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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Qui était Ayya Khema ?

Une adaptation des biographies de Jeanne Schut et amaravati.org.

Photos d’Ayya Khema ©Avec l’aimable autorisation d’Ayya Khema Buddha-Haus / Jhana Verlag, Allemagne


Ayya Khema et le stupa à Buddha-Haus (Allemagne)

Au xxe siècle, Ayya Khema a été la première femme monastique theravada à devenir une enseignante bouddhiste de renommée internationale et membre du tout premier groupe de nonnes theravada à recevoir l’ordination de bhikkhuni.


Ilse Kussel avec ses parents, en exil à Shanghai (Chine, 1942)

Née à Berlin en 1923, la petite Ilse Kussel quitte l’Allemagne nazie en 1938 avec deux cents autres enfants juifs pour Glasgow, en Écosse, tandis que ses parents partent pour la Chine. Deux ans plus tard, elle les rejoint à Shanghai mais en 1943 sa famille est enfermée avec dix-huit mille autres Juifs dans un camp de prisonniers de guerre japonais. C’est là que son père meurt, peu avant la libération du camp par les troupes américaines. Ce n’est que quatre ans plus tard qu’elle et le reste de sa famille peuvent enfin émigrer aux États-Unis. Elle devient citoyenne américaine, se marie et mène la vie d’une femme au foyer entre son mari et ses deux enfants. Cependant, elle a le sentiment que quelque chose d’essentiel lui manque. C’est le début d’une longue quête qui la mènera en Amérique du Sud, au Pakistan, en Inde, et finalement en Australie où elle rencontre le bouddhisme theravada auquel elle adhère immédiatement. Elle s’y consacre entièrement et, quelques années plus tard, commence à enseigner elle-même la méditation à travers l’Europe, l’Amérique et l’Australie. En 1979, elle se rend au Sri Lanka où elle reçoit l’ordination de nonne bouddhiste, sous le nom d’Ayya Khema – Ayya se traduit par « sœur », tandis que Khema signifie en pali « sérénité, équanimité ».

En 1978, elle établit en Australie, près de Sydney, Wat Buddha Dhamma, un monastère de forêt selon la tradition theravada. À Colombo (Sri Lanka), elle fonde le Centre international des femmes bouddhistes, un centre de formation pour nonnes, ainsi que l’Île des nonnes de Parappuduwa, où les femmes peuvent s’initier à la vie religieuse. Elle rencontre un vieux maître de méditation qui lui confirme qu’elle peut et doit enseigner en Occident, non seulement la pratique de vipassana – ou « vision pénétrante » –, mais également les jhana, c’est-à-dire les états de profonde absorption méditative tels que pratiqués et enseignés par le Bouddha mais souvent tombés dans l’oubli.

Ayya Khema avec son premier professeur, Phra Khantipalo, à Wat Buddha Dhamma (Australie, 1980)

À cette époque, le fondateur et protecteur du Centre de méditation de Parappuduwa succombe à la guérilla tamoule. L’insécurité interdisant le développement du Centre et la venue de nouvelles postulantes occidentales, Ayya Khema décide d’accepter l’invitation de ses étudiants allemands et retourne dans son pays d’origine où elle crée, en 1989, un nouveau centre de méditation : le Buddha-Haus.

Consciente des difficultés que rencontrent les femmes qui veulent devenir nonnes bouddhistes, elle organise en 1987 la première conférence internationale de nonnes bouddhistes, qui entraînera la création de Sakyadhita, organisation mondiale de femmes bouddhistes. Sa Sainteté le Dalaï-Lama prononce le discours d’ouverture de la conférence. En mai 1987, en tant que conférencière invitée, elle est la première bouddhiste à prendre la parole aux Nations unies, à New York. En 1988, elle reçoit, par le biais de la tradition chinoise du Mahayana, l’ordination complète (Fo Guang Shan Hsi Lai Temple).

Après avoir vécu, pratiqué et enseigné avec un cancer du sein pendant quatorze ans, Ayya Khema est décédée le 2 novembre 1997, à Buddha-Haus, à l’âge de 74 ans. Elle a laissé en héritage plus de deux douzaines de livres sur la méditation et l’enseignement du Bouddha, en anglais et en allemand, ainsi que de nombreux étudiants dévoués, tant monastiques que non monastiques. Ses élèves sont également devenues d’éminentes enseignantes, dont plusieurs de la nouvelle génération de bhikkhuni theravada particulièrement novatrices.



Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistesn°22 (Été 2022)

Traduction : Sagesses Bouddhistes Le Mag

 





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