son insuccès, il quitte la grotte. Finalement, au bout de douze ans, complètement découragé, il s’en va. Sur le chemin il voit une chienne mourante, à demi dévorée par les vers. Pris de compassion il veut la secourir et, pour ne pas tuer les vers, il les retire des plaies avec sa langue. À ce moment-là, la chienne se transforme en Maitreya et selon la légende ce dernier emmène Asanga dans le séjour divin de Tushita pour lui enseigner le Mahāyāna (Grand Véhicule).

À son retour sur terre, Asanga aurait couché par écrit ces enseignements appelés cinq traités de Maitreya.

1 et 2/ Le Mahāyāna Sūtra Alankāra (L’Ornement des sutras du Mahāyāna) et le Madhyā Madhyūnta Vibhanga (L’Ornement de la claire compréhension) commentent le sens des sutras. Le second traité réfute les différents points de vue limités et distingue clairement entre ce qui est la voie médiane et ce qui ne l’est pas. Le Sūtra Alankāra est un compendium de vingt et un sutras du Mahāyāna. Ce traité commente le sens des sutras, mais également le sens du Vinaya, en établissant les différentes règles de vie d’un bodhisattva.

3/ L’Abhisamaya Alankāra (Le Clair Ornement de la réalisation) explique les différents niveaux de réalisation du pratiquant sur les cinq chemins et en particulier les dix bhūmi. Il comprend également des explications sur la vacuité et les différents niveaux de connaissance de la vacuité que le pratiquant atteint, dans le contexte du Theravāda comme du Mahāyāna.

4 et 5 / Le Mahāyāna Uttara Tantra Shāstra et le Dharma Dharmatā Vibhanga exposent de façon extensive la nature de bouddha. Cette nature de bouddha est présentée comme la graine de l’éveil. Ces deux traités sont associés au sens définitif de l’enseignement du bouddha Shakyamuni. Ils synthétisent en effet les enseignements de dix sutras qui expliquent le sens ultime.

À l’époque d’Asanga, le Mahāyāna était répandu en Inde. À l’université bouddhiste de Nālandā, il y avait plus de dix mille moines qui appartenaient au Mahāyāna et étudiaient là. Asanga, ayant atteint la troisième terre d’éveil, était capable de se rendre extrêmement loin dans une période très courte. Par exemple, pour parcourir une distance qui normalement prend plusieurs jours, il lui suffisait d’une journée. Cette capacité découle du samādhi associé au troisième bhūmi. Il s’est ainsi rendu de l’Oddiyana (actuel Afghanistan) jusqu’en Inde du Sud où il a répandu les cinq grands traités de manière extrêmement vaste. En particulier, il a enseigné le Sūtra Alankāra, l’Abhisamaya Alankāra et le Madhyā Madhyūnta Vibhanga, qui sont devenus très célèbres de son vivant.



LE TABLEAU HISTORIQUE

© KTL, GADRI (Groupement Artistique de Développement et Recherche Interdisciplinaire)

Le tableau (dimensions originales 2,5 m x 1,5 m) a été réalisé au sein des ateliers de l’école Gadri Art, école française fondée en 1998. Le maître de peinture Denzhong Norbu a transmis aux élèves des ateliers le style de peinture Karma Gadri dont la création remonte au xvie siècle. Le style très précis de l’école Karma Gadri, remarquable par son traitement de la lumière, de l’espace et de la transparence, se rapproche du style chinois de l’époque Ming dans la représentation des arbres et des paysages. Les proportions des divinités s’inspirent complètement de la statuaire du Cachemire et la représentation des personnages, purement tibétaine, ne suit aucune règle de perspective.

Ce tableau fait partie d’une série traditionnelle des huit grands maîtres indiens du Mahāyāna, courant dont Nāgārjuna et Asanga sont présentés comme les initiateurs.

La scène illustre Asanga soumettant un contradicteur lors des joutes oratoires qui animaient les débats philosophiques de l’époque. Le contradicteur est représenté par un personnage de petite taille s’inclinant devant son nouveau maître. On distingue également Maitreya venant de Tushita apporter à Asanga les cinq traités.

Derrière Asanga, au creux des rochers, se trouve la grotte qui abrita ses années de retraite.

La réalisation d’une telle œuvre, du dessin à la mise en place des pigments, a nécessité des mois de travail car la technique de peinture repose sur l’application d’une multitude de couches transparentes, faites de juxtaposition de très petits points, créant ainsi des dégradés et des transparences qui font l’excellence de ce style.



Renseignements et formations Gadri Art auprès de lama Kunkyab : gadri.art@gmail.com



Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°1 (Hiver 2016)


 


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